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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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promesses.
    — À quoi rime cette comédie ? fit-il avec irritation. Que voulez-vous de moi, à la fin ?
    — Profiter avec vous de cette nuit si belle… et vous plaire, si je puis !…
    — Je n’en vaux pas la peine. Et puis, c’est difficile : on ne me plaît plus !
    — Vous êtes bien jeune pour être déjà blasé ! N’aimez-vous pas les femmes ?
    — J’aime une femme et elle vaut toutes les autres ! Je ne veux et ne désire qu’elle !
    — Elle a de la chance. Mais il ne faut pas dire : fontaine je ne boirai pas de ton eau ! Je n’ai pas encore renoncé à vous plaire, moi ! Nous arrivons, d’ailleurs…
    Elle s’arrêtait devant une maison dont la modestie ne correspondait guère à l’élégance de sa tournure et de sa mise. Gilles s’écarta :
    — Alors, ma mission est remplie. Vous voici chez vous… et il me reste à vous saluer, Madame.
    — Ceci n’est pas ma maison et vous ne me quitterez pas si vite. N’avez-vous aucune envie de voir mon visage ?
    — Saurai-je qui vous êtes ?
    — Peut-être… si vous me donnez votre parole d’honneur la plus sacrée que vous ne parlerez jamais de cette aventure quand mes traits vous seront connus.
    — Est-ce donc une aventure ?
    — Pourquoi non ? Vous me plaisez, je vous plairai peut-être… Faites-vous fi des amours de rencontre ? Vous seriez bien le seul de toute l’armée !…
    — Je n’ai pas dit cela. Mais vous ne ressemblez pas à ces femmes qui font métier des amours de rencontre…
    — Qui a dit que j’en faisais métier ? Disons qu’il s’agit d’un passe-temps. Venez-vous ?…
    Elle frappa plusieurs coups rapides à la porte qui s’ouvrit presque aussitôt sur une servante armée d’une chandelle qui, sans un mot, les précéda dans un escalier de bois dépourvu de tapis dont les marches criaient à chaque pas. Les habituelles gravures représentant le Roi et la Reine décoraient des murs qui auraient eu besoin d’une peinture neuve.
    La servante, muette, poussa devant le couple la porte d’une chambre blanchie à la chaux dont le principal, et presque le seul meuble, était un large lit abrité sous des rideaux d’indienne à fleurs. Ce lit, tout ouvert, montrait des draps propres De même, sur la table de chevet, un chandelier à trois branches brûlait auprès d’un petit plateau supportant deux verres et une bouteille dans un rafraîchissoir comme si les visiteurs étaient attendus.
    Le regard froid du chevalier fit le tour de la pièce, notant au passage chacun de ces détails, et revint se poser sur sa compagne qui semblait avoir fait entrer dans la chambre un petit morceau de la nuit, car sa robe et les voiles qui l’enveloppaient étaient de la couleur exacte du ciel à cette heure. Quant aux étoiles, les yeux qui étincelaient dans les profondeurs des légers tissus pouvaient les remplacer assez bien. Mais sans chercher à découvrir son visage, Gilles alla jusqu’à la fenêtre dont il souleva un instant le rideau pour regarder la rue déserte.
    — Vous venez souvent ici ? fit-il d’un ton indifférent.
    — Si votre vanité peut y trouver son compte… non, pas très souvent ! Eh bien, chevalier, allez-vous à présent me tourner le dos ? Avez-vous peur de me regarder ?
    — Nullement !
    Il se retourna, vit qu’elle avait rejeté son voile et la considéra un instant en silence. La femme qu’il découvrait lui était totalement inconnue mais elle n’appartenait certainement pas au commun. Même, par certains côtés elle rappelait un peu Cayetana. Très jeune, vingt-cinq ou vingt-six ans peut-être, l’inconnue possédait elle aussi des yeux noirs, un teint éblouissant et une beauté étrange qui ne pouvait guère laisser indifférent qu’un aveugle. Mais la duchesse d’Albe n’avait pas ce petit nez insolent, typiquement français, cette bouche moqueuse ni, dans les yeux, cette lueur espiègle. Pas plus que ces épais cheveux blond cendré.
    Pour le reste, la dame au voile bleu offrait une taille très mince mais une gorge généreuse que le large décolleté carré de sa robe découvrait jusqu’à la pointe des seins.
    L’examen silencieux du jeune homme parut l’impatienter.
    — Eh bien ? Que pensez-vous de votre conquête ? Est-ce qu’elle vous fait honneur ?
    — Vous êtes extrêmement belle, Madame ! C’est sans doute à cause de cela que j’ai peine à croire à ma chance : vous êtes une conquête trop flatteuse !
    — Vous n’y

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