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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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possible, ces établissemens éloignés ; et qu'il faut qu'une proclamation nouvelle annonce la résolution où est sa majesté, de ne point permettre à présent qu'on fasse de nouveaux établissemens au-delà des limites ; c'est-à-dire, au-delà des montagnes d'Allegany.»
    Combien tout cela est étrange et contradictoire ! Mais nous nous dispenserons de l'examiner plus strictement, et nous terminerons nos observations sur cet article, en citant l'opinion qu'ont eue, à différentes époques, les lords commissaires du commerce et des colonies.
En 1748, les lords commissaires exprimèrent le plus vif désir d'encourager les établissemens sur les montagnes et sur les bords de l'Ohio.
En 1768, ils déclarèrent, relativement aux nouvelles limites pour lesquelles on négocioit alors, que les habitans des colonies du centre, auroient la liberté de s'étendre graduellement dans l'intérieur du pays.
En 1770, le comte d'Hillsborough [Premier lord commissaire du bureau du commerce et des colonies.], recommanda l'acquisition d'un territoire sur les montagnes, suffisant pour établir une nouvelle colonie, et il demanda aux lords commissaires de la trésorerie, s'ils étoient dans l'intention de traiter pour cet objet, avec M. Walpole et ses associés.
En 1772, le même comte d'Hillsborough et les autres lords commissaires du commerce et des colonies, firent un rapport sur la pétition de M. Walpole et ses associés, et citèrent à leur appui, celui qu'avoit fait leur bureau, en 1768, comme contenant tous les argumens à ce sujet, rassemblés avec beaucoup de force et de précision. Ce rapport de 1768, annonçoit, ainsi que nous l'avons déjà dit, que les habitans des colonies du centre auroient la liberté de s'étendre graduellement dans l'intérieur du pays, c'est-à-dire, sur les terres dont nous demandons la concession. Mais, quoique les lords commissaires se soient autorisés d'une manière si positive de l'opinion qu'avoient leurs prédécesseurs, en 1768, ils ont en même-temps fait un rapport absolument contraire à cette opinion et à l'engagement qui en étoit la suite.
    L'on demandera peut-être ce que signifie la phrase du rapport de 1768, qui dit que les habitans pourront s'étendre graduellement dans l'intérieur du pays ?—Nous répondrons qu'elle a été écrite dans l'intention de combattre l'envie qu'on avoit d'établir trois nouveaux gouverneurs, et de disperser la population dans des contrées séparées.—En un mot, nous croyons qu'il est hors de doute, qu'en 1768, l'opinion précise des lords commissaires étoit que le territoire compris dans la ligne des limites, pour laquelle on étoit en négociation et qui ensuite a été tracée, suffisoit alors pour remplir le but qu'on avoit, d'augmenter la population et la consommation. Ces lords pensoient que jusqu'à ce que ce territoire fût entièrement peuplé, il n'étoit pas nécessaire d'établir les trois nouveaux gouvernemens proposés aux frais du royaume, dans des contrées qui sont, comme ils l'observent, séparées par d'immenses déserts.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur le sixième paragraphe du rapport des lords commissaires du commerce et des colonies. Nous nous flattons d'avoir démontré que les habitans des provinces du centre de l'Amérique septentrionale ne peuvent être forcés à échanger le sol et le climat de ces provinces, ni pour les forêts glacées de la Nouvelle-Écosse et du Canada, ni pour les déserts brûlans et mal-sains des deux Florides.
Mais examinons maintenant ce qu'il arriveroit si l'on pouvoit contenir ces habitans dans un territoire resserré. Cela ne les empêcheroit-il pas de se livrer à l'inclination naturelle, qui les porte à cultiver la terre ? Ne seroient-ils pas en même-temps forcés d'établir des manufactures qui rivaliseroient celle de la mère-patrie ?—Les lords commissaires ont d'avance répondu, avec beaucoup de candeur à ces questions, dans le rapport fait en 1768.
    —«Nous admettons, disent leur seigneuries, comme un principe incontestable de la vraie politique, que pour prévenir l'établissement des manufactures dans les colonies, il est nécessaire d'ouvrir aux établissemens un territoire étendu et proportionné à l'accroissement de la population ; parce que lorsque beaucoup d'habitans sont renfermés dans d'étroites limites, et n'ont pas assez de terre à cultiver, ils sont forcés de porter leurs vues et leur industrie vers les manufactures».—Mais ces lords

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