Vers l'orient
imaginez ce que cela peut signifier d’être exclu d’une telle tribu ! Certains Karauna sont parfois même d’anciens
Mongols : vous figurez-vous à quel point ils doivent être répugnants, pour
avoir été exilés par des Mongols ? Pas de doute, les Karauna sont pour moi
des hommes sans âme, les prédateurs les plus redoutables en ces contrées, des
êtres cruels et assoiffés de sang. Oh, mes seigneurs et maîtres, nous sommes
épouvantablement en danger !
— Commençons donc par éteindre le feu, dans ce
cas, suggéra oncle Matteo. L’allègre insouciance avec laquelle nous nous étions
promenés jusqu’ici dans ce désert, Nico, ne pouvait pas durer éternellement. Je
vais sortir les cimeterres de nos sacs et je préconise d’établir un tour de
garde dès ce soir.
Je me portai volontaire pour assurer la première veille
et demandai à Narine comment reconnaître les Karauna si d’aventure il s’en
présentait. Il me répondit, un brin sarcastique :
— Vous avez remarqué que les Mongols enroulaient
leurs manteaux sur la droite ? Eh bien, les Turki, Baluchi et consorts,
eux, le font sur la gauche.
Puis, son sarcasme se dissolvant dans l’épouvante la
plus totale, il cria :
— Oh, maître Marco, si vous avez la chance de les
apercevoir avant qu’ils vous frappent, vous n’aurez aucun doute sur leur
identité, croyez-moi ! Ayee, bismillah, kheli zahmat dadam...
Et, des prières plein la bouche, il se livra devant
Allah à un nombre ahurissant de prosternations implorantes, avant de ramper
jusqu’à sa tente.
Lorsque tous mes compagnons furent couchés, je fis le tour
complet de l’oasis, cimeterre en main, scrutant aussi loin que je le pouvais à
travers l’épaisseur noire et brumeuse qui nous environnait. Cette obscurité
était si impénétrable que, ne pouvant surveiller en même temps toutes les
approches possibles du campement, je décidai de me mettre en faction près de ma
propre tente, à côté de celle d’Aziz. La nuit étant l’une des plus glaciales de
notre voyage, je m’étendis sur le ventre à l’intérieur de ma tente, sous les
couvertures, laissant juste ma tête dépasser au-dehors. Ou bien Aziz n’était
pas parvenu à trouver le sommeil, ou je l’avais réveillé en m’installant de la
sorte, toujours est-il qu’il sortit lui aussi la tête et me chuchota :
— Je suis terrifié, Mirza Marco, et j’ai très
froid. Pourrais-je m’endormir près de toi ?
— Il fait froid, c’est vrai, concédai-je.
Moi-même, je frissonne malgré l’épaisseur de mes vêtements sur moi. J’irais
bien nous chercher d’autres couvertures, mais je déteste déranger les chameaux.
Viens avec les tiennes, Aziz. Et puis je vais défaire ta tente, elle nous
servira de couverture supplémentaire. Si tu restes collé à moi et si nous nous
abritons sous cette pile de tissu, nous devrions nous sentir bien au chaud.
C’est ce que nous fîmes. Aziz glissa hors de sa tente,
tel un petit triton dénudé, et entra dans la mienne. Très vite, dans le froid,
j’ôtai les piquets de leurs ourlets et jetai sa tente au-dessus de la mienne.
Puis je me terrai à côté de l’enfant, ne laissant que ma tête émerger, ainsi
que mes deux mains agrippées au shimshir. Très vite, je cessai de
trembler, mais ce fut pour me sentir bientôt frissonner de l’intérieur, à cause
de la chaleur, de la proximité et de la douceur du corps du jeune garçon. Il
s’était tapi contre moi de façon si étroite que je le suspectai de l’avoir fait
délibérément. Et si je devais avoir encore le moindre doute à ce sujet, il me
l’ôta bientôt en dénouant la corde de mon pai-jamah et en lovant son
corps nu contre mon fondement tout aussi dénudé, puis en se livrant à un
mouvement plus intime encore. J’en eus un sursaut, et je l’entendis me
murmurer :
— Cela ne te réchauffe pas un peu plus
encore ?
Me réchauffer, ce n’était pas vraiment le mot. Sitarè
s’était vantée que son frère était expert en la matière, et le fait est qu’il
n’ignorait rien de la façon de stimuler ce que Narine avait appelé
« l’amande de l’intérieur », car mon membre entra dans une érection
aussi rapide et aussi raide que lorsqu’un piquet de tente est enfoncé dans son
ourlet. Ce qui serait arrivé après, je suis incapable de le dire. On aurait pu
affirmer que j’avais lourdement failli à ma garde, mais je reste persuadé que,
même si j’avais été plus
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