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Un caprice de Bonaparte

Un caprice de Bonaparte

Titel: Un caprice de Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stefan Zweig
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ça vaudra ! ( Il s’assied et jette hâtivement quelques mots sur un papier, tout en continuant de parler. ) Et puis un laissez-passer, sa solde entière et des frais de déplacement : pas de privations pour ce brave Fourès. Fini ?
     
    BERTHIER.
     
    Tiens, regarde, un sceau aussi important que celui figurant sur l’acte de mariage de feu le roi ! Je veux dorénavant chevaucher un âne s’il ne prend pas tout ça au sérieux.

     
    BONAPARTE.
     
    Selle tout d’abord celui-ci immédiatement, qu’il embarque sans tarder ! Il ne faut pas lui laisser de temps pour des adieux et des confidences... qui lui permettraient peut-être de flairer la tromperie.
     
    (Un soldat entre et annonce.)
     
    Le lieutenant Fourès !
     
    BONAPARTE.
     
    Sois rapide et énergique : nous avons aujourd’hui des affaires autrement importantes à régler...
     
    (Il disparaît par une porte latérale.)
     
    BERTHIER, va et vient machinalement, comme pour se préparer. Il ouvre la porte, pour laisser entrer Fourès qui se met au garde-à-vous. Berthier sur un ton solennel.
     
    Citoyen lieutenant, j’ai une bonne surprise pour vous ! De nous tous, vous serez le premier à revoir la France !
     
    FOURÈS, le regarde avec étonnement.
     
    BERTHIER.
     
    Le courrier officiel part samedi soir par l’Arethusa pour Marseille. Mais le général désire transmettre au Directoire certaines informations confidentielles. J’insisteparticulièrement sur ce point : confidentielles, si strictement et rigoureusement confidentielles qu’on ne peut faire appel qu’à un officier de valeur et qui sait se taire ! Le général vous a chargé de cette haute mission. Je vous félicite de la distinction qui vous échoit de ce fait.
     
    FOURÈS, tout d’abord stupéfait, se ressaisit et dit :
     
    Il ne peut y en avoir pour moi de plus haute que la confiance du général Bonaparte !
     
    BERTHIER.
     
    Votre premier devoir, donc : discrétion absolue ! Pas un mot et pas un signe, pas de pourquoi et pas de comment, quelle que soit la personne qui puisse vous questionner. Pour votre commandant vous êtes en permission ; aux autorités officielles il vous suffira de présenter votre laissez-passer. Une fois à Paris, remise des documents dont vous serez porteur entre les propres mains de Joseph Bonaparte qui vous donnera des instructions par la suite. J’espère que vous avez bien saisi le caractère de votre mission.
     
    FOURÈS.
     
    Parfaitement !
     
    BERTHIER.
     
    Et maintenant voici le paquet de documents, scellé par le général. Je m’occuperai du reste. Combien de temps vous faut-il pour être prêt ?

     
    FOURÈS, gaiement.
     
    Le temps de rouler ma capote, dix minutes. Et dix autres consacrées à ma femme. Nous autres chasseurs, nous portons la moitié de notre équipement sur le dos.
     
    BERTHIER.
     
    Fourès, je crains que vous n’ayez pas tout à fait saisi le sens de mes paroles. Il s’agit, je vous l’ai dit formellement, d’une mission secrète. D’un secret d’Etat. Donc secret pour tout le monde. Compris ?
     
    FOURÈS, abasourdi, ouvre la bouche toute grande.
     
    Il faut donc... je ne peux donc pas... emmener ma femme ?
     
    BERTHIER.
     
    Pour ma part, je ne connais pas d’armée où l’on parle aux femmes des missions secrètes. Ce serait nouveau, citoyen lieutenant !
     
    FOURÈS, visiblement confus.
     
    Pardonnez-moi, citoyen général, cela m’a échappé presque malgré moi...
     
    BERTHIER.
     
    Bon. L’affaire est réglée. Je vois que vous avez saisi : pas un mot et pas d’adieux ! D’ici à cheval, et du cheval en bateau !

     
    FOURÈS.
     
    A vos ordres, citoyen général.
     
    BERTHIER.
     
    Et vous me donnez votre parole que vous serez à bord samedi soir avec les documents ?
     
    FOURÈS, fermement.
     
    Ma parole d’officier de la République !
     
    BERTHIER.
     
    Le général en chef n’en attendait pas moins de vous ! Je vois que cette fois encore il a su choisir son homme. Bonne chance donc et saluez la patrie de ma part ! Quarante mille Français voudraient ce soir être à votre place ! Bon voyage, citoyen lieutenant !
     
    (Lui tend la main puis retourne à sa table de travail.)
     
    FOURÈS salue et fait demi-tour. Ce n’est qu’en approchant de la porte qu’il hésite, s’arrête et se retourne lentement, puis avec timidité.
     
    Citoyen général, me permettez-vous de dire un mot pour une affaire personnelle ?
     
    BERTHIER.
     
    Mais oui, mon

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