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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cette
soumission à Hitler, il y a la personnalité ambiguë du général Paulus, son
incapacité à trancher et peut-être ses calculs : ménager l’avenir, obtenir
du Führer le grade de Feldmarschall.
    Et avec son message d’anniversaire, il en a déjà payé le
prix. La propagande de Goebbels célèbre l’héroïsme de la VI e  armée.
    Goering s’écrie :
    « Le combat de la VI e  armée appartient
désormais à l’Histoire. À côté des noms de Langemark, d’Alcazar, de Narvik, symboles
de folle audace, de ténacité, de bravoure, Stalingrad demeurera à jamais pour
les générations futures celui du sacrifice de soi… Dans mille ans d’ici, le
peuple germanique parlera de la bataille de Stalingrad avec un respect mêlé d’effroi…
Au long des années à venir, évoquant l’héroïque campagne de la Volga, on pourra
s’écrier : “Passant ! Va dire à l’Allemagne que tu nous as vus gisant
à Stalingrad pour obéir à l’honneur, aux ordres de nos chefs et pour la plus
grande gloire du Reich.” »
     
    Le samedi 30 janvier, Paulus envoie au Führer le
message suivant :
    « Effondrement final ne peut être retardé que de
vingt-quatre heures. »
    Hitler cherche à pousser au sacrifice – au suicide ! –
les officiers et Paulus en multipliant les promotions ce 30 janvier 1943.
    Cent dix-sept officiers montent en grade et Paulus est promu
Feldmarschall !
     
    Le dimanche 31 janvier, Paulus adresse un dernier
message à Hitler :
    « Fidèle à son serment et pleinement consciente de la
grandeur de sa mission, la VI e  armée a tenu ses positions jusqu’au
dernier homme et jusqu’à la dernière cartouche. Pour le Führer et pour la
patrie… jusqu’au bout. »
    Quelques minutes plus tard, à 7 h 46 du soir, l’opérateur
radio ajoute :
    « Les Russes sont à la porte de notre abri. Nous
détruisons les appareils. » Il ajoute « CL » qui signifie dans
le code international : la station n’émettra plus.
     
    Un jeune lieutenant russe, Fidor Mikhailovtch Yelchenko, entre
avec quelques hommes dans le sous-sol de l’Univermag et recueille la reddition
de Paulus et de tous les Allemands – généraux, officiers, soldats – qui
s’entassent dans l’abri.
    C’est le général Schmidt, chef d’état-major de la VI e  armée,
qui a parlementé avec Yelchenko.
    Paulus, les yeux vides, est assis sur son lit de camp.
    « N’avez-vous rien à ajouter, monsieur le maréchal ? »
demande Schmidt.
    Paulus ne répond pas.
    On le conduira avec quelques officiers au siège de l’état-major
de Rokossovski.
     
    Mais à l’extrémité nord de Stalingrad, des Allemands
continueront à combattre. Ils reçoivent le lundi 1 er  février un
message du Führer :
    « Le peuple allemand attend que vous fassiez votre
devoir à l’exemple des soldats qui défendent encore la forteresse sud. Chaque
jour, chaque heure de votre combat contribue à faciliter la création d’un
nouveau front. »
    Ils résisteront jusqu’au mardi 2 février :
    « Avons combattu jusqu’au dernier homme contre un
ennemi d’une écrasante supériorité. Vive l’Allemagne ! »
     
    Un avion allemand de reconnaissance survole les décombres de
la ville.
    « Plus aucun indice de bataille », signale-t-il.
     
    Ce jour-là, la température est descendue à 37 degrés
au-dessous de zéro.
    Quatre-vingt-onze mille soldats et 24 généraux forment
dans la neige une colonne noire qui avance lentement.
    Enveloppés de couvertures, ils ont souvent les membres gelés,
ils sont blessés, affamés, hébétés.
    Ces spectres sont ce qu’il reste d’une armée de 285 000 hommes.
Ils marchent vers les camps de Sibérie, ils sont rongés par les poux, la
gangrène, les abcès, les plaies purulentes.
    Cinq mille d’entre eux seulement retrouveront un jour l’Allemagne.
     

     
    Le général Rokossovski écrit à Staline :
    « Conformément à vos ordres, les troupes du front du
Don ont achevé le 2 février 1943 de mettre en déroute et de détruire les
forces ennemies encerclées à Stalingrad. »

 
4.
    « Ils n’ont pas été capturés », dit Hitler.
    Son visage est secoué par des tics. Il ne parle pas, il
grommelle, il gronde.
    Il s’immobilise face à son chef d’état-major, le
Feldmarschall Zeitzler.
    « Ils se sont rendus volontairement, reprend le Führer.
Sinon, ils auraient serré les rangs, formé un hérisson et se seraient fait
sauter la cervelle avec la dernière

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