1942-Le jour se lève
Keitel
dodeline du chef, mais réussit à garder les yeux ouverts. Il est placé trop
près de Hitler pour se permettre de succomber au sommeil. »
Mussolini cède aux pressions de Hitler : il y aura 9 divisions
italiennes engagées sur le front russe.
Et les « alliés » du Reich fournissent cette chair
d’homme, dont la guerre est grande consommatrice !
Aux divisions italiennes s’ajoutent 27 divisions
roumaines, 13 hongroises, 2 tchécoslovaques et 1 espagnole.
Les généraux allemands ne s’illusionnent pas sur les vertus
guerrières, l’entraînement, l’armement de ces 52 divisions étrangères. Mais
la Wehrmacht manque d’hommes.
Les Russes le savent.
Staline, qui passe ses nuits dans l’abri souterrain aménagé
au-dessous du Kremlin en compagnie des généraux, et de ses proches qui
constituent le Conseil supérieur – l’état-major –, la Stavka, veut
prendre de vitesse les armées allemandes afin de briser cette offensive d’été
que Hitler a annoncée.
L’armée allemande, estime Staline, sort exsangue, épuisée
par les combats de l’hiver. Il faut la frapper avant qu’elle reconstitue ses
forces.
Les divisions « sibériennes » sont lancées à l’assaut
sur le Volkhov, un fleuve qui, franchi, permettrait de desserrer l’étau
allemand qui enferme Leningrad.
Le général Vlassov qui les commande réussit la percée, mais
très vite il est attaqué sur les flancs par des forces allemandes vigoureuses, combatives.
Il demande l’autorisation de reculer. Refus. Ordre de
poursuivre l’offensive.
Mais après cinq jours de combats acharnés, les Allemands l’ont
encerclé et commencent à anéantir les divisions russes.
Vlassov est désespéré, révolté. Il refuse de quitter la
poche grâce à l’avion qu’on lui a envoyé. Il sera fait prisonnier avec tout son
état-major.
C’était l’un des généraux russes les plus énergiques. Devant
les Allemands qui l’interrogent, il qualifie Staline de « despote
incapable ».
La « deuxième offensive Staline » du printemps
1942 vise à libérer la presqu’île de Kertch en Crimée, à rompre l’encerclement
de Sébastopol.
D’abord elle remporte des succès. Les Allemands sont chassés
de Kertch.
Et les Russes découvrent, sommairement enfouis dans des
fossés, des milliers de Juifs assassinés par les Einsatzgruppen de
Himmler. Mais comment le Feldmarschall von Manstein et les soldats de la XI e armée
allemande auraient-ils pu ignorer ce crime de masse ?
Manstein reçoit des renforts – panzers, unités de
grenadiers, appui de la VIII e armée aérienne de Richthofen.
Il contre-attaque, le 8 mai 1942, et reconquiert le
terrain perdu. Les Russes sont contraints d’évacuer la presqu’île de Kertch et
les Allemands s’emparent de tout le matériel militaire qu’ils vont utiliser
contre les défenseurs de Sébastopol.
Désastre militaire. Des dizaines de milliers de morts, au
moins 100 000 prisonniers !
Staline destitue des dizaines d’officiers, le général
commandant le groupe d’armées, et même le commissaire politique en chef, Mekhlis,
qui dans les années 1937-1938 avait organisé les « purges » et les « procès »
de milliers d’officiers. Au nom de Staline. Mekhlis était haï par les rescapés
de cette hécatombe.
Mais les jeunes généraux savent que la responsabilité des purges
et de l’échec de l’offensive incombe à Staline.
Et Sébastopol, après les succès de von Manstein, est
condamnée. Elle est l’un des symboles de la grandeur de la Russie.
La Wehrmacht est donc, contrairement aux informations et aux
espérances des Russes, encore puissante, plus efficace que l’armée Rouge.
Mais Staline refuse, même après la chute de Kertch le 16 mai,
de modifier ses plans. L’offensive encore et toujours.
Le maréchal Timochenko, dans un ordre du jour du 12 mai –
le désastre de Crimée est déjà manifeste, comme celui du général Vlassov dans
la région de Leningrad –, déclare, appliquant les consignes de Staline :
« J’ordonne aux troupes de commencer l’offensive
décisive. »
Elle doit encercler Kharkov, puis libérer la ville. Mais
après quelques jours, la contre-attaque allemande se déploie, implacable.
Membre du Comité de guerre pour le front de Kharkov, Nikita
Khrouchtchev essaie d’obtenir de Staline la possibilité de « changer nos
plans opérationnels ».
Khrouchtchev
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