11 Septembre... 1973
à 6,8% et devint la plus forte de toute l'Amérique
latine. La variation cumulée jusqu'en 1998 atteint 58,7%, ce qui signifie que
la croissance a été ininterrompue entre 1973 et 1998 [69] .
De plus, l'inflation, qui était de 21,4% en 1989 et de 27,3% en 1990, a
commencé à diminuer de manière continue à partir de 1991 jusqu'à descendre à
4,3% en 1998.
Selon les prévisions de la Banque mondiale, le
Chili devait connaître une croissance de 2,8% au cours de la période 1998-2003,
contre 1,9% pour l'ensemble de l'Amérique latine. En 2002, la croissance a été
de 2% et le taux de chômage s'est maintenu à 9,5%. Ces chiffres, joints à la
diminution de la population pauvre, passée d'environ 30% à 21% entre 1994 et
2002, ont valu au président actuel, le socialiste Ricardo Lagos, un éloge
unanime au plan international.
Si l'on ne peut être qu'étonné par la
spectaculaire hausse du Produit intérieur brut, qui a crû de 3500 dollars à
5500 dollars par habitant au cours des années 1990, il faut cependant constater
que cette augmentation n'a pas profité à toute la population chilienne. La
répartition des revenus ne s'est pas améliorée depuis le retour à la
démocratie. Le fossé entre les riches et les pauvres n'a, au contraire, cessé
de s'élargir.
En 1996, les 20% les plus riches de la population
parvenaient à concentrer 56,7% des richesses, tandis que les 20% les plus
pauvres n'en détenaient plus que 4,1%. À eux seuls, les 10% se trouvant en haut
de la frange des 20% les plus riches de la population possédaient 41% des
richesses.
Les inégalités sont tellement criantes au sein de
la société chilienne qu'elles ont été signalées dans un rapport de la Banque
mondiale qui relève que la structure des revenus au Chili est l'une des plus
inégalitaires du monde, comparable à celles du Zimbabwe et du Guatemala.
"Nos riches sont proches des riches des pays développés", explique
Ricardo French-Davis, économiste à la Commission économique pour l'Amérique
latine, mais nos classes moyennes et pauvres sont notablement en dessous de
celles de la plupart des pays développés. Notre économie est beaucoup plus
archaïque.
Le modèle commence à se fissurer. Les termes de
"flexibilité du travail", de "précarité de l'emploi", de
"restructuration", d'"optimisation des ressources" qui ont
été les mots d'ordre du Chili au cours des trente dernières années, ont
engendré une situation sociale extrêmement difficile, notamment pour les jeunes
des classes pauvres. Entre 15 et 24 ans, ces derniers connaissaient un taux de
chômage de 35% en 1998, qui atteignait 25,2% dans la tranche des 20 à 24 ans.
Le système produit des "exclus" qui s'installent durablement dans la
misère. L'économie ne parvient plus à créer de nouveaux postes, tandis que la
pression sur les salariés ne cesse de croître, avec l'augmentation du temps de
travail et de la précarité. Trouver un emploi prend de plus en plus de temps et
cela augmente d'autant la durée pendant laquelle une personne reste au chômage.
"L'économie chilienne est une économie qui
n'engendre pas d'emploi, ou dont la capacité à engendrer de nouveaux emplois
diminue beaucoup, explique l'économiste chilien Orlando Caputo, car le degré
d'exploitation des travailleurs augmente. Nous commençons à avoir une masse de
gens qui ne trouvent pas de travail. À cela s'ajoute l'introduction de
nouvelles technologies plus économes en main d'oeuvre. Par conséquent, nous avons
une économie qui croît beaucoup, mais qui n'engendre pas d'emploi et qui laisse
s'aggraver les problèmes sociaux. C'est précisément la situation que nous
connaissons depuis le retour à la démocratie [70] ".
D'après Orlando Caputo, le taux de chômage réel
serait d'environ 25%. "Les entreprises peuvent licencier en invoquant
simplement les "besoins de l'entreprise", ajoute-t-il, avant de
conclure : "Du point de vue social, la situation est extrêmement grave [71] "".
C'est ici qu'apparaît le paradoxe difficile auquel
se heurte le gouvernement socialiste actuel. La croissance du Produit intérieur
brut s'est maintenue à un taux convenable, mais en dépit de ces bons résultats,
l'écart entre les riches et les pauvres s'est considérablement approfondi et
des situations d'exclusion sont apparues. Les améliorations ne pénètrent pas
partout.
Le "miracle chilien" a, en réalité,
surtout profité aux gérants des entreprises nationales et multinationales,
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