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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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volontairement trop cérémonieux. Mais elle n’avait pas décidé de se laisser mener par lui sur un terrain strictement protocolaire et mondain. Sans plus tarder elle attaqua :
    — Pourquoi n’as-tu répondu à aucune de mes lettres ?
    — Pourquoi aurais-je dû y répondre ? dit-il doucement.
    — Parce que cela se fait ! N’as-tu donc pas aimé ce que je t’écrivais ?
    — Je ne saurais en juger : je n’ai pas lu ces lettres !
    — Menteur ! Tu as simplement envie d’être désagréable, mais quel homme peut laisser s’accumuler sans les lire les lettres d’une femme ?
    Pour toute réponse, il alla jusqu’à un petit secrétaire à demi dissimulé entre les grands plis soyeux des rideaux gris décorant ses fenêtres, l’ouvrit au moyen d’une clef qu’il prit dans sa poche, et en tira un paquet noué d’un ruban bleu qu’il tendit à la jeune femme.
    — Comptez ! fit-il brièvement. Elles y sont toutes !…
    Elle ne prit pas les lettres et il dut les reposer sur une table. Un silence s’établit, si profond qu’il pouvait entendre sa respiration devenue tout à coup plus rapide tandis que l’éventail, lui aussi, battait plus vite. Mais elle avait détourné la tête et il ne put voir l’expression de son visage.
    Avec un léger soupir, elle quitta enfin son coin de cheminée et s’approcha de Gilles.
    — Tu ne m’aimes plus ?
    — Vous aurais-je déjà laissé entendre que je vous aimais ? Je ne m’en souviens pas.
    — En effet ! Disons alors que ton comportement faisait assez bien illusion et que l’on pouvait s’y tromper. D’ailleurs, quelle idée stupide et bourgeoise de vouloir toujours et à tout prix que l’amour ait son mot à dire ? A-t-il jamais été question, entre nous, d’autre chose que de plaisir partagé ?
    — Je serais un ingrat si je niais avoir passé auprès de vous d’agréables moments.
    — Alors pourquoi n’y pas revenir ?…
    Insensiblement, elle était venue tout près de lui, l’enveloppant de son parfum de rose. Ses lèvres pleines et rouges frémissaient, déjà prêtes à monter vers les siennes mais, avec beaucoup de douceur, il la repoussa.
    — Non ! Comment ne comprenez-vous pas que plus rien n’est possible entre nous, même le plaisir ?
    Elle ouvrit de grands yeux tellement innocents qu’ils en devenaient une gageure.
    — Pourquoi cela ?
    — Mais, ma chère, parce que l’arrêt de mort de nos agréables relations a été signé, dans ma chair, par les épées et les poignards des assassins aux gages de votre royal amant. À vous entendre, cependant, vous aviez obtenu de lui qu’il consente à m’oublier un peu ? Or, la preuve de cet oubli est encore assez cuisante en moi… du moins les jours de pluie !
    — Il fait un temps idéal. Et puis, ce n’est pas lui ! Ce ne peut pas être lui ! Les assassins étaient à la solde du duc de Chartres et leur chef…
    — Je sais qui était leur chef. Le duc de Chartres aussi d’ailleurs. On a simplement trouvé commode d’essayer de lui faire endosser l’affaire afin d’éviter les remous du côté du Roi. Mais le prince m’a donné trop de preuves pour que je puisse croire encore à cette sinistre fable.
    — Cependant…
    — Vous perdez votre temps et vos paroles, Madame ! C’était bien à Monseigneur de Provence qu’obéissait cette nuit-là le comte d’Antraigues, en même temps qu’à sa propre rancune d’ailleurs, car nous nous haïssons cordialement, Mais vous voyez bien que plus rien n’est désormais possible entre nous…
    Les yeux noirs de la comtesse laissèrent échapper un éclair de colère.
    — C’est elle, n’est-ce pas ? C’est cette putain d’Hunolstein qui t’a embobiné en te soignant ? Je devine sans peine comment ! Elle est très forte et tu n’as dû éprouver aucune peine à retrouver toute ta vigueur avec elle. Il n’y a pas, dans tout le royaume, de plus chaude garce que…
    — Je crois qu’il est grand temps de vous retirer, Madame ! coupa Gilles froidement. Vous devenez vulgaire ! Permettez-moi de vous reconduire jusqu’à votre voiture.
    Il alla jusqu’à la porte qu’il ouvrit et maintint ouverte de la main, attendant qu’elle la franchît.
    — Réponds-moi d’abord ! cria-t-elle. As-tu couché avec elle ?
    — Je n’ai pas remarqué ! Si cela doit vous mettre en repos, sachez que Madame d’Hunolstein m’a seulement montré une affection et un dévouement de sœur. Dévouement

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