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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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gens de votre nation et les nôtres ; qu'il y a eu des hommes tués des deux côtés, et que nous voyons quelques peuples indiens, et vos anglais prêts à entrer en guerre, ce qui nous inquiète beaucoup, car nous désirons de vivre amicalement avec vous.—Vous nous avez souvent dit que vous aviez des loix pour gouverner votre nation ; mais nous ne voyons pas qu'en effet vous en ayez.
    Ainsi, frères, à moins que vous ne trouviez quelque moyen de contenir ceux de vos anglais, qui habitent entre les grandes montagnes et l'Ohio, et qui sont très-nombreux, il sera impossible aux Indiens de modérer leurs jeunes guerriers.—Soyez en sûrs, les nuages noirs commencent à se rassembler sur ce pays ; et si l'on ne se hâte pas de faire quelque chose, ces nuages nous empêcheront bientôt de voir le soleil.
»Nous désirons que vous fassiez la plus grande attention à ce que nous vous disons ; parce que cela part du fond de nos cœurs, et que comme nous avons envie de vivre en paix et en amitié avec nos frères les Anglais, nous sommes affligés de voir quelques peuples autour de nous, prêts à se battre avec les gens de votre nation.
»Vos anglais aiment beaucoup nos riches terres. Nous les voyons tous les jours se disputer des champs et brûler les maisons les uns des autres ; de sorte que nous ne savons pas s'ils ne passeront pas bientôt l'Ohio pour venir nous chasser de nos villages ; et nous ne voyons pas, frères, que vous preniez aucun soin pour les arrêter.»
Ce discours des tribus, qui ont beaucoup d'influence dans leur pays, est très-utile à connoître.—Il prouve que les colons sont très-nombreux sur les montagnes ; que les Indiens donnent toute leur approbation à l'établissement d'une colonie sur les bords de l'Ohio ;—et qu'ils se plaignent d'une manière très-pathétique, de ce que les sujets du roi ne sont point gouvernés. Il confirme enfin, l'assertion contenue dans le huitième paragraphe du rapport des lords commissaires du commerce et des colonies, qui dit :—«Que si l'on souffre que les colons continuent à vivre dans un état d'anarchie et de confusion, ils commettront tant de désordres, qu'ils ne pourront manquer de nous entraîner dans des querelles avec les Indiens, et de compromettre la sûreté des colonies de sa majesté.»
    Cependant, les lords commissaires du commerce et des colonies, ont fort peu d'égard à toutes ces circonstances. Ils se contentent de faire une seule observation :—«Nous ne voyons rien, disent-ils, qui empêche le gouvernement de Virginie d'étendre ses loix et sa constitution jusque dans les contrées de l'Ohio, où des colons se sont établis avec des titres légitimes».—Nous répétons qu'il n'y a point là de colons qui aient de titres légitimes.—Malgré cela, leurs seigneuries disent, dans le dixième paragraphe de leur rapport :—«Qu'il leur paroît qu'il y a quelques possessions accordées par le gouverneur et le conseil de Virginie».—Eh bien ! supposons qu'il y en ait, et admettons même que les loix et la constitution de la Virginie s'étendent jusque sur ce territoire, quoique nous soyons bien certains qu'elles ne s'y étendent pas : les lords commissaires en auront-ils davantage proposé quelque manière de gouverner plusieurs milliers de familles qui s'y sont établies, non avec des titres légitimes, mais conformément à l'ancien usage de se placer sur des terrains inoccupés ?—Non certainement. Au contraire, leurs seigneuries ont recommandé de conseiller à sa majesté d'employer tous les moyens possibles pour arrêter les progrès de ces établissemens ; et par conséquent de laisser les colons sans gouvernement et sans loix, au risque de les voir entraîner les provinces du centre dans une guerre qui détruiroit le commerce et la population des comtés de leurs frontières.
Après avoir fait ces observations, il convient, peut-être, d'examiner si les loix et la constitution de la Virginie peuvent être efficacement étendues jusque sur le territoire de l'Ohio.—La ville de Williamsbourg, capitale de la Virginie, n'est-elle pas au moins à quatre cents milles de distance des établissement de l'Ohio ?—Les loix de la Virginie n'exigent-elles pas que toute personne, accusée d'un crime capital, soit jugée à Williamsbourg seulement ?
    —N'est-ce pas là que se tient l'assemblée générale de la province ?—N'est-ce pas là qu'est aussi le tribunal du banc du roi, ou le tribunal de l'état ?—La

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