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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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gouvernement prenait en main l ’ éducation des Africains, soit il n ’ y aurait plus du tout d ’ éducation pour les Africains. Toute activité politique était interdite aux enseignants africains et ils ne pouvaient pas critiquer le gouvernement ni aucune autorité scolaire. C ’ était un « basskap   » intellectuel, une institutionnalisation de l ’ infériorité.
    Le Dr. Hendrik Verwoerd, le ministre de l ’ Education bantoue, expliquait que l ’ éducation « devait former et instruire les gens en fonction des possibilités qui leur étaient offertes dans la vie. » Dans sa bouche cela voulait dire que les Africains n ’ avaient aucune possibilité   ; en conséquence, pourquoi fallait-il les éduquer   ? « Il n ’ y a pas de place pour les Bantous dans la communauté européenne au-dessus du niveau de certaines formes de travail   », déclara-t-il. En un mot, les Africains devaient être formés pour occuper des emplois non qualifiés, pour rester éternellement subordonnés à l ’ homme blanc.
    Pour l ’ ANC, cette loi était une mesure extrêmement menaçante destinée à retarder le développement de la culture africaine dans son ensemble et, si elle était mise en pratique, à faire reculer la lutte pour la liberté du peuple africain. L ’ avenir intellectuel des générations futures était en jeu. Comme l ’ écrivit alors le professeur Matthews   : « L ’ éducation pour l ’ ignorance et pour l ’ infériorité dans les écoles de Verwoerd est pire que pas d ’ éducation du tout. »
    Cette loi et les déclarations brutales de Verwoerd soulevèrent une indignation générale aussi bien chez les Noirs que chez les Blancs. A part l ’ Eglise réformée hollandaise, qui soutenait l ’ apartheid, et la mission luthérienne, toutes les Eglises chrétiennes s ’ opposèrent à la nouvelle mesure. Mais cette opposition ne faisait que condamner cette politique, elle n ’ envisageait pas d ’ y résister. Les anglicans, les critiques les plus cohérents et les plus courageux de la nouvelle politique, étaient divisés. Ambrose Reeves, évêque de Johannesburg, alla jusqu ’ à fermer toutes ses écoles, qui accueillaient en tout 100   000 enfants. Mais l ’ archevêque de l ’ Eglise anglicane en Afrique du Sud, refusant de laisser les enfants dans la rue, transféra le reste des écoles au gouvernement. Malgré leurs protestations, toutes les autres Eglises firent de même, à l ’ exception de l ’ Eglise catholique romaine, des adventistes du septième jour et de la Congrégation unie juive réformée. Ces trois dernières continuèrent sans l ’ aide de l ’ Etat. Même ma propre Eglise, l ’ Eglise wesleyenne, transféra ses 200   000 élèves africains au gouvernement. Si toutes les Eglises avaient suivi l ’ exemple de celles qui résistaient, le gouvernement se serait retrouvé dans une impasse, ce qui l ’ aurait obligé à trouver un compromis. A la place, le gouvernement nous a écrasés.
     
    Le transfert du contrôle de l ’ éducation des Africains au ministère des Affaires indigènes devait avoir lieu le 1 er avril 1955, et l ’ ANC commença à envisager un boycott des écoles à partir de cette date. Dans nos discussions secrètes au sein de la direction nous nous demandions si nous devions proposer aux gens de protester pendant une période limitée ou si nous devions proclamer un boycott permanent afin de détruire l ’ éducation bantoue avant qu ’ elle ait pu prendre racine. La discussion était animée et les deux côtés avaient des avocats énergiques. Ceux qui défendaient un boycott illimité affirmaient que l ’ éducation bantoue était un poison qu ’ on ne pouvait boire même si l ’ on allait mourir de soif. L ’ accepter sous quelque forme que ce soit causerait des dégâts irréparables. Ils soutenaient que le pays était au bord de l ’ explosion et que les gens attendaient avec impatience autre chose qu ’ une simple protestation.
    Bien qu ’ ayant la réputation d ’ être un boutefeu, j ’ avais toujours pensé que l ’ organisation ne devait jamais promettre plus qu ’ elle ne pouvait tenir sinon les gens ne lui feraient plus confiance. Je défendis l ’ idée que nos actions ne devaient pas se fonder sur des considérations idéalistes mais pratiques. Un boycott illimité eût exigé une énorme organisation et de vastes ressources que nous n ’ avions pas, et nos précédentes campagnes ne montraient

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