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Vers l'orient

Vers l'orient

Titel: Vers l'orient Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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qu’ils ont dû suspendre cette manœuvre... Et se sont donc
rabattus sur leurs oreilles, qu’ils ont coupées pour les manger. Ayee,
mashallah, che arz konam ?
    Et il se prosterna dans une nouvelle posture de
prière.
    La confusion qui régnait jusqu’alors se calma bientôt,
lorsque les sept Karauna cessèrent de fourmiller autour de la source pour en
permettre l’accès à leurs chevaux maltraités et vinrent se rassembler près du
feu où nous avions étalé sur le sol la totalité de nos provisions de bouche.
Notre groupe recula, et les Karauna fondirent goulûment sur cette provende, en
bavant littéralement. L’instant d’après, un chaos incroyable se produisit de
nouveau. Trois autres chevaux avaient subitement surgi de l’obscurité, portant
trois cavaliers aux épées tourbillonnantes.
    La patrouille mongole avait fait demi-tour ! Pour
être plus précis, ils avaient dû errer tout ce temps quelque part dissimulés
dans les environs, et même moi, l’homme de veille, je n’en avais rien su. Ils
s’étaient doutés que nous constituerions pour les Karauna une irrésistible
cible et s’étaient contentés d’attendre que les bandits tombent dans le piège.
    Ces derniers, bien que surpris en plein repas et sans
leurs chevaux, ne se rendirent pas dans l’instant, pas plus qu’ils ne se
terrèrent, effrayés devant les étincelantes épées. Deux ou trois de ces hommes
au teint bruni et sale prirent comme par enchantement une couleur rouge et
brillante, celle du sang ruisselant des blessures que leur infligeaient les
Mongols. Cependant, tout comme leurs camarades encore saufs, ils avaient sorti
leurs épées.
    Ayant bondi dans le cercle de lumière à cheval, les
Mongols n’avaient pu assener que ce premier coup, leur élan les ayant ensuite
emportés un peu au-delà du cœur de la bataille. Mais sans prendre le temps de
tourner bride, ils se laissèrent glisser de leur selle pour continuer le combat
à terre. Cependant, les Karauna, dans leur avidité à se rassasier, n’avaient
pris le soin ni d’attacher, ni même de desseller leurs propres montures. Avec
toute cette nourriture étalée là pour eux et compte tenu du fait qu’ils étaient
tout de même sept contre trois, ils auraient dû faire face, acceptant debout le
combat d’homme à homme. Mais probablement conscients que, justement, cette faim
les avait affaiblis et sachant que les Mongols étaient, sur le plan du combat,
leurs égaux, ils bondirent sur leurs pitoyables montures et, frappant de leurs
épées les lames des Mongols à présent à pied, éperonnèrent leurs bêtes et
s’éloignèrent du foyer dans la direction d’où ils m’avaient traîné jusqu’ici.
    Après s’être assurés un bref instant que nous n’étions
pas blessés, les trois Mongols remontèrent à cheval et se lancèrent dans une
poursuite échevelée. Tout ceci était arrivé dans un si furieux tumulte, depuis qu’un
solide coup de poing m’avait abattu dans l’étrange calme qui enveloppait
l’oasis, que l’on aurait pu croire à l’irruption brutale d’une tempête de
simoun désertique qui nous aurait jetés au sol, amalgamés en une mêlée informe,
puis abandonnés là tout pantelants.
    — Gèsu..., haleta mon père.
    — Al-hamdou-lillah..., psalmodia Narine.
    — Où est passé Aziz ? me demanda mon oncle.
    — Il est sain et sauf, hurlai-je pour dominer
l’écho qui bourdonnait encore dans ma tête. Il est dans ma tente !
    Et je montrai du geste l’endroit vers lequel le
brusque départ des chevaux avait soulevé de la poussière.
    Dès qu’il se fut rhabillé à la hâte, mon oncle se rua
dans la direction indiquée. Mon père me vit me frotter douloureusement la tête
et vint s’enquérir de mon état. Il remarqua que j’étais atteint d’une plaie
assez notable et ordonna à Narine de faire chauffer un peu d’eau.
    Mon oncle revint en trombe, surgit de la nuit et
cria :
    — Aziz n’est pas là ! Ses affaires sont là,
mais lui pas !
    Laissant Narine humecter ma blessure et m’enrouler
autour de la tête un cataplasme enduit de baume, mon père et mon oncle
battirent les fourrés à sa recherche. Ils ne le trouvèrent pas. Narine et moi
les ayant rejoints, nous organisâmes une fouille méthodique de toute l’oasis,
sans plus de succès. Nous consultant du regard, nous tentâmes de reconstituer
ce qui avait bien pu se passer.
    — Il a probablement quitté la tente. Même sans
ses vêtements, et dans cette

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