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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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phrase, non par prudence mais afin d’attiser la curiosité du conseiller.
    — … Bref, inutile de vous faire dépenser de belles pièces pour mon périple jusqu’à Carcassonne puisque je suis certaine de voir juste.
    — Qu’alliez-vous dire ? Pourquoi cette interruption de phrase ?
    — Vous allez me mal aimer de vous trop bien servir, mon respecté cousin.
    — Au fait, Céleste. Je ne suis pas dupe de votre atermoiement de langue. Vous souhaitiez piquer mon intérêt. Belle réussite. J’attends !
    Un sourire taquin 6 salua sa perspicacité.
    — Voyez-vous, messire, je m’étonne. Me fiant à votre description – et jamais je ne douterai de sa finesse – le chevalier templier Hugues de Plisans m’apparaît de robuste intelligence et de grande subtilité. N’est-il donc pas insolite qu’il ait gobé si volontiers la fable d’Héritier ?
    — Il ne l’a point « gobée », me mettant en garde maintes fois sur les informations de comédie que m’envoyait Héritier et sur sa vilaine nature de traître.
    — À son honneur, monseigneur, admit Céleste.

    L’aigreur de Nogaret envers Céleste s’était apaisée tant il sentait depuis quelques instants qu’elle tergiversait à lui offrir une révélation. Une pointe d’appréhension l’avait remplacée. Les insinuations de Céleste La Mouche visaient à l’évidence Plisans. Certes, Nogaret n’ignorait pas que si l’on gardait une pomme gâtée dans un panier, elle faisait pourrir toutes les autres. Néanmoins, le conseiller était assez honnête pour admettre qu’il craignait d’apprendre de fâcheux détails au sujet du templier. En dépit de son extrême méfiance, inspirée par ses années de pouvoir, il avait formé une sorte d’attachement d’amitié pour le chevalier. L’effrayante solitude à laquelle il se contraignait pour le service au roi l’avait tant éloigné de ses semblables, dont chacun pouvait se révéler intéressé ou parjure, qu’il errait maintenant dans le désert de sa vie. Par crainte des désillusions, voire des chagrins, Nogaret avait peu à peu fait le vide autour de lui. Seul Plisans était parvenu à le convaincre que l’amitié sincère existait pour un conseiller du roi. Un peu libéré de son vertigineux isolement, de la nécessité de peser chaque mot, de l’obligation d’insuffler la peur en l’autre afin de le museler, Guillaume de Nogaret avait toléré la cordialité du chevalier. Apprendre peut-être aujourd’hui, de la bouche de Céleste, que le templier l’avait aussi trahi se révélerait plus douloureux qu’il ne l’aurait supputé. Mais la peur n’évitait pas le danger !
    — Au fait, vous dis-je !
    Elle hésita encore quelques secondes et se lança :
    — Séduite par l’aimable portrait que vous brossiez de lui, d’autant que j’ai cru comprendre qu’il était en plus fort beau représentant de la gent forte…
    — Il s’agit d’un templier, Céleste ! s’indigna le conseiller. L’abstinence de la chair fait partie de sa règle.
    — Pas de la mienne, à l’évidence, ironisa-t-elle.
    — Votre insolence vous vaudra un jour le fouet ou le cachot !
    — Oh, j’ai déjà connu les deux, rétorqua-t-elle d’un ton léger. On n’en meurt pas. La preuve. Or donc, j’ai suivi votre templier, déguisée en femme de bien puisque mon présent accoutrement… ne passe pas inaperçu, précisa-t-elle en soulevant la laine écarlate de sa cotte. S’ensuivit une longue promenade nocturne le long de la rue Saint-Antoine jusqu’à la rue de Tiron.
    — L’hôtel de Tiron ?
    — Oui-da. Il a dépassé l’entrée principale et a heurté du poing une petite porte basse, située à quelques toises. À trois reprises. Le judas s’est entrouvert. J’étais trop loin pour ouïr l’échange. Puis, on l’a fait pénétrer.
    — Combien de temps y est-il resté ?
    — Je ne sais. Une averse glaciale m’avait trempée jusqu’aux os. Je suis partie.
    — Une erreur !
    — J’implore humblement votre pardon. C’est que, monseigneur, j’ignorais que les allées et venues de M. de Plisans vous préoccupaient, telle n’était pas la mission que vous m’aviez indiquée, puisque je devais rejoindre Héritier à Carcassonne.
    Une façon détournée de rappeler à Nogaret qu’un peu plus tôt, il l’avait vivement admonestée pour lui avoir désobéi. Cependant, M. de Nogaret était bien trop intrigué pour perdre son temps en joutes

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