Une histoire du Canada
s’attacher la loyauté de son parti car, comme ses successeurs et lui le savent, en politique partisane, la loyauté est la condition préalable essentielle à la réussite.
il y a trois paliers d’administration publique au Canada : le provincial pour les questions locales, le fédéral, avec un gouvernement installé à Ottawa, et l’impérial, installé, comme depuis toujours, à Londres. si le gouvernement de Londres ne consacre pas beaucoup d’argent directement au Canada, les Canadiens n’en comptent pas moins sur lui en matière d’identité et de soutien. L’ Union Jack flotte fièrement sur le territoire canadien. On trouve partout des portraits de la reine victoria et, dans les grandes villes, ce sont des statues de la reine qui assurent sa présence. Mais le principal avantage de la reine et de sa monarchie pour les Canadiens est psychologique. Faire partie de la Grande-Bretagne et de l’empire britannique signifie identité, tradition et stabilité, à tout le moins pour les Canadiens qui choisissent de ne pas émigrer aux états-Unis pour y recueillir les fruits de la prospérité républicaine.
La chance sourit au Canada sur un plan : personne ne souhaite l’attaquer de l’extérieur. tout à leur propre développement, les américains n’ont pas de temps à perdre avec la colonie située au nord, presque identique et, pourtant, tellement inexplicablement distincte. Les Canadiens partagent avec les américains les avantages de l’isolement géographique, protégés de toute intervention européenne, seule origine possible d’une invasion organisée, par la Marine royale britannique. Le fardeau de la défense n’est donc guère lourd à porter. Pour l’essentiel, l’institution de la défense canadienne est un club social, une occasion pour les hommes canadiens de porter de rutilants uniformes et d’avoir l’air féroce et galant. Pendant les trente premières années de l’existence du Canada, l’armée ne se mesure à un véritable ennemi qu’à deux reprises, chaque fois dans l’Ouest lointain.
RiEL ET LES cHEminS DE FER
Jusqu’en 1869, le plus vaste ensemble de territoires britanniques en amérique du nord est la terre de rupert, propriété de la Compagnie de la baie d’Hudson. toute légère qu’elle soit, la domination exercée par la 202
UnE HIsTOIRE dU Canada
compagnie sur les habitants de la terre de rupert représente un fardeau trop lourd tant pour la compagnie que pour ses sujets dans l’Ouest. Quand le gouvernement canadien se présente au siège social de la Compagnie de la baie à Londres avec une garantie de prêt impériale, il trouve une oreille très attentive. Contre £300 000, quelques terres autour de ses poste dans l’Ouest et cinq pour cent de la superficie estimée des terres arables dans l’Ouest (environ 2,8 millions d’hectares), la compagnie renonce à 390 millions d’hectares de territoires. Le transfert des territoires doit avoir lieu le 1er décembre 1869.
À Ottawa, le gouvernement de sir John a. Macdonald est en liesse.
il nomme un lieutenant-gouverneur chargé de gérer la terre de rupert et l’envoie dans le seul grand établissement du territoire, sur la rivière rouge, en passant par le Minnesota (où se trouve la ligne ferroviaire la plus proche).
Les habitants de la rivière-rouge ont d’autres idées en tête.
dirigés par un personnage à la fois jeune et charismatique, Louis riel, certains membres de la population locale réclament des promesses et des conditions avant de laisser des étrangers canadiens prendre le contrôle de leurs personnes, de leurs terres et de leurs biens. Les partisans de riel sont aussi bien Métis que Blancs – lui-même est Métis – mais, en général, on nomme cet incident rébellion de riel et, dans la chronique, on parle surtout d’un événement métis.
On trouve beaucoup de Canadiens à la rivière-rouge, surtout en provenance de l’Ontario. audacieux et irresponsables, leurs dirigeants essaient de prendre les devants sur les troupes canadiennes et de renverser riel, mais c’est l’inverse qui se produit. C’est un acte futile et insensé car, au début de 1870, des négociations sont déjà en cours pour apaiser les soucis de la rivière-rouge. riel réplique par un acte tout aussi insensé, nommant un peloton chargé d’exécuter l’élément le plus perturbateur dans le camp canadien, un jeune homme répondant au nom de thomas scott. « nous devons nous faire respecter du
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