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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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auprès de son père à Bordeaux. Garçon aimable, sentimental et grand lecteur de romans de chevalerie. Neyrac compatit de tout son cœur aux malheurs de Tournemine qui d’ailleurs ne lui en avait appris que ce qu’il jugeait utile. Il jura d’aider son camarade à retrouver sa fiancée, tout au moins dans la mesure de ses moyens.
    Un soir des tout premiers jours du mois d’août, les deux jeunes gens soupaient ensemble au « Juste 1  » où Gilles avait tenu à inviter son camarade qui prenait le lendemain la malle-poste pour Bordeaux et devait coucher à l’hôtel.
    Tout le jour la chaleur avait été aux limites du supportable mais, avec la nuit, un vent léger s’était levé, apportant une bienfaisante fraîcheur dont le chevalier décida de profiter et, en quittant l’hôtel, il se mit en devoir de rentrer chez lui à pied. Son humeur noire s’accommodait depuis quelques soirs de ces lentes promenades au long des rues désertes en respirant l’odeur des jardins fraîchement arrosés et en écoutant la chanson des fontaines. Il n’avait même pas envie de s’enivrer comme il lui était arrivé bien souvent de le faire lorsque sa coupe d’impatience et d’ennui débordait.
    Ce qui lui aurait apporté le plus de soulagement, c’eût été une bonne bagarre mais si, parfois, au cours de ces marches nocturnes, il avait eu l’impression bizarre d’être suivi il n’avait jamais pu en avoir la confirmation. Ce ne pouvait être d’ailleurs que le fruit de son imagination car il ne voyait pas bien qui pouvait s’intéresser d’assez près à ses faits et gestes.
    Il avait fait quelques pas hors du porche du « Juste » lorsqu’il vit surgir devant lui deux femmes étroitement voilées en dépit de la température encore élevée. Il s’écarta pour leur laisser le passage mais aussitôt l’une d’elles s’évanouit dans l’ombre d’une porte tandis que l’autre, posant sa main gantée sur le bras du jeune homme, l’obligeait à s’arrêter et, d’une voix mal assurée, lui demandait de l’accompagner.
    La misogynie toute neuve de Gilles qui, en fait de femmes, ne tolérait plus alors que Mlle Marjon, se réveilla et il marmotta sans trop d’amabilité :
    — Croyez à mes regrets, Madame, mais je suis fort pressé. Je n’ai pas le temps…
    — Un homme de votre aspect, de votre âge et de votre nom a toujours le temps pour une femme… que l’on veut bien dire jolie, fit l’inconnue dont la voix s’était raffermie.
    — C’est selon !…
    — Vous n’êtes guère galant, Monsieur de Tournemine, et je crains que l’on ne m’ait trompée sur vous.
    — Qui est « on » ? Et d’où savez-vous mon nom ?
    Cette fois la femme au voile couleur de nuit se mit à rire.
    — Vous êtes aussi curieux que peu aimable. Alors, c’est dit : vous ne voulez pas m’accompagner ? Nous n’irions pas si loin : rue de l’Orangerie simplement… Prenez que j’ai peur d’errer seule dans les rues la nuit !
    — Vous étiez deux si j’ai bien vu. Qu’avez-vous fait de votre compagne ?
    — Ma compagne est arrivée à destination. Moi, j’habite plus loin…
    À moins de s’installer résolument dans l’attitude d’un goujat, il était impossible de refuser. Et puis la curiosité du jeune homme commençait à s’éveiller. Qui pouvait être cette femme ? Elle le connaissait mais rien dans sa personne ou dans sa voix n’éveillait ses souvenirs. Une chose était certaine : ce n’était pas une des nombreuses prostituées qui cherchaient fortune dans les auberges ou autour des casernes de Versailles : la tournure était élégante, le port de tête avait de la noblesse et la voix était cultivée, distinguée même. Quant au visage il était parfaitement invisible sous l’épais voile sombre qui recouvrait toute la tête.
    S’inclinant courtoisement, Tournemine offrit son bras sur lequel la dame appuya une main légère et l’on se mit en marche en direction des abords du château. On fit quelques pas en silence sous le ciel criblé d’étoiles. La dame dégageait un agréable parfum de roses fraîches.
    — Puisque j’ai accepté de vous suivre, pourquoi n’ôtez-vous pas ce voile ? Vous devez mourir de chaleur…
    — Le temps n’est pas encore venu de l’enlever. En outre, la chaleur, même très forte, ne m’a jamais incommodée.
    Pour mieux l’en persuader, elle se rapprocha de lui au point de s’appuyer à son épaule avec un abandon plein de

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