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Sur le quai

Titel: Sur le quai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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plus,
car le type était mort. Proprement. Pas même un bouton de culotte à
mettre dans une boîte.
    Juste le week-end suivant.
    Le « Service » avait fait fissa.
    Faut dire que ça urgeait, car le dossier de Mollar était
solide.
    Mais chacun a son point faible. Ou pratique un hobby
dangereux.
    Lui, Mollar, c’était la voile, son point faible.
    Quelle que soit l’époque de l’année, il filait le week-end à
Trouville pour bichonner son petit voilier de croisière et lui
faire faire des ronds dans l’eau quand le temps le permettait.
    C’était sa résidence secondaire.
    Le Vertueux
qu’il l’avait appelé son voilier, ce
con !
    Alors, quand le rafiot avait explosé dans la nuit de samedi à
dimanche à la veille de Noël, la cause en parut évidente aux
enquêteurs.
    Explosion de gaz à bord.
    Exit
le gêneur.
    Le dossier compromettant avait été récupéré la même nuit dans
son cabinet. Sans laisser la moindre trace d’effraction.
    Mais personne n’avait songé à enquêter plus avant sur son passé
et ses relations.
    Quand la solution d’un problème est évidente, c’est fou ce qu’on
peut être négligent.
    C’est vrai que François Cavalier avait tendance à pécher par
excès d’assurance depuis quelque temps.
    C’est d’ailleurs ce qui avait causé sa perte, pensait Alexandre
Caillard.
    Il se leva pour prendre un annuaire de Paris dans l’intention
d’y chercher un éventuel Mollar.
    À quoi bon ? se dit-il. Il était divorcé depuis plusieurs
années avant de s’évanouir en particules et sa disparition n’avait
pas fait de vagues – si l’on peut dire.
    Faut jamais mourir une veille de fête.
     
     
     
     
     
     
    13
     
     
     
     
     
    Alexandre Caillard se réveilla en sueur, en pleine crise de
tachycardie.
    Le cauchemar avait été horrible.
    Il avait poussé un cri de bête blessée à mort avant de
s’éveiller.
    Il se trouvait sur le quai de la station Saint-Michel aux côtés
de Jean Lestrade et celui-ci le poussait sous la voiture de tête à
l’entrée de la rame.
    Jean Lestrade lui souriait méchamment. Mais il n’avait pas de
visage.
    Juste une tête de mort. Une vraie. Qu’avec les os.
    Jamais ça ne lui était arrivé. Jamais.
    – Eh ben, mon Minou…, fit sa femme en pénétrant dans sa
chambre vêtue de la nuisette rose qu’il trouvait si ridicule. T’as
fais un mauvais cauchemar ?
    Comme s’il pouvait y en avoir de bons !
    – Tu as poussé un cri à réveiller les morts. Ça m’a glacé
les sangs, ajouta-t-elle en frissonnant.
    Il lut de l’inquiétude dans son regard. Ce qui le surprit. Ce
n’était pas son genre.
    – Je vais te chercher un verre d’eau, dit-elle pleine de
sollicitude.
    Quand elle revint, elle cala son oreiller et l’aida à boire.
    – Tu veux que je reste dormir avec toi cette
nuit ?
    Il était en état complet d’hébétude. Il acquiesça.
    – S’il te plaît, se surprit-il à marmonner.
    Elle souleva le drap et vint se lover contre lui.
    – Je vais t’apaiser, mon Minou. Ne t’inquiète pas.
Rendors-toi, je suis là…
    Ce n’était plus arrivé depuis qu’ils faisaient chambre à part.
Depuis près de vingt ans.
    Alexandre Caillard songea fugacement que tout allait de travers
depuis ces foutus appels anonymes.
    Juste comme il se rendormait dans les bras grassouillets de sa
femme.
     
     
     
     
     
     
    14
     
     
     
     
     
    Alexandre Caillard se ressentait encore de son cauchemar de la
nuit lorsqu’il prit son petit déjeuner.
    Dany et son bâtard de fils le regardaient bizarrement. Il se dit
qu’il devait avoir une sale tête.
    Puis Jean fila dans sa chambre sans avoir ouvert la bouche une
seule fois. Comme sa mère, d’ailleurs.
    Tout en pliant sa serviette, il annonça à sa femme son intention
de se rendre en début d’après-midi à D…, le bourg des Yvelines dont
il était le maire.
    – Ça me changera les idées, dit-il, et j’ai trop négligé
mes administrés ces derniers temps. Lundi, j’ai conseil et nous
pourrions y passer le week-end. Qu’en penses-tu ?
    Elle haussa les épaules. Ce pouvait être un acquiescement.
    L’ancien presbytère avec son jardin de curé était son principal
havre de paix.
    Il se reposait pour la bonne marche de la mairie sur son premier
adjoint, mais D… n’était situé qu’à une trentaine de kilomètres de
Paris et il pouvait s’y rendre dans la journée en tant que de
besoin.
    D’ailleurs, depuis la mort de François Cavalier, il

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