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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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à de nouvelles formes de luttes politiques. Les nouvelles lois et la nouvelle tactique du gouvernement avaient rendu les anciennes formes de protestation de masse –  réunions publiques, déclarations à la presse, grèves à domicile  – extrêmement dangereuses et suicidaires. Les journaux ne publiaient plus nos déclarations   ; les imprimeries refusaient de fabriquer nos tracts, par crainte de la loi sur l ’ interdiction du communisme. J ’ écrivais   : « Ces développements exigent la mise sur pied de nouvelles formes de lutte politique. Les anciennes méthodes sont maintenant stupides et suicidaires.
    « Les opprimés et les oppresseurs sont en conflit violent. Le jour du règlement entre les forces de la liberté et celles de la réaction n ’ est plus très éloigné. Je n ’ ai pas le moindre doute que, lorsque ce jour arrivera, la vérité et la justice prévaudront… Les opprimés n ’ ont jamais ressenti autant d ’ amertume. La gravité de la situation dans laquelle se trouve le peuple le contraint même à résister jusqu ’ à la mort à la politique ignoble des gangsters qui dirigent ce pays… Le renversement de l ’ oppression a été approuvé par le genre humain et c ’ est l ’ aspiration la plus élevée de tout homme libre. »
     
    En avril 1954, l ’ ordre des avocats du Transvaal demanda à la Cour suprême que mon nom soit rayé de la liste des avocats accrédités parce que les activités politiques pour lesquelles j ’ avais été condamné à la suite de la Campagne de défi équivalaient à une conduite non professionnelle et déshonorante. Cela se passait à un moment où le cabinet Mandela-Tambo prospérait et où j ’ allais au tribunal des dizaines de fois par semaine.
    On est venu m ’ apporter les documents au bureau et dès que la demande qui me visait a été déposée et rendue publique, j ’ ai commencé à recevoir des offres de soutien et d ’ aide. Certaines venaient même d ’ avocats afrikaners connus. Beaucoup d ’ entre eux étaient favorables au Parti national mais ils considéraient que la démarche était partiale et injuste. Leur réponse me fit comprendre que même dans l ’ Afrique du Sud raciste, la solidarité professionnelle pouvait parfois transcender la barrière de couleur et qu ’ il y avait encore des juges et des avocats qui refusaient d ’ être les valets d ’ un régime immoral.
    Mon dossier fut défendu par l ’ avocat Walter Pollack, président du Conseil de l ’ ordre de Johannesburg. Quand j ’ avais demandé à Walter Pollack d ’ assurer ma défense, on m ’ avait conseillé de demander également à quelqu ’ un qui n ’ avait pas de rapports avec la lutte pour influencer positivement l ’ ordre du Transvaal. Nous avons donc sollicité comme avocat consultant William Aaronsohn, qui dirigeait l ’ un des plus anciens cabinets de Johannesburg. Tous deux me défendirent sans honoraires. Nous avons soutenu que la demande était un affront à l ’ idée de justice et que j ’ avais un droit intangible de lutter pour mes convictions politiques, qui était le droit de tout homme dans un Etat où existaient des lois.
    Mais l ’ argument de Pollack qui eut le plus de poids fut l ’ exemple d ’ un homme du nom de Strijdom, qui avait été détenu pendant la Seconde Guerre mondiale, avec B.J. Vorster (qui plus tard devint Premier ministre). Tous deux furent emprisonnés pour leurs positions pronazies. A la suite de l ’ échec d ’ une tentative d ’ évasion, Strijdom avait été reconnu coupable de vol de voiture. Ensuite, après sa libération, il avait déposé une demande pour être admis au barreau. Malgré ses crimes et les fortes objections du Conseil de l ’ ordre, le tribunal avait décidé de l ’ admettre parce que ses actions délictueuses étaient de nature politique et qu ’ on ne pouvait empêcher un homme d ’ exercer la profession d ’ avocat à cause de ses convictions politiques. Pollack dit   : « Il y a, bien sûr, des différences entre Strijdom et Mandela. Mandela n ’ est pas nationaliste et Mandela n ’ est pas blanc. »
    Le juge Ramsbottom, qui présidait, refusait d ’ être le porte-parole des nationalistes et défendait l ’ indépendance du pouvoir judiciaire. Il soutint entièrement notre point de vue selon lequel j ’ avais le droit de faire campagne pour mes convictions politiques même si elles étaient opposées au gouvernement et il rejeta la demande de

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