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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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garde plus aucun ressentiment contre lui mais encore qu’elle souhaite lui voir occuper à l’avenir la charge de Premier ministre. Il se voit Mazarin plus encore que Richelieu ! Aussi il n’est rien qu’il puisse désormais refuser à celle qu’il appelle son Maître !… et à son intermédiaire bien entendu.
    — Mais la Reine l’exècre ! Je l’ai entendue le dire, de mes oreilles !
    — Dites cela à Rohan, il n’en croira pas un mot. Il est sûr d’être aimé. Il a des preuves, des lettres… Cela ne servirait à rien, non plus, d’essayer de lui faire entendre que la belle Jeanne n’est qu’une misérable et une voleuse. Il pense qu’il sera bientôt ministre grâce à elle !
    — Je sais. Il m’en a touché deux mots tout à l’heure.
    — Vous voyez bien ! Elle peut en tirer ce qu’elle veut. Ainsi, peu de temps après l’affaire du Bosquet, elle lui a dit que la Reine avait besoin de 120 000 livres pour des aumônes à une famille digne d’intérêt, qu’elle était gênée et notre dupe, bien qu’ayant elle-même des ennuis de trésorerie, a donné les 120 000 livres sans un battement de paupières…
    — Les 120 000 livres qui sont à l’origine de la subite aisance des La Motte, j’imagine ?
    — Exactement ! Notre comtesse aurait pu se contenter de cela mais… l’appétit vient en mangeant. Et puis… il y a dans l’ombre un personnage qui tire de loin toutes les ficelles de ce beau pantin, un personnage qui a compris depuis longtemps quel parti l’on pouvait tirer des habitudes de dissipation de Marie-Antoinette, de sa passion pour les diamants et de l’amour du cardinal pour sa souveraine. Ce personnage avait espéré que Jeanne parviendrait à faire rentrer en grâce le cardinal, qu’il réussirait à séduire la Reine.
    — Séduire la Reine ? Songez-vous à ce que vous dites ?
    — C’est une question que vous devriez poser, Monsieur, à votre ami Fersen dont les mauvaises langues prétendent qu’il est le père du jeune duc de Normandie, né en mars !… Mais la Reine a l’aversion tenace. On a donc trouvé un autre moyen, plus subtil. Et Jeanne a eu simplement à dire que la Reine avait le cœur déchiré de ne pouvoir faire acheter le collier par le Roi – avec les six millions de Saint-Cloud, cela eût causé une révolution ! –, qu’elle garderait une éternelle gratitude à qui réussirait à s’entremettre pour le lui assurer et notre cardinal s’est rué chez Boehmer. Le 24 janvier, il achetait le collier au nom de la Reine en effectuant un premier versement de 100 000 livres et en stipulant que le reste serait payé par quartiers de 400 000 livres payables de six mois en six mois. Et, le 1 er  février, le cardinal, entré en possession du collier, le portait à Versailles, place Dauphine chez Mme de La Motte où il pouvait le remettre à un soi-disant valet de chambre de la Reine… qui n’était en fait que l’ineffable Reteau déguisé…
    — Mais le collier… qu’est devenu le collier ?…
    — Il n’y a plus de collier ! Le chef-d’œuvre de Boehmer et Bassange ne doit plus être, à cette heure, qu’un tas de diamants démontés que l’heureuse Jeanne écoule par fractions, ici et en Angleterre !
    Gilles se leva si brusquement que le fauteuil dans lequel il était assis s’abattit sur le sol avec un grand bruit. La sueur coulait le long de son dos et il avait l’impression qu’un abîme sans fond venait de s’ouvrir sous ses pas. Le coup d’œil qu’il jeta à l’Italien était chargé à la fois d’horreur et de colère.
    — Quel homme êtes-vous donc ? Vous savez tout cela, vous savez que l’on a abusé du nom de la Reine, que l’on entraîne le Grand Aumônier de France dans une mare de boue et vous restez là sans rien faire ? Mais qu’attendez-vous pour courir chez le Lieutenant de Police, chez le cardinal, chez la Reine même ?
    — Pour être envoyé à la Bastille… ou à la rigueur à Charenton ? Calmez-vous, mon ami, et sachez bien que tout ce que je pourrais dire à présent ne servirait à rien. Le mal est fait, le collier est vendu, il a disparu. Il est trop tard, on n’y peut plus rien. Croyez-vous que je n’aie rien dit au cardinal lorsqu’il m’a annoncé cette belle opération ? Je jure que j’ai voulu le mettre en garde. Il n’a fait que rire, aveuglé qu’il est par son rêve d’amour et de portefeuille…
    — Que le cardinal soit fou, je ne dis pas le

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