Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II
concession.
Les lords commissaires du commerce et des colonies ne l'ont point désavoué.
Pour la troisième proposition, nous observerons rapidement que nous y avons pleinement répondu dans la dernière partie de nos remarques sur le sixième paragraphe.
Enfin, la quatrième proposition ne contient que l'aveu que fait le gouverneur en disant qu'il connoît un peu la situation et l'état des choses en Amérique ; et que d'après quelques petits exemples, il se figure aisément ce qui peut et doit certainement arriver, si l'on ne le prévient à temps.—Nous avouerons que comme le gouverneur ne dit point quels sont ces petits exemples, nous ne prétendons pas juger, si ce qu'il se figure peut s'appliquer à l'objet que nous considérons, ou à quelle autre chose il peut avoir rapport.
Mais, comme les lords commissaires du commerce et des colonies ont jugé à propos d'insérer dans leur rapport, la lettre du général Gage et celle du gouverneur Wright, il est nécessaire que nous citions l'opinion de l'assemblée des citoyens de Virginie sur l'objet dont il est question. Cette opinion se trouve dans la pétition que cette assemblée a adressée au roi le 4 août 1767, et que M. Montague, agent de la colonie, a remise, vers la fin de la même année, aux lords commissaires du commerce et des colonies.—Voici ce que disent les citoyens de Virginie :—«Nous espérons humblement que nous obtiendrons votre royale indulgence, quand nous vous dirons que notre opinion est que le service de votre majesté et l'intérêt général, de vos possessions en Amérique, exigent qu'on continue à encourager [Ces encouragemens étoient une exemption de toute espèce de paiement en argent, de cens pour dix ans, et de toutes les taxes pour quinze ans.] l'établissement des terres de ces frontières.
—L'assemblée observe que par ce moyen, des hommes qui ont des propriétés et sont les sujets fidèles du gouvernement, feront de nouveaux établissemens. Mais si l'on continue à s'y opposer, nous avons les plus fortes raisons de croire que ce pays deviendra le réfuge des vagabonds, des gens qui braveront l'ordre et les loix, et qui, avec le temps, peuvent former un corps funeste à la paix et au gouvernement civil de cette colonie.»
Nous allons maintenant faire quelques observations sur les neuvième, dixième et onzième paragraphes du rapport des lords commissaires du commerce et des colonies.
Dans le neuvième, les lords commissaires disent :—«Qu'une des choses, qui doivent engager à rejeter la proposition des pétitionnaires, c'est ce qu'on dit du grand nombre d'habitans qu'il y a déjà sur les montagnes et sur les bords de l'Ohio».—Nous prouverons, d'après des témoignages incontestables, qu'il y a, en effet, jusqu'à cinq mille familles, qui, l'une dans l'autre, sont au moins de six personnes chacune ; indépendamment de quelques milliers de familles, qui sont aussi établies sur les montagnes dans les limites de la province de Pensylvanie.—
Leurs seigneuries ajoutent :—«Que si leur raisonnement est de quelque poids, il doit certainement déterminer les lords du conseil privé à conseiller à sa majesté d'employer tous les moyens pour arrêter les progrès de ces établissemens, et non de faire aucune concession de territoire qui les favorise.»
Nous avons démontré clairement que le pays situé au midi du grand Kenhawa jusqu'à la rivière de Cherokée, appartenoit, non aux Cherokées, mais aux six Nations ;—Que maintenant ce pays appartient au roi, parce que sa majesté l'a acquis des six Nations ;—Que ni les six Nations, ni les Cherokées ne chassent entre le grand Kenhawa et la terre opposée à la rivière de Sioto ;
—Que malgré la ligne des limites nouvellement tracées, les lords commissaires du commerce et des colonies sacrifieroient aux Cherokées une étendue de pays de huit cents lieues de long, an moins, pays que sa majesté a acheté et payé ;—Que les véritables limites occidentales de la Virginie ne s'étendent pas au-delà des montagnes d'Allegany ;—que depuis que sa majesté a acheté le pays des six Nations, elle n'en a pas réuni la moindre partie à la province de Virginie ;—Qu'il n'y a point d'établissemens d'après des titres légitimes, sur aucune partie du pays, que nous sommes convenus d'acheter des lords commissaires de la trésorerie ;—Qu'en 1748, le gouvernement encourageoit, autant qu'il étoit possible, les établissemens qu'on fesoit sur les
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