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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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anneau.
    Le cœur lourd, Gilles alla le rejoindre. Malgré la promesse de Mme Patri, la confiance ne lui revenait pas. Quelque chose lui disait que Judith ne reparaîtrait pas de sitôt au Luxembourg si elle y revenait jamais. Elle était mêlée à une histoire si sombre ! Et comment savoir quel rôle exact elle y jouait aux mains de cet homme dont il comprenait maintenant que l’on eût envie de le tuer…
    Et Gilles de Tournemine, qui n’avait jamais regretté d’avoir porté secours à son semblable, se mit à regretter de tout son cœur d’avoir, la nuit précédente, tiré ce Cagliostro des mains de ses agresseurs…
    Il n’avait plus qu’à regagner Versailles pour y reprendre le fil monotone de sa vie en espérant seulement un miracle…
    1 .  Jurats de la ville de Bordeaux qui protégeaient alors Cagliostro. Celui-ci habitait l’hôtel du marquis de Canolle.
    2 .  Les archives de France occupent actuellement l’hôtel de Soubise et son complément l’hôtel de Rohan.
    3 .  Actuelle rue Garancière.

CHAPITRE X
    LA FEMME AU VOILE BLEU
    Le baron Ulrich-August von Winkleried zu Winkleried était un homme qui ne gaspillait pas sa sympathie et qui ne distribuait son amitié qu’avec parcimonie. Mais lorsque quelqu’un lui plaisait, il était capable de se couper en mille morceaux pour lui rendre service, lui être utile ou simplement lui simplifier la vie.
    Il avait promis à son nouvel ami Tournemine de lui trouver un logis commode à Versailles et, dès le surlendemain de leur rencontre, le jeune homme emménageait rue de Noailles, au premier étage d’un petit pavillon niché dans un jardin ombreux et situé presque en face de la maison où demeurait le jeune Suisse. L’endroit était charmant. Le jardin, pas trop bien entretenu, abritait sous deux marronniers, trois tilleuls et un bosquet de lilas, un fouillis de fleurs à demi sauvages dont la plus grande partie poussait là par habitude sans que personne, en dehors d’un vieux jardinier sujet aux rhumatismes, se mêlât de leur imposer sa loi.
    Du premier coup d’œil, Gilles aima ce jardin qui lui rappelait un peu celui de sa mère, à Kervignac. C’était exactement l’asile qui convenait à une âme en peine et il était sûr, au moins, d’y trouver le calme et la tranquillité.
    La propriétaire, Mlle Marguerite Marjon, était une aimable demoiselle, contemporaine du feu roi Louis XV et qui d’ailleurs n’avait jamais consenti à admirer, dans sa vie, un autre homme que le défunt Bien-Aimé.
    Elle accueillit son candidat locataire avec grâce, lui fit visiter les quatre pièces claires et fraîchement repeintes qui lui étaient destinées. Les meubles en étaient simples, anciens, de bonne qualité et confortables et l’ensemble aurait laissé supposer qu’il avait été disposé pour accueillir une dame plutôt qu’un jeune officier si une tenace odeur de tabac n’y régnait en maîtresse.
    — Je reconnais volontiers que j’eusse aimé accueillir une personne ayant un peu les mêmes goûts et le même âge que moi, soupira la propriétaire, mais, bien que les peintures aient été refaites, il a été impossible d’enlever cette odeur. Aussi, bien que le prix de location soit, je crois, raisonnable, je n’ai pu décider aucune dame ou demoiselle à la supporter.
    — Votre précédente locataire était cependant bien une dame à ce que l’on m’a dit. Elle ne fumait tout de même pas ?
    — Eh bien si ! Voyez-vous, Mademoiselle d’Éon n’était pas une femme comme les autres. Elle était charmante, avec le meilleur ton et de grandes manières. Elle appartenait à la meilleure noblesse de Bourgogne et elle portait des robes ravissantes que lui fournissait la modiste de la Reine, Mlle Bertin, mais elle était… bizarre. D’abord, elle avait une voix un peu rude pour une dame et puis elle ne recevait jamais personne à l’exception, dans les derniers temps, d’une dame russe fort jolie d’ailleurs qui ne la quittait plus et avec laquelle elle est partie pour l’Angleterre.
    — Ce n’est pas si bizarre…
    — Peut-être, mais, ce qui l’était davantage, c’était sa manière de vivre : elle griffonnait toute la journée dans le salon qu’elle avait transformé en bibliothèque, tout en fumant une longue pipe. Une manie qu’elle avait prise, paraît-il, dans ses nombreux voyages.
    — Bah ! J’ai vu souvent, chez les Indiens d’Amérique, des femmes fumer la pipe. Le tabac est chez eux un

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