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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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visage s’éclairer. Il savait que nous n’avions pas arrêté le bon coupable et il s’est trahi. Lors de l’ambassade de Lancastre en France, il a constamment essayé de me fourvoyer en comblant Waterton de faveurs, pour éveiller mes soupçons.
    — Mais de Craon a tenté de vous tuer, à Paris !
    — Toujours pour faire porter les soupçons sur Waterton ! Et ce fut la même chose pour le sceau du roi de France placé dans une des sacoches de la Chancellerie : c’est de Craon qui l’y a mis, et c’est encore lui qui a transmis tous ces mensonges à ses alliés écossais dans l’espoir qu’ils nous seraient livrés.
    Le roi hocha la tête et contempla une rose épanouie. Il pouvait à peine croire ce qu’il avait vu et entendu. Tuberville, un traître ! Et un traître aussi sournois ! Dieu seul sait, pensa le roi, ce qu’allait révéler un examen approfondi de ses lettres. Pas étonnant que les rebelles écossais et gallois l’eussent défié avec tant d’arrogance ! Il jeta un regard furieux sur la rose en pensant à sa vengeance.
    Corbett rompit le silence en mettant genou à terre devant le monarque.
    — Sire, dit-il, vous m’aviez promis que si je débusquais le traître, je pourrais demander tout ce que je voudrais dans votre royaume.
    Édouard lui lança un coup d’oeil malicieux :
    — J’étais en colère, alors, Messire Corbett. Et il n’est guère courtois de rappeler à un prince ses propres paroles prononcées dans le feu de l’action.
    Corbett sourit faiblement.
    — Le psaume dit : « Ne mettez pas votre confiance dans les princes ! » En est-ce l’illustration, Sire ?
    Le roi rit doucement.
    — Non, non, Hugh ! Je tiens toujours parole.
    — Dans ce cas, reprit Corbett, je désirerais deux choses ! D’abord que le châtiment de Tuberville soit commué en une simple pendaison, que lui soient épargnés l’écartèlement et le démembrement ! Ces tortures ne sont pas exigées par la loi.
    Le roi leva les yeux vers le ciel bleu.
    — Demande accordée ! dit-il sèchement. Et l’autre ?
    — Lord Morgan au pays de Galles...
    — Lord Morgan, l’interrompit brutalement Édouard, a déjà subi mon courroux ! J’ai donné l’ordre à mes troupes des châteaux de Caernavon et Caerphilly de marcher sur ses terres et la région environnante. Je doute fort que ce Gallois m’inquiète à nouveau.
    — Il ne s’agit pas de Lord Morgan lui-même, s’empressa de préciser Corbett, mais de sa nièce, Lady Maeve.
    Édouard lui jeta un regard vif avant de rire à gorge déployée :
    — C’est étrange, Hugh, que vous me parliez d’elle, car nous avons reçu un message de Lord Morgan, accompagné d’une lettre de sa nièce. Il se soumet humblement à nos exigences et nous demande de lui pardonner les erreurs ou les fautes qu’il a pu commettre. Bien sûr, j’accéderai à sa requête après un certain délai. Quant au message de Lady Maeve, il était beaucoup plus simple. Elle nous priait de vous donner cela.
    Et le roi sortit de son aumônière la bague que Corbett avait vue, pour la dernière fois, dans la paume de Maeve sur la plage de Neath.
    Il la laissa tomber dans la main tendue de Corbett et sourit en voyant la déception évidente de son émissaire.
    — Oh ! il y avait également une lettre. Lady Maeve joignait ses prières à celles de son oncle pour demander ma clémence, ajoutant en post-scriptum qu’elle vous envoyait cette bague avec l’espoir que vous reviendriez en personne la lui rapporter pour qu’elle la garde à jamais.
    Corbett se contenta d’esquisser un sourire bien que la joie dansât dans son coeur. Toujours genou en terre, il prit la main du roi et baisa sa bague.
    — Ai-je votre permission, Sire ?
    — Bien sûr ! dit le roi. À condition que vous soyez de retour pour le procès de Tuberville.
    La cour du palais de Westminster était bondée en cette froide matinée d’octobre. Les gens se pressaient autour de l’estrade imposante comme s’ils voulaient tous se réchauffer au feu de l’énorme brasero noir. Corbett était présent, Ranulf à ses côtés, comme était là toute la noblesse de Londres, les seigneurs et les dames dans leurs habits de soie et leurs plus beaux atours. Corbett était venu à la demande expresse du roi. Il n’aimait pas les exécutions, mais pensait qu’il était de son devoir, aussi pénible fût-il, d’assister au point final de cette affaire.
    Tuberville avait été jugé

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