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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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pas que nous étions prêts pour une telle entreprise. Il nous était tout à fait impossible de créer assez rapidement nos propres écoles pour accueillir des centaines de milliers d ’ élèves, et nous devions offrir une solution à notre peuple. Avec d ’ autres, j ’ étais pour une semaine de boycott.
    La direction nationale décida qu ’ elle commencerait le 1 er avril. C ’ est ce qu ’ elle proposa à la conférence annuelle, en décembre 1954, à Durban, mais les délégués rejetèrent la proposition et votèrent un boycott illimité. La conférence était l ’ autorité suprême, avec plus de pouvoirs même que la direction nationale, et nous nous sommes retrouvés chargés d ’ un boycott à peu près impossible à mettre en place. Le Dr. Verwoerd annonça que le gouvernement fermerait définitivement les écoles qui seraient boycottées et qu ’ on ne réadmettrait pas les enfants absents.
     
    Pour que le boycott fonctionne, il faudrait que la communauté y participe et remplace les écoles. J ’ ai parlé à des parents et à des membres de l ’ ANC pour leur dire que chaque maison, chaque cabane, chaque structure de la communauté devait devenir un lieu d ’ éducation pour nos enfants.
    Le boycott commença le 1 er avril avec des résultats mitigés. Il était souvent sporadique, désorganisé et inefficace. Dans l ’ est du Rand, il concernait environ 7   000 écoliers. Au petit matin, des manifestations demandaient aux parents de garder leurs enfants à la maison. Des femmes faisaient des piquets de grève devant les écoles et récupéraient les enfants qui y erraient.
    A Germiston, un township au sud-est de la ville, Joshua Makue, président de la branche locale de l ’ ANC, organisa une école pour 800 enfants, qui fonctionna pendant trois ans. A Port Elizabeth, Barrett Tyesi quitta son poste d ’ enseignant du gouvernement pour diriger une école d ’ enfants participant au boycott. En 1956, il présenta 70 d ’ entre eux au certificat d ’ études   ; seuls 3 échouèrent. Dans beaucoup d ’ endroits, des écoles improvisées (appelées « clubs culturels   » pour ne pas attirer l ’ attention des autorités) accueillaient des enfants. En conséquence, le gouvernement fit voter une loi qui rendait l ’ enseignement non autorisé passible d ’ amende ou d ’ emprisonnement. La police harcela ces clubs culturels mais beaucoup d ’ entre eux poursuivirent leur activité clandestine. A la fin, les écoles de la communauté disparurent, et les parents, devant choisir entre une éducation au rabais et pas d ’ éducation du tout, choisirent la première solution. Mes enfants fréquentaient une école des adventistes du septième jour qui était privée et qui ne dépendait pas des subventions gouvernementales.
    Il fallait juger la campagne sur deux niveaux   : si l ’ objectif immédiat avait été atteint, et si la campagne avait politisé un plus grand nombre de gens en les entraînant dans la lutte. Sur le premier point, la campagne avait manifestement échoué. Nous n ’ avions pas réussi à fermer les écoles africaines dans tout le pays et nous ne nous étions pas débarrassés de la Bantu Education Act. Mais le gouvernement avait été suffisamment ébranlé par notre protestation pour modifier la loi et à un moment Verwoerd fut obligé de déclarer que l ’ éducation serait la même pour tout le monde. Le projet de programme scolaire que le gouvernement présenta en novembre 1954 traduisait un recul par rapport à la conception première consistant à modeler le système scolaire sur des bases tribales. A la fin, nous avons dû choisir le moindre mal, c ’ est-à-dire un enseignement inférieur. Mais les conséquences de l ’ éducation bantoue sont revenues hanter le gouvernement de façon inattendue. Car c ’ est l ’ éducation bantoue qui a produit la génération des années 70 de la jeunesse noire, la plus violente et la plus révoltée que le pays avait jamais connue. Quand ces enfants de l ’ éducation bantoue eurent vingt ans, ils se soulevèrent avec ardeur.
     
    Plusieurs mois après l ’ élection du chef Luthuli à la présidence de l ’ ANC, Z.K. Matthews, qui venait de passer un an comme professeur invité aux Etats-Unis, revint en Afrique du Sud avec une idée qui devait donner une nouvelle forme à la lutte de libération. Dans un discours à la conférence annuelle de l ’ ANC au Cap, le professeur Matthews dit   : « Je me

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