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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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supprimé la mortalité infantile, produisant un allongement des moyennes que l’on confond avec l’allongement de la vie individuelle.
    En 1700, il fallait qu’une femme ait sept ou huit enfants pour qu’en survivent deux ou trois. Aujourd’hui, elle n’a besoin que d’en avoir deux ou trois, car (heureusement) les bébés ne meurent presque plus. La médecine a révolutionné le monde davantage que l’agriculture ou l’industrie. Les médecins, qui sont souvent de grands individualistes (serment d’Hippocrate), n’en ont guère conscience.
    On appelle ce passage d’un état démographique à l’autre la « transition démographique ». Cette transition demande trois ou quatre générations, les femmes ne se rendant pas tout de suite compte que leurs bébés ne meurent plus. Ce décalage explique les « explosions » démographiques. Au xdc c siècle, l’Europe « explosa », déversant sur le monde des dizaines de millions d’émigrants. Elle fit sa « transition » vers 1960.
    L’histoire démographique de la France fut singulière. La « Grande Nation » effectua sa « transition » bien avant les autres pays d’Europe, à cause de – ou grâce à -la « Grande Révolution », qui en bouleversa profondément les mœurs. Aujourd’hui, elle semble vaccinée contre le malthusianisme. Elle continue de faire à peu près le même nombre d’enfants par femme que sous Louis-Philippe. Paradoxalement, son taux de fécondité (1,90 enfant par femme) est bien plus élevé que celui de ses voisins européens (1,30) et proche du taux de remplacement des générations (dans les conditions de la médecine moderne, il faut 2,10 enfants par femme pour remplacer les générations). L’aptitude, longtemps forte, de la France à assimiler l’immigration (comparable à celle des États-Unis) contribua aussi à sa relative bonne santé démographique.
    L’explosion démographique fut ensuite celle du tiers monde. Les femmes du tiers monde ne firent pas davantage d’enfants que leurs grand-mères (comme celles-ci, elles en faisaient sept ou huit). Mais elles n’avaient pas compris que ces enfants (grâce aux dispensaires) ne mourraient plus. L’Algérie musulmane est ainsi passée de 2 millions d’habitants en 1830 à 36 millions actuellement.
    L’explosion démographique est une « tarte à la crème » médiatique. Elle est cependant terminée. Presque partout, la « transition démographique » est en train de s’accomplir ! Nous l’avons dit, les idées se répandent comme les épidémies. Les femmes du tiers monde, depuis l’an 2000, ont « percuté » (comme disent les jeunes). Elles savent qu’il suffit d’avoir trois enfants. Le taux de fécondité de l’Algérie est ainsi, aujourd’hui, comparable à celui de la France. Bien sûr, comme les hommes ressemblent aux arbres, il existe une « inertie démographique ». Les femmes algériennes ont aligné leur comportement sur celui des Françaises, mais les millions d’adolescents nés avant la transition tiennent toujours les murs. On s’apercevra de la transition algérienne dans vingt ans.
    En vérité, l’humanité, qui compte aujourd’hui 6 milliards d’individus, n’est plus menacée d’explosion démographique. Seuls quelques pays continuent de faire beaucoup d’enfants par idéologie ou espoir d’une « revanche des berceaux » (expression inventée pour expliquer comment les 60 000 paysans français abandonnés au Canada ont pu devenir 6 millions) : les Palestiniens, les musulmans et juifs intégristes se revanchent ainsi.
    Dans l’ensemble – vérité méconnue -, l’humanité est menacée non d’explosion, mais d’implosion démographique. Depuis deux générations, la Chine, le Japon et l’Inde tamoule font peu d’enfants. C’est le « vieillissement », euphémisme (notre époque bien-pensante n’aime pas nommer les choses par leur nom) pour désigner la dénatalité.
    Cette dénatalité est effrayante en Russie, où elle correspond probablement à une « démoralisation » consécutive à la chute du communisme. Mais elle concerne aussi tragiquement l’Europe (à l’exception de la France) : l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne n’ont guère plus d’un enfant par femme. À ce niveau, l’Union européenne est menacée de disparition physique.
    L’immigration n’y peut suppléer qu’à la marge. Car il existe une grande différence entre l’« assimilation » des nouveaux

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