Thorn le prédateur
Contentons-nous simplement de dire pour l’instant que je
travaillais, priais et m’instruisais au couvent depuis de nombreuses semaines
déjà, lorsque je fus accostée, par une chaude journée de la fin de l’automne,
par l’équivalent de Frère Pierre dans ce couvent.
Cette fois cependant, ce n’est pas un ventripotent moine
burgonde qui glissa une main sous l’arrière de ma robe et commença à me
caresser les fesses, tout en faisant une douce remarque sur la beauté
particulière de mes traits. Sœur Deidamia avait beau être burgonde, elle aussi,
c’était une jolie et attirante jeune nonne, âgée de quelques années de plus que
moi tout au plus, que je n’avais jusque-là admirée que de loin. Je ne me
formalisai nullement lorsque, tandis qu’elle me caressait, Deidamia laissa
comme par inadvertance tramer sa main un peu plus bas, où un doigt délicat
glissa dans l’oblongue ouverture naguère utilisée par Pierre. Et tout comme
lui, elle s’exclama ravie :
— Oo-ooh, serais-tu en manque d’affection, petite
sœur ? Tu es toute chaude, humide et comme palpitante d’impatience, de ce
côté-là.
Nous nous trouvions à l’étable du couvent, où je venais de
rentrer du pré les quatre vaches pour les traire, et Sœur Deidamia transportait
un seau à lait. Je ne cherchai pas à savoir si on l’avait envoyée là pour m’aider
à la traite, car elle semblait ne s’être munie du seau que pour justifier sa
visite, bonne occasion pour m’accoster en privé.
Elle s’était à présent tranquillement postée devant moi et
esquissa non sans hésitation le geste de soulever l’avant de ma robe en me
disant, comme si elle m’en demandait la permission :
— Je n’ai jamais vu une autre femme entièrement nue…
Je répondis, d’une voix légèrement enrouée :
— Moi non plus.
Avec une feinte coquetterie, elle glissa, relevant
imperceptiblement mon vêtement :
— Tu me montres, toi d’abord.
J’ai expliqué l’effet déconcertant qu’avaient pu provoquer
chez moi les attentions de Frère Pierre. Vous n’en serez pas surpris, la
délicate pression intime de la main de Deidamia n’avait pas tardé à produire le
même effet d’engorgement et d’érection, et je me sentais légèrement
embarrassée, bien que ne sachant pas exactement pourquoi, de lui laisser s’en
rendre compte de visu. Mais avant que j’aie eu le temps d’objecter quoi
que ce soit, elle souleva entièrement mon vêtement.
— Gudisks Himins ! souffla-t-elle, tandis
que ses yeux s’agrandissaient.
Ce qui signifie dans la Vieille Langue : « Juste
ciel ! » Et je me dis que j’avais eu raison d’être réticente à me
laisser ainsi découvrir, à voir la façon dont je semblais avoir choqué la jeune
fille. C’était bien le cas en effet, mais pour une raison dont j’étais loin de
me douter.
— Oh, vái ! J’ai toujours pensé qu’il me
manquait quelque chose en tant que femme. C’est sûr, à présent.
— Pardon ? fis-je, désorientée.
— J’avais espéré que nous pourrions… toi et moi… nous
faire plaisir comme j’ai vu Sœur Agnès et Sœur Thaïs le faire ensemble. La
nuit, je veux dire. Je les ai espionnées. Elles s’embrassent sur les lèvres,
font courir leurs mains sur leurs corps, et elles gémissent, rient et
sanglotent comme si elles se procuraient une joie immense. Je me suis longtemps
demandé ce qui pouvait leur procurer ce plaisir. Mais je n’ai jamais pu voir.
Elles ne se déshabillent jamais entièrement.
— Sœur Thaïs est bien plus jolie que moi, essayai-je
d’articuler, en dépit de ma gorge nouée. Pourquoi n’as-tu pas essayé de
l’approcher elle, plutôt que moi ?
Je faisais tout mon possible pour tenter de récupérer mon
empire sur moi-même, mais c’était difficile. Deidamia maintenait ma robe soulevée,
et me dévorait des yeux. L’air ambiant rafraîchissait ma peau nue, mais je
sentais la chaleur se concentrer à l’endroit qu’elle regardait fixement.
— Oh, vái ! s’exclama-t-elle de nouveau. Me
permettre cette impudence vis-à-vis de Sœur Thaïs ? Non, c’est impossible…
Elle est plus âgée… et a reçu l’autorisation de porter le voile… alors que je
ne suis encore pour ma part qu’une novice inexpérimentée. En tout cas,
maintenant que je te vois, je comprends mieux ce qu’elles doivent faire la
nuit, elle et Sœur Agnès. Si toutes les femmes sont dotées de
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