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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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au bout de l’allée, enveloppé dans mon manteau noir et le visage dissimulé par le large bord de mon chapeau. Il jeta un regard très inquiet dans ma direction.
    — Scaurus ! Est-ce que Severina est revenue te voir pour son monument ? Tu m’avais dit qu’elle devait consulter d’autres personnes.
    — Ses amis se sont défilés. Elle a payé le monument toute seule.
    — Elle peut se permettre de payer pour les morts ! Une fois n’est pas coutume. Je t’avais prévenu que je repasserais te voir, Scaurus, quand elle se serait enfin décidée…
    — La pierre a déjà été livrée, grommela-t-il à mon intention.
    — Oui, mais où ?
    — Une tombe sur la via Appia.
    — Le nom de famille n’est pas Hortensius ?
    — Non, Moscus, je crois.
    Le maçon se faisait des illusions, s’il croyait que j’allais me contenter de ses réponses évasives. J’étais d’humeur pointilleuse.
    — Je n’ai pas l’intention d’aller me promener là-bas parmi les fantômes à une heure pareille, précisai-je en souriant. Ne fais pas ta mauvaise tête, Scaurus. Je sais bien que je peux y aller un autre jour, mais je sais aussi que je ne vais pas en avoir besoin… Tout ce qui m’intéresse, c’est le texte qu’elle a fait graver. Montre-moi ton brouillon.
    Il savait que j’avais repéré les tablettes de cire sur lesquelles il prenait des notes, et qui pendaient à sa ceinture. Il en écarta deux, relatives à des commandes plus récentes, et finit par me tendre celle qui m’intéressait.
    Ce n’était pas du tout le texte auquel j’avais pensé lors de ma première visite, mais bien celui auquel je m’attendais aujourd’hui :
     
    D + M
    C + CERINTHO
    LIB + C + SEVER +
    MOSC + VIXIT +
    XXVI + ANN + SEV
    ERINA + ZOTICA
    + LIB + SEVERI +
    FECIT
     
    Je le lus lentement, à haute voix, pour en déchiffrer la signification exacte :
    —  Pour l’esprit du défunt Gaius Cerinthus, affranchi de Gaius Severus Moscus, qui vécut vingt-six ans – Severina Zotica, affranchie de Severus, a fait graver cette plaque. Très discret. Il reste un espace, ici. Qu’as-tu effacé ?
    — Oh !… elle n’a pas réussi à décider s’il fallait ajouter : « justifiée par ses mérites. » Elle a fini par y renoncer. Je me demande pourquoi.
    C’était pourtant une phrase bien innocente, qu’on retrouvait sur la plupart des tombes érigées par les épouses. Quelquefois, sans aucun doute, l’hommage revêtait un caractère ironique. Mais quoi qu’il en soit, il impliquait une relation proche.
    J’aurais pu apprendre au maçon pourquoi Severina avait renoncé à ajouter ces mots : même si elle tenait à parler en bien de son ami affranchi, cette fille était trop professionnelle pour laisser traîner le moindre indice.

46
    J’avais l’impression de ne pas être venu dans la résidence de la rue Abacus depuis une éternité. La nuit était tombée, mais la demeure brillait de tous ses feux. Il est vrai que Severina avait reçu trois héritages assez importants pour payer l’huile de ses candélabres. Dans la plupart des maisons, on avait cessé le travail. Pas ici. Elle était occupée à la seule chose qui reste à une femme d’intérieur ne disposant pas de mari en vue pour l’instant : assise à son métier à tisser, elle réfléchissait au moyen d’en attraper un.
    Je restai un moment à l’observer, en me rappelant les trucs que m’avait indiqués ma sœur Maïa pour s’assurer que le tissage était authentique. Eh bien, il l’était. Ce n’était pas une mise en scène destinée à épater la galerie. Même s’il n’était possible de lui faire confiance pour rien d’autre, elle tissait d’une main sûre. Quand elle me vit entrer, elle leva un regard furieux vers moi, mais sans cesser de travailler.
    — Le déjeuner est terminé, Falco !
    — Oui, et le dîner aussi ! Désolé.
    Je me dirigeai vers le lit de repos, ce qui l’obligea à abandonner son travail pour se retourner vers moi. Je me pris le visage dans les mains, l’air épuisé.
    — Oh ! Zotica ! La journée n’a été qu’une suite d’épreuves. Je n’en peux plus…
    — Je peux t’offrir quelque chose ? se sentit-elle obligée de demander.
    — Non. J’ai seulement besoin de compagnie. Et d’avoir une petite conversation avec une amie.
    Sur ces paroles, je respirai à fond, et expulsai bruyamment l’air de mes poumons. Quand je relevai les yeux, elle avait reposé sa

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