Une histoire du Canada
rattachée au Canada en 1871 grâce à une promesse canadienne de construire un chemin de fer transcontinental. Mais cela prend du temps et coûte cher. Or, de l’argent, il y en a moins que prévu, en raison d’une récession économique qui frappe le monde entier dans les années 1870. L’édification de la nation se révèle un fardeau plus lourd que prévu et il n’est pas facile d’attirer des immigrants dans un pays a l’économie décevante et aux perspectives relativement sombres.
Quand on compare défavorablement le Canada, c’est toujours par rapport aux états-Unis, le voisin géant. Les Canadiens éprouvent admiration, envie et ressentiment à l’endroit de ce voisin. Comparant leur statut à celui des états-uniens, beaucoup de Canadiens tirent leur propres conclusions. La prospérité américaine constitue leur propre publicité, si bien qu’entre 1867 et 1896, quelque deux millions de Canadiens partent 199
200
UnE HIsTOIRE dU Canada
pour le sud et l’Ouest1. il arrive bien des immigrants pour les remplacer et profiter des occasions moins nombreuses offertes au Canada mais pas suffisamment.
Le départ d’un aussi grand nombre de Canadiens masque une autre tendance démographique : l’espérance de vie des Canadiens est plus longue, surtout dans les régions urbaines, ce qui est le reflet des progrès de la médecine mais aussi d’un meilleur niveau de vie. Proportionnellement, les femmes sont plus nombreuses à la fin du siècle qu’au début, surtout en raison de la mise en place de pratiques d’accouchement plus sécuritaires.
La hausse du niveau de vie attire les agriculteurs vers les municipalités urbaines ou vers les quelques grandes villes canadiennes.
si le Canada est sous-peuplé, le nombre d’émigrants dépassant celui des immigrants, il est aussi divisé. Les divisions sont raciales, entre autochtones, ou semi-autochtones comme les Métis, et la majorité blanche ; linguistiques, encore une fois entre autochtones et Blancs mais aussi entre anglais et Français ; religieuses, entre catholiques et protestants et entre les diverses sectes protestantes ; et enfin constitutionnelles, entre les paliers de gouvernement au sein du régime fédéral du Canada, ce qui signifie entre le dominion et les provinces.
il y a toutefois aussi des ferments d’unité. L’identité britannique du Canada suscite l’enthousiasme à divers degrés, mais très rares sont ceux qui se répandent en injures contre l’empire et tout ce qu’il représente.
il y a la politique, en particulier le régime des partis, structuré sur une base pancanadienne. La loyauté partisane englobe certaines différences religieuses, régionales et linguistiques. il y a aussi l’avantage économique, à mesure que les intérêts locaux découvrent que, parfois, le profit ne connaît pas de frontières. il y a de grandes entreprises, surtout des chemins de fer, mais aussi des banques, fabricants et détaillants, qui emploient des milliers de personnes d’un océan à l’autre au sein de sociétés commerciales hiérarchisées. il y a la technologie, qui relie l’est et l’ouest du Canada grâce au chemin de fer et au télégraphe puis, dans le années 1880 et après, au téléphone et à l’électricité.
enfin, il y a le gouvernement, en expansion à la fin du dix-neuvième siècle. il lui arrive d’agir par l’entremise d’agents, par exemple, les banquiers gouvernementaux, la Banque de Montréal, ou les diverses sociétés ferroviaires, dont le gouvernement est à la fois client et organisme subventionnaire. Parfois, les gouvernements se trouvent en concurrence en raison des intérêts qu’ils représentent ou cherchent à monopoliser les gratifications et autres concessions.
À la tête du gouvernement se trouvent des hommes politiques, dont le plus populaire, sir John a. Macdonald, devient premier ministre 9•expansioneTdésillusion,1867–1896
201
le 1er juillet 1867, à titre de chef d’un gouvernement libéral-conservateur.
il a tellement de talent qu’il occupera le poste de premier ministre pendant dix-neuf des vingt-quatre années qui suivront ; il constitue le moule dans lequel sont formés la plupart des dirigeants politiques populaires du Canada. Macdonald a la chance de pouvoir compter sur de bons associés dont certains, comme sir Leonard tilley, sir George-étienne Cartier et sir Charles tupper, sont d’anciens premiers ministres provinciaux. son grand talent est de
Weitere Kostenlose Bücher