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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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verbales.
    — Qu’avait à faire Plisans en l’hôtel de l’ordre de Tiron, surtout à la nuit ?
    — Après y avoir pénétré par une porte très discrète, rappela Céleste. J’avoue mon ignorance.
    M. de Nogaret croisa les bras sur son torse maigre, les sourcils froncés d’incertitude.
    — Sans doute s’agit-il d’une broutille, tenta-t-il de se rassurer.
    — Hum, hum.
    — Vous n’êtes pas en accord ?
    — Mon faible raisonnement de femelle ne saurait rivaliser avec le vôtre, monseigneur.

    Un mince sourire étira les lèvres sèches de Nogaret et Céleste se demanda si elle n’avait pas passé les bornes.
    — Selon vous, ma bonne Céleste, lorsque j’ai reçu votre missive, implorant grâce au nom de notre bien lointaine parentèle, vous ai-je tiré du cachot où vous attendiez la corde par tendresse pour une vague cousine ou parce que je vous savais d’intelligence aiguë, donc de capacité à me bien servir ?
    Elle baissa la tête, demeurant coite.
    — Vous aviez occis un homme, je vous le rappelle.
    — Non, pas un homme. Un maquereau 7 de la pire espèce. Il entendait me frapper à coups de lanières pour me contraindre à soulager un généreux client dévoré par le mal de Cupidon 8 . Je ne partageais pas son avis. Je lui ai donc conseillé d’apaiser lui-même les ardeurs dudit client. Le ton a monté, les coups ont plu. Je me suis défendue à l’aide d’un long coutelas. Et quoi, la belle affaire en vérité ! Ce ne sont pas les apprentis maquereaux qui manquent.
    — Je sais tout cela, rétorqua M. de Nogaret avec un petit geste agacé. J’aurais hésité à tirer de geôle une véritable meurtrière. Votre sentiment, Céleste ?
    Elle émit un petit son de gorge, dont il ne sut dire s’il était d’amusement ou de mépris.
    — Les templiers ne sont pas connus pour frayer avec d’autres ordres, surtout de… si discrète manière. Bah, mais peut-être qu’à force de le fréquenter le mal je finis par le voir partout.
    — Hum… tout comme moi, admit le conseiller du roi d’un ton attristé. Céleste, je veux savoir ce que manigançait… ou plutôt, pour l’instant, faisait Plisans en l’hôtel de Tiron, et je veux Héluise Fauvel.
    — Fichtre, avec tout mon respect, messire, rude mission pour une faible femme. Les chevaliers de l’ordre du Temple n’ont pas réputation de mazettes 9 , bien qu’on les couvre aujourd’hui d’opprobre et d’obscénités.
    — Leur pouvoir s’effrite.
    — Pas leurs lames.
    — Une dérobade ?
    Céleste soupesa sa réponse. M. de Nogaret ne la ferait pas à nouveau jeter dans un cachot. Elle en savait maintenant trop à son sujet et, en madré politique, il n’ignorait pas que ses innombrables ennemis guettaient le moindre faux pas de sa part. Néanmoins, une mauvaise rencontre au soir échu, qui la ferait passer de vie à trépas, n’était jamais à exclure. Elle ne doutait pas que son éminent cousin en fût capable.
    — J’attends ! s’impatienta M. de Nogaret.
    — Je soupèse les énormes difficultés, mon bien respecté cousin. Certes, ma farouche envie de vous plaire et de vous servir m’incite à accepter, toutefois… pas au point de me faire navrer 10 .

    Guillaume de Nogaret ne fut pas dupe. Au fond, il préférait ses tractations avec Céleste La Mouche à bien d’autres. Nulle amitié, nulle affection en cause ici. Il ne s’agissait que d’un échange de bons procédés. Nogaret l’admettait : il en voudrait terriblement à Plisans d’avoir trahi sa confiance, son espoir d’avoir enfin déniché un être digne de confiance. Encore plus étrange : il en venait à se convaincre que la très jolie jeune femme installée en face de lui ne bafouerait pas la parole donnée s’il tenait ses promesses envers elle.
    — Combien ?
    — Quoi, plutôt.
    — Votre pardon ?
    — Mirondan. Je veux recouvrer le manoir de Mirondan et ses terres. Bref, ce dont on m’a dépossédée au décès de mon tendre père au prétexte que j’étais fille n’ayant que quatorze ans.
    — Votre cousin de sang ?
    — Hum… cette verrue de Jacques de Mirondan. Un bon à rien d’autre qu’engrosser sa vilaine peste d’épouse.
    — Son devoir consistait à vous offrir charitable hospitalité.
    — « Hospitalité » dans mon manoir, sur mes terres ? s’indigna-t-elle. (Elle se calma aussitôt et expliqua :) Quoi qu’il en soit, il n’y manqua pas, je le concède. Un radieux futur se

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