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Sur le quai

Titel: Sur le quai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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caressait
l’idée de briguer un mandat de député ou de s’investir plus avant
dans la vie du canton pour – pourquoi pas ? – parvenir au
saint des saints de la vie parlementaire, le Sénat.
    Après la notoriété et la célébrité, il souhaitait la
notabilité.
    Il en oublia quelques instants cette histoire de coups de fil
anonymes. Quand le téléphone sonna.
    Mais c’était Nathalie.
    – Ça va, papa ? T’as passé une bonne nuit ?
    Pourquoi lui demandait-elle ça ? Mais il était si heureux
de l’entendre qu’il fit l’impasse.
    – Bien sûr, ma chérie, répondit-il tendrement. Tu as
quelque chose à me dire ?
    – Non, je t’appelais juste comme ça. Je ne sais pas pourquoi,
mais je m’inquiète un peu pour toi en ce moment. Je ne te trouve
pas dans ton assiette.
    – Je t’assure, tout va bien. À propos, nous passons le week-end
à D… Tu pourrais nous y rejoindre, non ?
    Il sentit une hésitation dans la voix de sa fille.
    – Je verrai. J’ai beaucoup de travail en ce moment.
    Quand elle eut raccroché, il se sentit déçu.
    Depuis un an, elle l’appelait régulièrement, mais il ne la
voyait guère.
    Il se traita d’égoïste. La pauvre, elle avait du mal à guérir de
sa déception amoureuse. C’était sûrement ça.
    Ses nouvelles fonctions de substitut du procureur l’accaparaient
également beaucoup trop.
    Peut-être se noyait-elle dans le travail pour oublier.
    Il devait lui parler.
     
     
     
     
     
     
    15
     
     
     
     
     
    Il s’était à peine installé à son bureau de la mairie de D… que
la secrétaire lui passa un appel soi-disant urgent. Alors qu’on
était samedi après-midi et qu’il était seul dans la mairie avec la
secrétaire et le premier adjoint.
    – J’espère que tu as passé une bonne nuit, dit la voix.
Profite de ton week-end. Tout condamné a droit à un répit avant
l’exécution de la sentence.
    Clic.
    Il resta cloué dans son fauteuil. Manqua d’air.
    Il porta la main à son col pour desserrer sa cravate.
Machinalement.
    Il n’en portait jamais quand il était à la mairie.
    Pour faire simple et proche de ceux « d’en bas ». La
nouvelle ligne.
    – Ça va, Alex ? s’enquit son premier adjoint. Tu es
tout pâle. Une mauvaise nouvelle ?
    Il se ressaisit et recomposa son masque.
    – Non, ce n’est rien. J’ai mal dormi et je suis surchargé
de boulot à mon cabinet.
    L’adjoint était en train de lui expliquer que le plus urgent
était ce dossier sur l’assainissement d’eau, mais qu’il fallait à
tout prix qu’il trouve le temps pendant le week-end de faire un
passage à la maison de retraite. Justement, le dimanche après-midi
était idéal. C’est le moment où il y a le plus de visites. Surtout
que les familles s’y montrent plus souvent que de coutume depuis
l’hécatombe de l’été. Elles ont vachement culpabilisé et leurs
vieux font tout pour les surculpabiliser. Tu peux leur faire
confiance, ils ont les médias de leur côté ! Alors, on est sûr
d’engranger un double bénéfice politique.
    – Mais j’y suis déjà allé pour le repas de Noël et pour les
Rois la semaine dernière…, protesta Alexandre Caillard.
    – Oui, mais le pédé socialo aussi. Alors il faut que tu te
démarques en en faisant plus que lui. Enfin, c’est ce que je te
conseille…
    Caillard n’en avait strictement rien à foutre.
    Son seul problème, c’était ces putains d’appels.
    Et comment, d’ailleurs, pouvait-il savoir qu’il était là ?
Il venait à peine d’arriver.
    Qui pouvait le trahir ?
    On n’est jamais trahi que par les siens, dit l’adage.
    Dany ?
    Mais elle était trop conne pour ça. Elle devait d’ailleurs
l’avoir oublié depuis longtemps, son Jean Lestrade.
    Tout comme lui.
    Avant ces putains d’appels.
    Son fils ?
    Il était taré-débile !
    Il leva un regard lourd de suspicion vers son adjoint.
    Trop con ! Efficace, mais con.
    Il l’avait choisi parce qu’il était sûr qu’il ne caresserait
jamais l’idée de lui piquer son fauteuil.
    Il secoua la tête.
    Non. Exclu.
    Alors, l’ex-ministre socialo ? Ce pédé.
    Là, c’était déjà plus solide.
    Mais comment aurait-il pu savoir ?
    Peut-être était-il la cible d’une magouille au sein de la
majorité, tout compte fait.
    Il gambergea quelques minutes sur cette hypothèse tandis que son
adjoint récitait le nouveau catéchisme environnemental sur
l’assainissement d’eau.
    Fait chier, ce con !
    De toute façon, quelle

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