Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
Vom Netzwerk:
un bec de héron, ce dernier samedi,
Révérend Père, et c’est Mary qui l’a soignée.
    – J’espère, mon fils, que vous aviez
entendu la messe avant que de vous tourner vers les plaisirs
terrestres le jour du Seigneur ?
    – Tut, tut, fit le vieux chevalier en
riant. Dois-je donc me confesser alors que je suis assis à ma
table ? Je puis très bien adorer le Seigneur dans Son œuvre,
dans les bois et les champs, et mieux même qu’au milieu d’un
enchevêtrement de bois et de pierres. Mais il me souvient d’un
charme que m’enseigna l’oiseleur de Gaston de Foix pour soigner un
faucon blessé. Qu’était-ce donc, déjà ? « Le lion de la
tribu de Juda, racine de David, a vaincu. » Oui, ce sont bien
les mots qu’il faut réciter par trois fois en tournant autour du
perchoir sur lequel se trouve l’oiseau.
    Le vieux prêtre secoua la tête.
    – Non, non, ces charmes ne sont que
stratagèmes diaboliques. L’Église ne leur accorde aucun crédit, car
ils sont sans valeur. Mais où en êtes-vous donc de votre
tapisserie, lady Mary ? La dernière fois que je me trouvai
sous ce toit, vous aviez à moitié terminé en cinq tons l’histoire
d’Ariane et de Thésée.
    – Elle est toujours inachevée, mon
Révérend Père.
    – Et pourquoi, ma fille ? Avez-vous
donc tant de choses à faire ?
    – Non, mon Révérend Père, mais ses
pensées sont ailleurs, répondit Sir John. Elle reste parfois assise
durant une heure entière l’aiguille à la main et l’esprit à mille
lieues de Cosford House. Depuis la grande bataille du prince…
    – Mon père, je vous prie…
    – Non, Mary, personne ne nous peut
entendre, à l’exception de votre confesseur, le bon père Matthew.
Depuis la bataille du prince, dis-je, quand nous avons appris que
le jeune Nigel y avait gagné tant d’honneur, elle semble avoir
perdu l’esprit, et reste assise… tout comme vous la voyez
maintenant.
    Une lueur ardente parut dans les yeux de Mary
dont le regard se fixa sur la sombre fenêtre lavée par la pluie. On
eût dit un visage sculpté dans l’ivoire, les lèvres exsangues et
serrées, sur lesquelles se porta le regard du prêtre.
    – Qu’y a-t-il, ma fille ? Que
voyez-vous ?
    – Je ne vois rien, mon Père.
    – Qu’est-ce donc alors qui vous
trouble ?
    – J’entends, mon Père.
    – Et qu’entendez-vous ?
    – Des cavaliers sur la route.
    Le vieux chevalier se mit à rire :
    – C’est toujours ainsi, mon Père.
Pourriez-vous me dire s’il s’écoule un seul jour qu’une centaine de
cavaliers ne passent devant notre porte ? Et, à chaque fois,
son cœur se met à trembler. Ma Mary a toujours été si forte et
résolue, et maintenant, le moindre bruit lui bouleverse l’âme. Non,
ma fille, je t’en prie !
    Elle s’était à demi dressée sur son siège, les
mains serrées et ses sombres yeux toujours fixés sur la
fenêtre.
    – Je les entends, mon père ! Je les
entends dans la pluie et le vent… Oui, oui, ils tournent… Ils ont
tourné… Ils sont devant l’huis !
    – Par saint Hubert, ma fille a
raison ! s’écria le vieux Sir John, en abattant son gros poing
sur la table. Holà, varlets, allez dans la cour ! Remettez
dans l’âtre le vin chaud et épicé. Des voyageurs se trouvent à
notre porte et ce n’est point une nuit pour faire attendre un chien
dehors. Vite, Hannekin ! Plus vite, te dis-je, ou je vais te
dérouiller les jambes avec ce gourdin !
    Ils pouvaient entendre clairement le
piétinement des chevaux. Mary s’était levée, tremblante comme une
feuille. Il y eut un pas décidé, la porte s’ouvrit brusquement et
Nigel parut, dégoulinant de pluie, les joues rougies par le vent,
les yeux brillants de tendresse et d’amour. Mary, qui voyait les
flammes des torches se mettre à danser, sentit quelque chose qui
l’étreignait à la gorge. Mais son esprit se souleva et se renforça
en songeant que d’autres pourraient voir ce Saint des Saints de son
âme. Il y a chez la femme un héroïsme que ne peut égaler le courage
d’aucun homme. Ses yeux seuls transmirent à Nigel ce qu’elle
pensait lorsqu’elle lui tendit la main.
    – Soyez le bienvenu, Nigel, dit-elle.
    Il s’inclina et lui baisa la main.
    – Sainte Catherine m’a ramené,
fit-il.
    Et ce fut un bien joyeux festin que celui qui
eut lieu à Cosford Manor, ce soir-là, avec Nigel au haut de la
table, entouré du jovial chevalier et de Lady Mary, cependant que,
à l’autre

Weitere Kostenlose Bücher