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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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et la poursuite résonnaient encore au
loin. Le champ était désert, à l’exception de quelques groupes de
cavaliers fourbus qui s’en revenaient en poussant des prisonniers
devant eux. Les archers étaient éparpillés dans toute la plaine,
fouillant les fontes des selles, rassemblant les armures de ceux
qui étaient tombés ou recherchant des flèches.
    Mais soudain, alors que le prince se tournait
vers le buisson qu’il avait choisi pour marquer son quartier, de
derrière ce même buisson s’éleva une clameur qui saluait un groupe
de chevaliers et d’écuyers s’avançant vers lui, discutant, jurant
et sacrant à tue-tête, les uns en anglais, les autres en français.
Au milieu se trouvait un petit homme, revêtu d’une armure bordée
d’or et qui parut faire l’objet de la dispute car les uns voulaient
le tirer d’un côté, et les autres de l’autre, comme s’ils eussent
tenté de l’écarteler.
    – Mes bons seigneurs, tout doux, tout
doux, je vous prie, dit-il. Il y en a assez pour tous. Point n’est
besoin de me traiter aussi rudement.
    Mais le tumulte reprit aussitôt et les épées
étincelèrent tandis que les adversaires se lançaient des regards
furibonds. Les yeux du prince se portèrent sur le petit prisonnier
et il sursauta d’étonnement.
    – Le roi Jean ! s’écria-t-il.
    Un cri de joie s’éleva aussitôt des bouches
des guerriers groupés autour de lui.
    – Le roi de France ! Le roi de
France est prisonnier !
    – Non, mes bons seigneurs, ne lui faites
point entendre que vous vous réjouissez. Il ne faut point qu’une
seule parole puisse apporter le chagrin en son âme.
    Et se précipitant de l’avant, le prince saisit
le roi de France dans ses bras.
    – Soyez le bienvenu, sire ! dit-il.
Quel bonheur pour nous qu’un chevalier aussi ardent veuille bien
rester avec nous pendant quelque temps, puisque la fortune de la
guerre en a décidé ainsi. Holà, du vin ! Apportez du vin pour
le roi !
    Mais Jean était rouge de colère. Son casque
lui avait été brutalement arraché et des ruisselets de sang
coulaient sur ses joues. Ceux qui s’étaient saisis de lui se
tenaient en cercle, le couvant des yeux comme des chiens auxquels
on a enlevé un os. Ils étaient gascons et anglais, chevaliers,
écuyers et archers, se poussant et se bousculant.
    – Je vous serais reconnaissant, noble
prince, de me bien vouloir débarrasser de ces rudes gens ! fit
le roi Jean. En vérité, ils m’ont blessé. Par saint Denis, je crois
bien que j’ai le bras démis !
    – Et que voulez-vous donc ? demanda
le prince, en se tournant d’un air furieux vers le groupe bruyant
de ses hommes.
    – Nous l’avons capturé, noble
seigneur ! Il est à nous ! crièrent une vingtaine de
voix.
    Et tous aussitôt se rapprochèrent comme une
bande de loups affamés.
    – C’est moi qui l’ai pris,
seigneur !
    – Non, c’est moi !
    – Tu mens, maraud, c’est moi !
    Et une nouvelle fois, les yeux brillèrent et
des mains rouges de sang fouillèrent pour saisir la poignée d’une
arme.
    – Non, non, cette question doit être
réglée sur-le-champ ! fit le prince. Je vous supplie de
prendre patience pendant quelques minutes, très noble et très
honoré seigneur, car il pourrait naître beaucoup de mal d’une
pareille dissension… Mais quel est ce grand chevalier qui ne peut
détacher la main de l’épaule du roi ?
    – C’est Denys de Morbecque, monseigneur,
chevalier de Saint-Omer, qui est à notre service puisqu’il est
proscrit en France.
    – Oui, je me souviens de lui. Alors, sir
Denys ? Qu’avez-vous à raconter ?
    – Il s’est rendu à moi, noble seigneur.
Il était tombé dans la mêlée, je suis venu vers lui et m’en suis
saisi. Je lui ai dit que j’étais un chevalier d’Artois et il m’a
donné son gant. Le voici, dans ma main.
    – C’est la vérité, seigneur, c’est la
vérité, crièrent une douzaine de Français.
    – Non, seigneur, ne jugez point trop
vite, s’écria un écuyer anglais en faisant un pas en avant. C’est
moi qui le tenais à ma merci et il est mon prisonnier. Il n’a parlé
à cet homme que parce qu’il pouvait lui dire dans sa propre langue
qu’il était un concitoyen. C’est moi qui l’ai pris et voici de quoi
le prouver.
    – C’est vrai, noble seigneur ! Nous
l’avons vu ! Il en a été ainsi ! fit un chœur
d’Anglais.
    Et à chaque fois, il y avait des grondements
entre les Anglais et leurs alliés de

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