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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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raison objective de mettre
en doute l’assertion selon laquelle je venais d’être initié à une nouvelle
façon de prendre la Sainte Communion, aussi fus-je quelque peu troublé
lorsqu’il m’enjoignit de garder la chose secrète.
    — Fais bien attention, dit-il d’un ton sévère, dès
qu’il eut retrouvé son souffle, essuyé son tube redevenu aussi flasque qu’à
l’ordinaire, et réarrangé sa robe de manière plus décente. Mon garçon – je
continuerai à t’appeler ainsi –, tu t’es procuré par des moyens frauduleux
une place bien douillette parmi les moines d’ici, à Saint-Damien. Je suppose
que tu souhaites conserver cette situation… ignorée de tous, et que tu n’as pas
envie d’être renvoyé.
    Il marqua une pause, et j’acquiesçai de la tête.
    — Très bien. Je garderai donc le silence sur le secret
de ton imposture, à condition… (et il leva alors un index impérieux) que
tu ne dises pas un mot, de ton côté, de nos dévotions privées. Nous
continuerons dorénavant à les pratiquer ensemble, mais jamais elles ne devront
être évoquées en dehors de cette cuisine. Nous sommes bien d’accord, jeune
Thorn ? C’est mon silence contre le tien.
    Je n’avais aucune idée précise de ce que j’étais en train
d’acheter de mon silence et de ma complaisance, mais Frère Pierre parut
satisfait lorsque je lui murmurai que je n’avais jamais discuté avec quiconque
de mes prières personnelles. Et fidèle à ma parole, je ne divulguai à aucun
moine, ni à l’abbé, ce qui se déroulait dans la cuisine deux ou trois fois la
semaine à l’heure de midi, dès que Pierre avait fini de faire cuire la
collation de la mi-journée – notre seul repas chaud quotidien –,
juste avant que lui et moi n’allions porter leur nourriture aux moines assis à
leurs tables.
    Après m’être fait empaler à une ou deux nouvelles reprises,
je cessai de trouver l’opération douloureuse. Et au bout de quelques fois
supplémentaires cela ne m’apparut plus que comme une ennuyeuse corvée, à tout
prendre supportable. Puis vint un temps où nous réalisâmes, Pierre et moi, que
ce dernier n’avait plus besoin de faire usage de la graisse d’oie pour
faciliter son intromission. Il s’exclama la première fois avec délices :
    —  Akh, cette chère petite grotte se lubrifie d’elle-même !
Elle m’invite littéralement !
    Ce fut tout ce qu’il remarqua : que je devenais de
moi-même moite à la simple pensée que j’allais me faire encorner. Je supposai
de mon côté que c’était tout simplement la façon qu’avait trouvée mon corps
d’éviter de trop souffrir du désagrément engendré par la situation. Mais je me
rendis aussi compte que ces dévotions entraînaient chez moi un tout autre
phénomène, qui me donna un nouveau motif de perplexité et d’incrédulité. En
effet, ces « communions » provoquaient désormais chez moi une
excitation du même membre qu’utilisait Frère Pierre, le faisant s’ériger et
durcir comme le sien. Je ressentais en outre une sensation nouvelle : une
sorte d’urgence douloureuse non pas au sens physique du terme, mais une exigence
aussi impérieuse que la faim par exemple, bien qu’il ne s’agisse pas ici de
nourriture.
    Mais Pierre ne se rendit jamais compte de rien. Il
s’acquittait de l’acte de façon immuable, me courbant presque allongé sur la
table à découper, et s’empressant de m’enfourner par l’arrière. Jamais il ne
risqua un œil ni même une main plus loin dans mon intimité, et jamais il ne
découvrit qu’elle pouvait receler autre chose que l’orifice oblong niché entre
mes cuisses. Durant tout un printemps et la quasi-totalité d’un été, je
partageai, disons plutôt que j’endurai, ces dévotions. Lorsqu’à la fin de l’été
en question, nous fûmes surpris en pleine action, Pierre et moi, par l’abbé en
personne.
    Dom Clément déboula sans prévenir dans la cuisine juste
avant l’heure du repas, et tomba sur Pierre à califourchon sur moi, en train de
me pomper allègrement l’arrière-train. Il hurla aussitôt : «  Liufs
Guth ! » , ce qui dans la Vieille Langue signifie « Mon
Dieu », tandis que Pierre se retirait d’un bond. L’abbé gémit dans la
foulée : «  Invisan unsar heiva-gudei ! », qui
voulait dire : « À l’intérieur même de notre sainte
maison ! ». Et sur ces entrefaites, il rugit littéralement :
«  Kalkinassus Sodomiza ! » , termes qui

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