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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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de l’hôtel, je me serais mis en retard en retournant le chercher. Je suis très strict sur les questions de ponctualité, non seulement parce que je pense qu’il s’agit d’une marque de respect envers la personne que vous allez voir mais aussi pour lutter contre le stéréotype occidental selon lequel les Africains seraient toujours en retard. J’ai dit à Winnie que je n’avais pas le temps et suis sorti sous la pluie pour signer des autographes à des enfants. Quand je suis arrivé chez Mrs. Thatcher, je ne me sentais pas bien et plus tard on a découvert que j’avais contracté une forme bénigne de pneumonie.
    Cela n’a pas contrarié notre rencontre, mais elle m’a grondé comme une maîtresse d’école parce que je n’avais pas suivi son conseil et que je n’avais pas réduit mon programme. Mrs. Thatcher était tout à fait opposée à l’ANC sur beaucoup de questions, comme celle des sanctions, par exemple, mais elle s’est toujours montrée franche et intéressée. Cependant, ce jour-là, au cours de notre entretien, je n’ai absolument pas pu la faire changer d’avis sur la question des sanctions.
    106
    Quand je suis rentré en Afrique du Sud, en juillet, après de brefs arrêts en Ouganda, au Kenya et au Mozambique, j ’ ai demandé à rencontrer Mr. De Klerk. La violence empirait dans le pays   ; il y avait déjà eu plus de mille cinq cents morts en 1990, chiffre supérieur au nombre total de tués pour raisons politiques au cours de l ’ année précédente. Après en avoir discuté avec mes camarades, j ’ ai senti qu ’ il était nécessaire d ’ accélérer le processus de normalisation. Notre pays était en train de mourir et nous devions avancer plus vite.
    La levée de l’état d’urgence en juin semblait permettre une reprise des pourparlers mais, en juillet, les forces de l’ordre arrêtèrent une quarantaine de membres de l’ANC, dont Mac Maharaj, Pravin Gordhan, Siphiwe Nyanda et Billy Nair, en prétendant qu’ils faisaient partie d’un complot communiste, l’Opération Vula, visant à renverser le gouvernement. De Klerk demanda à me voir de toute urgence et me lut des documents qui, prétendait-il, avaient été confisqués pendant la rafle. Je fus pris au dépourvu parce que je n’étais au courant de rien.
    Après cette rencontre, j’ai voulu avoir une explication et, pour ce faire, j’ai téléphoné à Joe Slovo. Il m’a dit que les passages que m’avait lus De Klerk étaient retirés de leur contexte et que Vula était une opération morte depuis longtemps. Mais le gouvernement voulait utiliser cette découverte pour tenter de séparer l’ANC et le SACPO et pour empêcher Joe Slovo de participer aux négociations. Je suis retourné voir Mr. De Klerk   ; je lui ai dit qu’il avait été trompé par sa police et que nous n’avions nullement l’intention de nous séparer du Parti communiste ni d’écarter Joe Slovo de l’équipe des négociateurs.
    A la mi-juillet, juste avant une réunion du NEC, Joe Slovo est venu me voir secrètement avec une proposition. Il me suggérait de suspendre volontairement la lutte armée afin de créer un climat propice pour relancer le processus de négociation. Mr. De Klerk, me dit-il, avait besoin de montrer à ses partisans que sa politique avait entraîné des bénéfices pour le pays. Ma première réaction fut négative   ; je ne pensais pas que l’heure était venue.
    Mais plus j’y pensais et plus je me rendais compte que nous devions prendre l’initiative. J’ai aussi compris que Joe, dont l’engagement radical ne se discutait pas, était la personne tout indiquée pour faire cette proposition. On ne pouvait l’accuser d’être la dupe du gouvernement ni de s’être adouci. Le lendemain, je lui ai dit que, s’il soulevait la question lors de la réunion du Comité national de direction, je le soutiendrais.
    Lorsque Joe lança l’idée le lendemain, certains s’y opposèrent résolument, affirmant que nous donnions une récompense aux partisans de De Klerk et non à notre lutte. Mais je défendis sa proposition, et rappelai que l’objectif de la lutte armée avait toujours été d’amener le gouvernement à la table des négociations, ce que nous avions réussi à faire. Je soutins que la suspension pouvait toujours être rapportée mais que nous devions prouver notre bonne foi. Au bout de plusieurs heures de discussion, notre conception prévalut.
    Ce fut un changement contesté dans l’ANC.

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