Vikings
fois pour toutes à ces légendes dont on nous abreuve depuis des siècles. Appelez-la l’Anticroix ou l’Arme de Dieux, nous sommes convaincus que les Vikings possédaient le secret de l’arme absolue pour abattre le christianisme. Aujourd’hui, notre devoir est de la retrouver et de nous en servir. Nous ne faillirons pas dans notre quête. Est-ce clair ?
— C’est parfaitement clair, Herr Sievers ! répondit Storman en saluant son supérieur.
L’officier saisit une bouteille de schnaps et deux verres qu’il remplit généreusement. Il en tendit un à son visiteur.
— Voilà, mon ami, lui dit-il en souriant, cela devrait vous consoler de toutes ces choses abjectes qu’on vous aura fait avaler là-bas. Je pense surtout à leurs affreux alcools de pomme et à leurs fromages fétides. Et pourtant, il va falloir y retourner mon cher... Vous devez poursuivre votre mission et surtout réussir. Ce crucifix est une première étape vers l’arme que nous cherchons.
— Oui, Herr Secrétaire Général ! s’exclama Storman avec enthousiasme. Je ne baisserai pas les bras, bien sûr !
— Encore une chose, ajouta l’officier. Avant de partir, je vous demande de vous entretenir avec le docteur Haraldsen. Il s’agit d’un professeur norvégien qui vient de publier un remarquable ouvrage sur les Vikings. Je pense qu’il pourra vous éclairer dans vos recherches. Mais je vous préviens, il est loin de partager nos idées. Toutefois, je l’ai invité au Wewelsburg en pensant que son savoir pourrait nous être utile.
Storman but d’un trait son verre de schnaps et acquiesça d’un signe de la tête. Il lui tardait à présent de gagner sa cellule pour profiter d’un repos bien mérité. Demain, il écouterait le récit de l’historien et puis, du pays du schnaps à celui du calvados, une longue route l’attendait à nouveau.
Chapitre 8
R ÉUSSIR À RETROUVER LE BEDEAU n’avait pas été une mince affaire pour Pierre Le Bihan qui était encore trop novice pour connaître toutes les techniques habituellement utilisées en pareil cas. Depuis leur rencontre nocturne, Maurice Charmet semblait s’être transformé en courant d’air. À trois reprises, Le Bihan s’était rendu à la cathédrale et par trois fois, il s’était entendu répondre que le bedeau avait dû s’absenter pour raisons familiales. Il avait fini par se poster à la terrasse du café de la Cathédrale et s’armer de patience en faisant semblant de lire un livre d’archéologie narrant les exploits de Schliemann, l’homme qui avait découvert Troie ; voilà bien un des seuls Allemands qui, en ces temps troublés, trouvait grâce à ses yeux.
Sa patience finit toutefois par être récompensée, lorsqu’il vit la modeste silhouette du bedeau sortir du vaste édifice. L’homme marchait rapidement en longeant les murs, comme s’il cherchait à n’être plus qu’une ombre parmi les autres en cette fin d’après-midi. L’archéologue finit de boire son verre, régla le garçon et quitta la terrasse. Il suivit quelques instants Charmet à distance respectable, mais il s’aperçut rapidement que celui-ci pressait le pas. Le Bihan accéléra à son tour et un court moment d’inattention suffit à ce que l’objet de sa filature échappe à sa vue. L’historien pesta : pourquoi avait-il jeté un coup d’oeil furtif au portail des libraires qu’il connaissait pourtant par coeur ? Et comment allait-il remettre la main sur l’homme qu’il recherchait ?
— Que me veux-tu encore, Le Bihan ?
Le petit homme qui se tenait devant lui ressemblait davantage à un instituteur réprimandant un élève dissipé qu’à un serviteur de Dieu prêt à profiter d’une soirée de repos méritée après une longue journée de labeur.
— Je... je ne vous épiais pas, bredouilla le jeune homme en songeant qu’il avait encore de nombreuses leçons à suivre s’il voulait un jour réussir à prendre en filature quelqu’un sans être vu. Je voulais seulement vous demander si vous savez ce que contient le sarcophage de Rollon. C’est très important pour mes recherches... Et puis, comment vous dire... en déplaçant légèrement le couvercle, j’ai eu l’impression d’avoir vu un objet brillant dedans.
Le bedeau ne lui répondit pas. Il le saisit par la manche et l’entraîna dans un couloir qui menait à la cour d’une petite maison à colombages. S’il avait été mieux entretenu, l’endroit n’aurait pas manqué de
Weitere Kostenlose Bücher