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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pas ?
    Elle s’éloigna de lui tandis qu’il achevait de boire, alla se poser devant une glace ronde appliquée contre le mur du fond et se mit à examiner son visage avec une gravité comique.
    — Eh bien, mais que fais-tu ? Reviens !
    — Un petit moment. J’ai quelque chose qui me fait mal là au coin de la lèvre. J’ai dû me griffer…
    — Quelle importance ! Tu n’en seras pas moins belle.
    En reposant le verre qu’il venait de vider, il s’aperçut que celui de la jeune femme était toujours plein.
    — Mais… tu n’as pas bu ? Je croyais que tu mourais de soif !
    Elle s’étira comme une chatte dans la lumière jaune des bougies. L’ombre étirée de son corps monta jusqu’au plafond.
    — Eh bien non, tout compte fait, je n’avais pas si soif !
    — Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Que le caprice est mon maître et qu’il m’arrive souvent de changer d’avis d’une minute à l’autre. Tu sauras cela, à la longue, car tu me plais encore plus que je n’imaginais et j’espère bien te garder longtemps comme amant.
    — Alors, reviens !
    — Tout à l’heure ! Rien ne presse…
    — C’est ce que nous allons voir !
    Il voulut se lever à son tour, la rejoindre et la ramener mais à peine eut-il posé le pied par terre que les murs de la chambre se mirent à tournoyer en même temps qu’une vague nausée montait de son estomac. Ses yeux s’obscurcirent. Ses bras battirent l’air et, sans pouvoir prononcer une parole, il s’abattit comme une masse aux pieds de la belle Anne…
     
    Bien qu’il eût perdu connaissance sur le parquet grossier d’une chambre de hasard et sans le moindre vêtement, Gilles ne s’en retrouva pas moins tout habillé et confortablement étendu sur la courtepointe brodée d’un lit somptueux, quand il reprit l’usage de ses sens. En outre, il faisait grand jour ainsi que l’attestaient les minces flèches brillantes filtrant entre les épais volets de bois peint et doré qui obturaient les hautes fenêtres.
    La chambre dans laquelle il se trouvait était à la fois d’une grande richesse et d’une grande vétusté. Le lit à colonnes datant de Louis XIII était tendu de velours violet galonné d’argent contrastant agréablement avec le damas gris des murs mais ce damas montrait des traces d’usure et d’humidité. Une superbe table d’argent massif supportait un grand miroir assorti, des chandeliers de cristal à pendeloques et une infinité de flacons, de boîtes et de petits pots. Un élégant déshabillé était jeté sur un fauteuil raide dont le velours usé montrait les crins par endroits et, rejoignant la table à coiffer, certain grand bouquet de fleurs fraîches fusant d’un grand vase chinois affirmait que cette chambre était occupée par une femme mais pas très souvent car il y avait de la poussière sur la plupart des objets.
    La tête lourde, Gilles quitta ce lit où il avait été déposé mais dut se retenir à l’une des colonnes pour ne pas tomber. La drogue dont on avait usé pour l’endormir devait être singulièrement puissante car il ne parvenait pas à en chasser les fumées.
    Apercevant une porte ouverte sur ce qui semblait être un cabinet de toilette, il se dirigea de ce côté d’un pas hésitant. La vue d’un grand pot d’eau posé près d’une cuvette de faïence et d’une pile de serviettes lui rendit courage. Il remplit la cuvette puis, ôtant rapidement l’habit de fin drap couleur tabac qu’il portait, il plongea sa tête entière dans l’eau fraîche avec délices, bénissant l’habitude qu’il avait prise de ne jamais faire poudrer ses cheveux, se contentant de la perruque lorsqu’il était en uniforme.
    Après avoir trempé un moment dans sa cuvette, il se frictionna vigoureusement la tête à l’aide d’une serviette et sentit une bienheureuse clarté revenir dans ses idées. Sa chemise était trempée mais il régnait dans cette chambre trop bien fermée une chaleur de four et elle sécherait vite.
    Pour achever de se remettre les idées en place il but trois verres d’eau coup sur coup puis, avec un soupir de soulagement, entreprit de visiter sa prison car il était difficile d’appeler autrement cette pièce très certainement fermée à clef. Par acquit de conscience il s’en assura, alla tâter les volets assujettis par des cadenas, de même que les fenêtres puis, après avoir tenté d’apercevoir les alentours par l’étroite fente qui laissait passer le

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