Une histoire du Canada
Maritimes.
L’appui le plus solide envers le projet de Confédération vient de la province du Canada mais même là, le degré d’appui est discutable, en particulier dans le Bas-Canada. Les libéraux locaux, appelés les « rouges », ou les « Reds », dénoncent la Confédération comme une fraude. Les conservateurs de Cartier, ou les « Bleus » (les « Blues »), soutiennent que la Confédération représente une victoire pour les Canadiens français parce qu’elle leur donne finalement un lieu qui leur est propre, la future province de Québec, au sein de laquelle ils constitueront la majorité incontestée. C’est vrai, répliquent les rouges, mais les principaux pouvoirs gouvernementaux sur les chemins de fer, le télégraphe, la poste, le commerce et l’impôt reviennent au nouveau gouvernement fédéral.
afin de donner le résultat escompté, le « Canada » doit inclure au moins les colonies continentales, tandis le nouveau-Brunswick est déterminant. Heureusement, le gouvernement anti-confédéré de cette province a été dissous en 1866 et remplacé par une administration pro-confédérée sous le durable tilley. tout le brouhaha que font les Fenians à la frontière ne nuit pas à la situation et encourage les sentiments de solidarité avec l’empire et les autres colonies pouvant contribuer à la défense du nouveau-Brunswick.
8•decoloniesàprovinces
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L’action se déroule désormais à Londres où, avec l’aide de représentants coloniaux, le gouvernement impérial rédige une loi afin de donner effet aux soixante-douze résolutions de la conférence de Québec de 1864, créant le dominion du Canada. Le projet de loi qui en découle est adopté par le Parlement le 29 mars 1867 sous le titre d’acte de l’amérique du nord britannique et prend effet le premier juillet de la même année.
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Expansion et désillusion,
1867–1896
Les membres de la Conférence de Charlottetown posent pour être immortalisés par le photographe : Charles tupper, de la nouvelle-écosse (rangée du haut, troisième à partir de la gauche) ; thomas d’arcy McGee (rangée du haut, septième à partir de la gauche ; George-étienne Cartier (devant McGee) ; John a. Macdonald (assis au centre) ; John Hamilton Gray, de l’Î.-P.-é. (deuxième à droite de Macdonald) ; samuel Leonard tilley, du nouveau-Brunswick (devant la troisième colonne) ; George Brown (dernier à droite).
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Crééen1867, le dominion du Canada déçoit certains espoirs de ses fondateurs. Ces derniers ont prédit la création d’un grand pays transcontinental, regorgeant de prospérité et avec une population semblable à celle des états-Unis. en 1896, le dominion est la troisième entité politique en superficie (plus de soixante-dix-sept millions d’hectares) sur terre ; seules la russie et la Chine sont plus vastes. en 1870, il s’étend jusqu’aux Prairies en rachetant les terres de la Compagnie de la baie d’Hudson ; en 1871, il atteint le Pacifique avec l’ajout de la Colombie-Britannique ; et il complète les provinces de l’atlantique lorsque l’Île-du-Prince-édouard fnit par venir s’y ajouter. en 1880, le gouvernement britannique transmet au Canada les îles de l’arctique, essentiellement vides, de sorte que la zone de compétence nominale du dominion s’étend désormais jusqu’au pôle nord.
Le territoire n’est cependant guère peuplé. Cela crée tout d’abord de la perplexité, de l’embarras, puis du ressentiment chez les Canadiens patriotes. Pour la grandeur nationale, il semble logique de faire l’acquisition d’un territoire transcontinental à la mesure de celui des états-Unis, bénéficiant en outre des remarquables institutions britanniques, avec la population correspondante. en ce qui a trait à la population, on peut envisager qu’elle atteigne trente, quarante ou cent millions ; une estimation à tout le moins assez envisageable pour être lancée sans grandes contradictions dans les discours de l’époque.
La réalité est tout autre. il faut commencer par faire l’acquisition de l’Ouest ; quand c’est chose faite, l’Ouest entre dans la Confédération avec les conditions qui s’y rattachent : le mécontentement au sein de la population locale des Prairies, constituée d’indiens, de Blancs et de Métis, qui sont un mélange des deux. il faudra les apaiser et les subventionner avant de pouvoir les gouverner. Plus à l’ouest se trouve la Colombie-Britannique,
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