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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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stoïquement mis de côté le chagrin que leur avait causé la mort de Novus, et faisaient la fête avec des amis. Une faible odeur de guirlandes parfumées parvenait jusqu’à moi et, de temps à autre, quand une porte s’ouvrait, j’entendais au loin des voix rieuses et le frémissement des tambourins. Le message que j’avais fait passer était de nature à intriguer, et contenait aussi un avertissement pour qui savait lire entre les lignes. Un esclave, envoyé par Sabina Pollia, vint me dire d’attendre. Pour que je ne trouve pas le temps trop long, pendant que la compagnie se gobergeait, elle me fit apporter une sélection de mets artistiquement présentés sur trois plateaux, et accompagnés d’un flacon de leur meilleur Setinum. C’est du moins ce que je découvris en y faisant honneur, mais je n’avais pas envie de manger quoi que ce soit.
    Près du vin étaient disposés deux carafes contenant de l’eau chaude et de l’eau froide, un petit réchaud à charbon, des bols d’herbes, une passoire pointue et de superbes coupes de verre syrien. Je m’amusai avec tout cet attirail pendant un long moment, puis allai m’installer confortablement sur un lit de repos décoré de lions d’argent, laissant courir mon regard sur ce qui m’entourait. Tout était beaucoup trop tapageur pour qu’on se sente très à l’aise, mais j’avais atteint le stade où le fait de me reposer dans un cadre de mauvais goût et de le détester correspondait à mon humeur.
    Sabina Pollia ne tarda pas à faire son apparition. Elle avait beau ne pas marcher très droit, elle offrit néanmoins de me servir du vin de ses blanches mains. Je lui demandai de me remplir une grande coupe, sans herbes et sans eau. Elle s’en versa également une en riant, et vint s’asseoir près de moi. Nous commençâmes par boire sans parler.
    Après tous ces jours passés au régime sec, j’aurais dû mieux contrôler les quantités que j’avalais. Mais après avoir tout bu, j’allai me resservir, puis revins m’asseoir près de Pollia. Elle appuya un coude sur le dos du divan, juste derrière ma tête et, posant sa joue contre sa main, elle offrit son visage exquis à mon admiration. Il se dégageait d’elle un parfum capiteux extrait de glandes d’animaux. Légèrement empourprée, elle laissait filtrer le regard de ses yeux expérimentés à travers ses paupières mi-closes.
    — Tu as quelque chose à me dire, Falco ?
    Je lui décochai un sourire nonchalant, l’admirant de tout près, pendant que sa main jouait négligemment avec mon oreille. L’excellent vin m’avait agréablement réchauffé l’estomac.
    — En fait, je pourrais te dire beaucoup de choses, Sabina Pollia, dont la plupart n’auraient rien à voir avec la raison de ma visite. (Je laissai glisser le bout de mon doigt le long de la perfection de sa joue.) Est-ce que Atilia et toi, vous réalisez que vos machinations avec le gâteau empoisonné ont eu des témoins ?
    Elle devint parfaitement immobile.
    — Peut-être Atilia devrait-elle venir nous rejoindre ?
    Elle s’exprimait sur un ton qui n’indiquait pas le moindre embarras, ni aucun autre sentiment que je sois en mesure de reconnaître.
    — Comme tu voudras. (Elle ne fit cependant pas mine d’envoyer chercher sa petite camarade, et je poursuivis donc :) Hortensia Atilia avait au moins l’excuse de vouloir protéger l’avenir de son fils. Quelle est la tienne ?
    Pollia se contenta de hausser les épaules.
    — Tu n’as pas d’enfants toi-même ?
    — Non.
    Je me demandais s’il s’agissait de sa part d’un choix délibéré pour préserver sa silhouette. Elle interrogea alors :
    — Falco, es-tu venu ici pour nous menacer ?
    — En théorie, je suis en route pour aller voir le préteur et lui raconter ce que je sais. Je suis conscient, m’empressai-je d’ajouter, en voyant qu’elle souhaitait intervenir, que le préteur du mont Pincio doit beaucoup d’argent à ta famille. Mais je saurai lui rappeler qu’au sein de l’administration de Vespasien, s’il souhaite devenir consul, il aura tout intérêt à démontrer son impartialité. Et, j’ai le regret de te le préciser, l’impartialité ne joue pas en faveur des amis du préteur.
    — Pour quelle raison est-ce qu’il t’écouterait ?
    — J’ai quelque influence au palais, comme tu ne l’ignores pas.
    Pollia changea de position.
    — C’est devant Atilia que tu dois tenir ton discours. C’est elle qui est

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