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Voyage de J. Cartier au Canada

Voyage de J. Cartier au Canada

Titel: Voyage de J. Cartier au Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Cartier
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fils d'Owen Guynedd, un de leurs princes ; fuyant les discordes intestines de sa propre famille, il partit en 1170 pour aller à la découverte vers ces lointains parages, y choisit un lieu à sa convenance où il débarqua cent vingt hommes, et revint équiper en Europe une flottille de dix navires pour transporter dans ce nouvel établissement tous les éléments d'une colonie permanente ; mais là s'arrête la vieille légende, et quelques vers gallois du quinzième siècle ont seuls tardivement consacré le souvenir de l'entreprise de Madoc ap Owen.

III
    Les établissements scandinaves offrent à notre investigation plus de certitude, de suite et de durée. L'islandais Biarne Hériulfson, écarté pendant une brume intense de sa route vers le Groenland où il allait retrouver son père, avait aperçu et côtoyé en 896 des terres inconnues vers l'occident, d'où il avait regagné en cinq journées de mer la demeure paternelle ; le récit qu'il en faisait un jour, après plusieurs années, à la cour de Norvège, fit naître le regret qu'il n'eût pas effectué une reconnaissance plus exacte de ces contrées nouvelles ; si bien qu'un de ses compagnons, Leif Erikson ayant résolu d'aller compléter sa découverte, lui acheta son navire, y embarqua trente-cinq hommes au printemps de l'an 1000, et vint atterrir à la côte signalée par Biarne, au point où celui-ci l'avait perdue de vue : ce n'était qu'un plateau rocheux et aride, Helluland, où l'érudition moderne a cru reconnaître Terre-Neuve ; on reprit la mer, et l'on vint descendre, au bout de trois journées au sud-ouest, sur une terre plate et boisée, Markland, signalée par la blancheur des sables du rivage, telle que les instructions nautiques représentent l'Acadie ; puis navigant encore deux journées au sud-ouest, on atteignit une ile, près de laquelle une péninsule s'avançait à l'est et au nord, comme on voit aujourd'hui le cap Cod dépasser au nord-est l'île Nantucket ; Leif s'engagea dans le détroit, puis trouvant au-delà un lieu favorable, il forma près d'une petite rivière un établissement pour explorer à son aise le pays ; et comme on rencontra dans les environs de Leifsbudir, la vigne croissant spontanément, on donna à cette contrée le nom de Vinland ; c'est aujourd'hui le Rhode-Island et la région voisine.
    Après avoir pris un chargement de bois de construction, Leif revint au printemps de 1001 au Groenland, et pendant une douzaine d'années encore les frères Thorwald et Thorstein, sa belle-soeur Gudrida remariée à Thorfinn Karlsefne, et enfin sa vaillante soeur Freydisa, firent diverses expéditions semblables au Vinland ; mais l'hostilité des sauvages indigènes les fit renoncer à poursuivre ces armements périodiques. D'autres, sans doute, les reprirent à leur tour, et les établissements fondés par Leif et par Thorfinn se développèrent à la longue d'une manière permanente, puisque l'évêque groenlandais Erik s'y rendit lui-même, en 1121 afin de pourvoir aux besoins spirituels de la colonie.
Les sagas du Nord ont conservé quelques autres traces des relations qui se continuèrent entre le Groenland et la côte opposée : en 1266 des navires furent envoyés en reconnaissance par delà les stations de pêche les plus avancées, jusqu'à la hauteur, pense-t-on, du détroit de Barrow ; en 1285 deux ecclésiastiques islandais, Adalbrand et Thorwald Helgason, naviguaient à l'ouest jusqu'à Terre-Neuve, désignée en cette circonstance par les chroniqueurs sous le nom de Fundu-nyia-land, qui se retrouve tout entier dans la forme anglaise actuelle de New-Foundland ; enfin, en 1347, un voyage de dix-sept Groenlandais au Markland fut contrarié au retour par une tempête qui entraîna le navire en Islande ; et la narration qu'on en faisait en 1356 montre que le pays de Markland était alors encore fréquenté par les Scandinaves. Mais il n'en est plus question dans leurs histoires ultérieures.

IV
    Un récit vénitien, venu à la lumière après un trop long oubli, peut néanmoins, sans trop de scrupule, être admis en appendice à la suite de ces souvenirs des navigations scandinaves ; je veux parler des lambeaux d'une correspondance de famille émanée des frères Nicolas et Antoine Zéni, qui s'étaient établis vers 1390 aux Faer-oer, ou comme on disait alors, en Frislande, et naviguèrent successivement pendant une quinzaine d'années dans ces mers septentrionales.
Le dernier y recueillit, de la

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