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Vikings

Vikings

Titel: Vikings Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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assez à l’école pour en être sûre...
    Storman fit un rapide signe de la main et un de ses hommes vint poser le canon de son revolver sur la tempe de Léonie.
    — Vous savez, poursuivit-elle avec calme, à mon âge, la vie n’est pas une chose que l’on a peur de perdre. Ce n’est plus qu’une question de temps. Alors, quelques mois avant ou après... cela ne changera pas grand-chose. Je connais déjà la fin de l’histoire.
    Conscient qu’il n’obtiendrait pas grand-chose d’elle, même en la brutalisant, Storman donna un ordre à ses hommes :
    — Fouillez tout ! Rien ne doit vous échapper !
    Les hommes commencèrent à retourner la pièce dans tous les sens. Ils ouvrirent les bocaux, déchirèrent les pages des livres, crevèrent les coussins, renversèrent les provisions et cassèrent les petites statues de plâtre. Ils s’emparèrent des ossements qui pendaient au plafond.
    — Ma parole, cria Koenig, nous sommes chez une sorcière ! Au Moyen Âge, on les brûlait pour moins que cela ! Elle doit en avoir des choses à nous dire sur l’Anticroix...
    — Mais nous, nous sommes des gens civilisés, répondit calmement Storman. Et Madame Léonie est une femme raisonnable qui va accepter bien gentiment de nous répondre...
    — Je n’ai rien à vous dire, s’entêta la vieille femme.
    Armé d’un bâton, un SS commença à sonder le sol de la pièce. Il tapa méticuleusement sur chacune des pierres jusqu’à entendre un son creux sous l’une d’entre elles : « poc ». Léonie tourna un court instant la tête. Le mouvement fut bref, presque imperceptible, mais suffisant pour que Storman s’en aperçût.
    — Enlève cette dalle, Schmidt, ordonna-t-il.
    La vieille se leva d’un bond et malgré ses yeux morts, elle se précipita sur l’Allemand. La lutte était dérisoire, mais Léonie se mit à le frapper de toutes ses forces avec ses poings ridés. Le SS la repoussa sans ménagement. Un moment déstabilisée, elle s’empara de son couteau de cuisine avant de revenir vers lui. Un coup de feu résonna alors et Léonie tomba doucement à terre. Elle était aussi légère qu’une feuille morte tombée sur le sol de la forêt, tuée pour avoir voulu être jusqu’au bout le dérisoire rempart de son secret.
    Koenig ne jeta pas un oeil sur sa victime. Sans perdre un instant, il souleva la pierre et en sortit un petit carnet de cuir qu’il tendit à Storman. La couverture était ornée d’un noeud d’Odin.

Chapitre 22
    L ORSQU ’ ELLE DÉCOUVRIT l’enchevêtrement des toits hérissés de cheminées, Jeanne sentit son ventre se nouer. Sans savoir pourquoi, elle avait toujours éprouvé la même sensation de malaise, chaque fois qu’elle allait en ville. Avant la guerre, elle avait pourtant l’habitude de s’y rendre chaque semaine pour le grand marché de la place du Vieux-Marché où elle vendait les fruits du verger avec son père. Mais depuis le conflit, la famille préférait éviter de se rendre à Rouen. Les clients étaient prêts à se déplacer pour faire leurs provisions et les prix avaient grimpé en flèche. Le père de Jeanne faisait bien sûr de bonnes affaires, mais il avait à coeur de ne pas exagérer. Ceux qui n’avaient pas les moyens savaient qu’il était toujours prêt à leur faire crédit et parfois même, à leur consentir de petits cadeaux.
    Jeanne s’était juré de ne pas remettre un pied en ville tant que la guerre n’était pas finie, mais cette fois, il s’agissait d’une affaire urgente. Son ardeur redoubla lorsqu’elle arriva dans le coeur de la cité. Elle donna quelques coups de pédales volontaires et le tintement de la chaîne contre le garde-boue se fit entendre un peu plus.
    Par ce beau début de matinée de printemps, la jeune fille tourna à l’angle de la rue de Fontenelle et s’engagea dans la rue des Bons-Enfants. Elle réfléchissait : pourquoi avait-elle demandé à Léonie de lui donner l’adresse de Le Bihan ? Elle n’avait vu le jeune homme qu’une seule fois, et elle ne s’était même pas montrée particulièrement chaleureuse avec lui. Pourtant, depuis ce jour, elle n’arrivait pas à chasser son image de ses pensées. Qu’elle soit occupée à la traite des vaches ou à la cueillette des fruits, elle revoyait toujours son sourire et son expression de grand gamin satisfait lorsqu’ils étaient arrivés ensemble à la petite maison de Léonie. Pour une fois qu’elle rencontrait un gars de la ville qui ne

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