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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pas la chaleur.
    « La nuit, avec la lune qui brille, les champs enneigés
paraissent bleu foncé, et dans la neige bleue se dressent, installés çà et là
par les petits malins, les corps sombres des soldats allemands gelés. »
     

     
    On avance.
    Encore des Allemands debout. L’un d’eux en sous-vêtements
dans un maillot de papier.
    « Dans un village qui vient tout juste d’être libéré, sur
la place, gisent les cadavres de cinq Allemands et d’un soldat de l’armée Rouge.
    « La place est déserte, personne à interroger, mais
sans rien demander, on peut lire le drame qui s’est produit. L’un des Allemands
a été tué d’un coup de baïonnette, un deuxième d’un coup de crosse, un
troisième à la baïonnette et les deux autres par balles.
    « Et le soldat de l’armée Rouge qui les a tués a reçu
une balle dans le dos. »
     
    C’est cela, le front de l’Est.
    Les pilotes russes, qui sont abattus après quelques sorties,
disent à Grossman :
    « Notre vie est comme une chemisette de petit enfant ;
très courte et pleine de merde. »
    Et les Allemands utilisent la même formule, et peut-être l’ont-ils
inventée !
     
    Il y a dans les deux armées le même fatalisme, la même
sauvagerie, la même barbarie pour imposer la discipline. Les Russes ont leurs
bataillons « pénitentiaires » et on appelle les soldats qui en font
partie des smertniki, les « hommes morts » !
    Parmi eux, certains constituent des « détachements d’extermination »
dont la mission est de tuer les Allemands qui occupent les maisons d’un village.
    Le lieutenant qui les commande dit des « exterminateurs » :
    « Mes soldats sont tous des bandits et la guerre dans
ces maisons est une guerre de bandits. Il arrive qu’ils étranglent les
Allemands de leurs mains. »
     
    La fin de l’hiver 1942 approche.
     
    « En fait, confie à Grossman le capitaine Kozlov, qui
commande un bataillon de fusiliers motorisés affectés à une brigade de chars, je
me suis dit : de toute façon tu es mort, et quelle importance que cela
arrive aujourd’hui ou demain. Un homme qui commande un bataillon de fusiliers
motorisés doit être tué. Il ne peut pas survivre. Et après en avoir décidé
ainsi je vis facilement, j’ai l’âme parfaitement sereine, je vais au combat
sans peur aucune. »
    Et cependant il avoue à Grossman :
    « J’ai très peur du printemps, ça va se réchauffer et
les Allemands vont recommencer à nous pourchasser. »
     
    Le capitaine Kozlov voit juste.
    Dès la fin de février 1942, puis en mars et avril, les
forces allemandes se préparent à l’offensive voulue par Hitler. Les généraux s’adressent
à leurs troupes.
     
    Le général Model, commandant suprême de la IX e  armée,
écrit dans un ordre du jour du 25 février 1942 :
    « Ce que le soldat allemand a accompli au cours de
cette incessante bataille en plein hiver contre un adversaire plusieurs fois
supérieur en hommes et en matériel va entrer dans l’histoire allemande. »
     
    Enfin Hitler parle au peuple allemand, au mois de mars 1942.
Il fait l’éloge des soldats du front de l’Est.
    Il n’évoque pas les 1 167 835 Allemands tués
et blessés depuis l’attaque contre la Russie le 22 juin 1941.
    « Aujourd’hui je peux vous dire que nous avons derrière
nous un hiver comme l’humanité n’en a pas vécu depuis cent quarante ans, commence-t-il.
    « Pendant quatre mois, nos soldats ont été cruellement
éprouvés par la division Providence, éprouvés dans leur vraie valeur intérieure.
Ils ont surmonté l’épreuve.
    « Personne n’a le droit de mettre en doute notre
certitude que tout ce que le destin nous réserve encore à l’avenir n’aura plus
rien à voir avec ce que nous avons vécu…
    « Les hordes bolcheviques qui n’ont pas pu venir à bout
du soldat allemand pendant cet hiver vont être complètement écrasées au cours
de l’été qui est devant nous.
    « Le colosse communiste que nous avons pu connaître
maintenant dans toute sa cruauté ne doit jamais toucher aux contrées élyséennes
de l’Europe, mais en être contenu à une très grande distance et y trouver sa
frontière définitive. »
     
    En ce printemps 1942, c’est sur le front de l’Est que, une
fois encore, Hitler joue son va-tout.

 
8 .
    Hitler noue ses mains, les presse comme s’il voulait écraser
entre ses paumes les réticences qu’il devine chez ses généraux.
    Il va et vient dans sa

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