Vikings
enthousiasme, nous devons découvrir ce que recherchent les SS...
Joséphine avala une dernière bouchée en sursautant.
— « Nous » ? dit-elle en manquant de s’étrangler.
— Si vous faites partie d’un réseau de résistants, vous devez vous y entendre pour faire dérailler des trains, saboter l’électricité ou faire sauter des ponts. Mais je crains que vous ne soyez pas très douée en matière de haut Moyen Âge et d’invasions vikings...
Joséphine laissa échapper un petit rire.
— Servez-moi encore un verre de cet excellent bordeaux, répondit la jeune femme, cette fois de très bonne humeur. Je retire ce que j’ai dit et je suis même prête à suivre mes premières leçons d’histoire de l’art.
— Vous savez qu’il y a d’autres matières que je maîtrise à la perfection ?
À peine eut-il prononcé ces paroles que Le Bihan les regrettait déjà. Il se dit qu’il n’avait pas son pareil pour tout rater avec les filles. Il maudit sa maladresse coutumière, ses yeux trop bleus et ses cheveux trop noirs. Il perdit toute confiance. C’était plus fort que lui, il fallait toujours qu’il en fasse trop. Mais Joséphine ne parut pas lui tenir rigueur de ses allusions un peu lourdes. Elle lui donna un dernier conseil.
— Qu’attendez-vous pour aller interroger votre ami le bedeau ? S’il y a vraiment un objet brillant dans cette tombe, il doit le savoir, non ? De mon côté, je vais me renseigner auprès de nos contacts pour en savoir plus sur cette fameuse Ahnenerbe...
Joséphine se leva et prit congé de son hôte. Comme elle avait deviné ce qu’il allait lui dire, elle anticipa sa demande.
— Et ne me demandez pas où vous pourrez me joindre... Ce sera à moi de le faire et je vous trouverai très facilement, n’ayez crainte. Enfin, si votre filon pour dénicher cet excellent camembert ne s’épuise pas.
Le jeune homme n’eut pas le temps de répondre à sa visiteuse qu’elle était déjà sortie.
Le Bihan ferma le verrou intérieur. Il s’étonna de ce geste qu’il n’avait pas l’habitude d’accomplir dans un immeuble où tout le monde se faisait un point d’honneur à vivre comme si la guerre n’existait pas. Il réfléchit un instant et se dit qu’il se piquait au jeu. Peut-être même venait-il d’accomplir son premier geste de résistant.
Chapitre 7
S TORMAN PENSAIT que son séjour normand serait plus long. Mais la découverte qu’il venait de faire ne l’inclinait pas à la patience. À peine avait-il salué von Bilnitz, et il n’était pas mécontent de s’être aussi peu frotté à son esprit prusso-réactionnaire. Il s’était même interrogé sur l’engagement du militaire qu’il soupçonnait de bienveillance et de faiblesse à l’égard des populations occupées. En bon SS, il n’aimait pas la France, qu’il comparait volontiers à une fille facile. Sous ses grands airs, elle était toujours prête à coucher avec le vainqueur du moment.
En regardant la forêt de Westphalie qui défilait devant la vitre de sa voiture, Storman chassa ces mauvaises pensées de son esprit. Il était d’avis qu’il était dangereux de se laisser envahir l’esprit par des idées négatives ou corruptrices.
Par rapport au voyage de l’aller, le trajet de retour sembla étonnamment court tant il désirait faire son rapport auprès de sa hiérarchie. La voiture obliqua pour emprunter une petite route droite. Fidèle à son habitude lorsqu’il revenait ici, Storman respira profondément en apercevant au loin la façade du Wewelsburg aux couleurs noire et blanche de la SS. C’était un peu comme s’il puisait en ce lieu l’énergie de la nature apte à régénérer son corps et son âme. Il n’y avait que les esprits faibles et dégénérés pour nier qu’il existait des forces supérieures dans la nature et que l’on ne pouvait y accéder qu’en quelques endroits bien précis. Les ancêtres germains l’avaient bien compris et la SS moderne en était la digne héritière.
Le château du Wewelsburg – du nom du chevalier Wewel von Büren – faisait office d’académie de commandement pour la SS. L’origine de l’édifice remontait aux Huns, mais il avait été transformé au XVII e siècle en un agréable lieu de résidence sans renoncer pour autant à la rigueur de son architecture. Dès 1934, Himmler avait commencé à le reconstruire pour en faire le centre névralgique et mystique de son Ordre Noir. Le grand escalier était
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