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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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lui.
    — Tu dois obéir à Dionysos, a-t-il répété.
    Apollonia s’est approchée du légat dont le visage portait les traces des griffures qu’elle lui avait infligées.
    — Si tu trompes Spartacus, lui a-t-elle dit, si tu trahis ton serment, si tu nous livres, alors je te hanterai et les dieux persécuteront tes descendants jusqu’à ce que plus un seul ne vive.
     
    Peu après, alors que la neige s’était remise à tomber, nous nous sommes glissés entre les feux qu’avaient allumés les esclaves. Nous avons atteint le fossé et la palissade.
    Spartacus a enlacé Apollonia, puis il nous a serrés l’un après l’autre contre lui.
    — Que ma vie, notre révolte entrent dans un livre comme il en a été de la vie du peuple juif et de celle du peuple grec, a-t-il dit.
    — Cela sera, ai-je répondu.
    Et cette certitude était en moi aussi claire que je crois au Dieu l’Unique.
     
    Fuscus Salinator s’est fait reconnaître des sentinelles romaines, et, avec leur aide, alors que l’averse de neige redoublait, nous avons réussi à franchir le fossé et la palissade.
    Le légat nous a confiés à ses soldats et nous avons quitté sous leur garde la presqu’île de Bruttium cependant que lui-même se rendait auprès du proconsul Licinius Crassus.
     
    Après plusieurs jours de marche, j’ai vu s’élever à l’horizon le cône immense et gris du Vésuve se détachant sur un ciel qui, pour la première fois depuis notre séparation d’avec Spartacus, était d’un bleu vif.
    La campagne était paisible, encore ensommeillée dans l’hiver.
    Entre les arbres des vergers et dans les champs, on apercevait les silhouettes d’esclaves courbées vers la terre.
    L’ordre était revenu. Les animaux parlants avaient repris leur place.
    Lorsque nous arrivâmes à Capoue, où le légat Fuscus Salinator possédait un domaine, nous vîmes la foule se diriger, bruyante et gaie, vers les arènes où le laniste Lentulus Balatius, ainsi que le répétaient les hérauts, offrait au peuple, pour célébrer les victoires du proconsul Crassus, des combats de quarante paires de gladiateurs dont les survivants devraient affronter les fauves de Libye.
    Je n’ai pas regardé Posidionos le Grec ni Apollonia. J’ai baissé la tête.
    Était-il possible que Spartacus eût déjà succombé ?
    Je n’ai su que plus tard qu’il n’en avait rien été, et Curius, l’un des rares survivants de notre grand troupeau, m’a fait le récit des ultimes combats du Thrace.
    J’ai également été témoin du châtiment que le proconsul Crassus avait décidé d’infliger à ses esclaves vaincus et prisonniers.
    « Ceux dont on se souvient ne meurent pas », avait dit Spartacus.
    J’ai donc écrit à Capoue, non loin du ludus dont nous nous étions enfuis, le récit des ultimes combats de la guerre qu’il avait menée.

 
     
57
    — J’étais décidé à tuer Spartacus, m’a confié Curius, que j’avais accueilli et caché dans la villa du légat Fuscus Salinator, à Capoue.
    Il craignait d’être reconnu s’il s’était aventuré dans les rues de la ville où l’homme puissant était encore ce laniste, Lentulus Balatius, dont Curius avait été le maître d’armes au sein du ludus des gladiateurs.
    Il restait donc enfermé dans une cahute où les esclaves remisaient leurs outils et qui était située au fond du domaine, à demi dissimulée par les haies, les buissons et les broussailles.
    J’allais l’y retrouver la nuit et il me racontait ce qui s’était passé après notre départ du camp des esclaves sur les monts Silas, dans la presqu’île du Bruttium.
     
    — Je vous ai vus vous diriger en compagnie du légat vers le fossé et la palissade, et j’ai cru que Spartacus nous abandonnait, qu’il allait traiter avec les Romains, nous livrer à leur vengeance en échange de la vie sauve pour lui et ses proches, dont je n’étais pas.
    La colère et la rage m’ont alors aveuglé et je vous ai suivis, puis, assistant à vos adieux, j’ai compris que Spartacus resterait parmi nous. Mais pourquoi organisait-il votre fuite et celle du légat ?
    J’ai bondi, l’ai menacé de mon glaive pointé sur sa poitrine. Il semblait ne pas me craindre. Et cette attitude m’a désarmé.
    Du bras il m’a enveloppé l’épaule.
    — Curius, a-t-il commencé, ces trois-là ne sont ni des soldats ni des gladiateurs. Ils ne combattront pas. Il n’y a plus de place parmi nous pour ceux qui ne savent pas ou ne veulent

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