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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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t'es trempé comme une soupe! s'exclama sa mère en voyant l'adolescent
dégoulinant. Des plans pour attraper ton coup de mort!
     
    — Mets-le dans le
hangar et barre la porte pour pas te le faire voler, lui recommanda son père
d'une voix posée, sans relever ce que sa femme venait de dire.
     
    — Est-ce que
Tougas t'a obligé à aller porter des commandes même s'il mouillait aussi fort?
demanda Laurette.
     
    — Ben non, m'man,
répondit son fils avec un certain agacement en posant les pieds sur le balcon.
Il a pas voulu, même si ça me dérangeait pas. Il m'a même dit que je 41 pouvais
partir plus de bonne heure. Mais demain, on va avoir une vraie journée de fou
avec toutes les commandes qui sont en retard.
     
    — Va te changer
et salis rien.
     
    — Correct. J'ai
vu Jean-Louis qui descendait Archambault.
     
    Il est à la
veille d'arriver.
     
    — Pauvre lui, il
va être tout mouillé, fit remarquer Laurette avec la voix chargée d'une
compassion qu'elle n'avait pas manifestée à l'endroit de ses deux autres fils.
     
    — Il avait son
parapluie, lui fit remarquer Gilles. Il est pas en chocolat, le grand, il
fondra pas.
     
    — Tu sauras qu'un
parapluie, ça protège pas tout, lui déclara sa mère sur un ton sans appel.
Comme je le connais, ton frère sera pas content en arrivant. Il tient à son
linge, lui. Il aime ça être habillé comme un vrai monsieur.
     
    Gérard ne dit
rien, mais jeta un regard agacé à sa femme.
     
    Ce n'était un
secret pour personne dans la famille que son aîné était son préféré. Jean-Louis
était son «chouchou» à qui elle avait toujours passé tous les caprices. A
dix-huit ans, il était étalagiste depuis six mois chez Dupuis frères. Il payait
une pension à ses parents, comme sa soeur Denise.
     
    Par contre, il
était l'unique membre de la famille à occuper seul une chambre, une chambre
dont la fenêtre donnait sur la rue Emmett en plus. Même s'il s'agissait d'une
pièce communicante avec celle de ses frères, il ne jouissait pas moins d'un
statut privilégié.
     
    — Bonsoir m'man,
bonsoir p'pa, fit une voix à travers la porte moustiquaire.
     
    — Bonsoir,
répondirent en même temps Laurette et Gérard.
     
    La porte s'ouvrit
pour livrer passage à un jeune homme de taille moyenne aux cheveux bruns
soigneusement séparés par une raie. Son visage aux traits fins était barré par
42 UN VENDREDI SOIR une fine moustache et éclairé par des yeux pers. Son veston
beige portait des traces de gouttelettes de pluie et le bas de son pantalon
brun était mouillé. Jean-Louis Morin desserra sa cravate brune.
     
    — J'espère que
cette eau-là gâchera pas mon coat, dit-il à sa mère.
     
    — Ça me
surprendrait, voulut le rassurer Laurette en regardant le veston. Ça va sécher.
     
    — Mes
pantalons...
     
    — Laisse faire.
Je vais te les repasser tout à l'heure. Ils vont être parfaits demain matin.
As-tu faim?
     
    — Merci, m'man.
J'ai trop chaud pour avoir envie de manger. Je vais aller me laver et me
coucher.
     
    Le silence revint
sur le balcon des Morin et l'obscurité tomba peu à peu. Une petite brise se
leva enfin, chassant un peu de l'humidité qui rendait l'air étouffant depuis
quelques jours. Durant de longues minutes, le couple ne se préoccupa que de
profiter du léger rafraîchissement apporté par l'orage. Maintenant, ce dernier
avait cédé la place à une pluie fine et régulière.
     
    — Je pense ben
que c'est parti pour la nuit, dit Gérard d'une voix neutre.
     
     
     
    — Si ça peut nous
apporter un peu de temps frais, tant mieux, fit sa femme. Quelle heure il est?
Gérard regarda sa montre.
     
    — Presque neuf
heures moins quart.
     
    — Carole! Carole!
appela Laurette en tournant la tête vers la droite.
     
    — Oui, m'man,
répondit une voix du balcon voisin dissimulé par le hangar.
     
    — Rentre, il est
presque neuf heures. Laisse un peu souffler monsieur et madame Bélanger.
     
    — Elle nous
dérange pas, madame Morin, fit une voix polie.
     
    43
     
    — Vous êtes ben
fine de l'endurer, madame Bélanger, mais il est l'heure qu'elle rentre se
coucher.
     
    — J'arrive,
m'man, fit Carole.
     
    Au même moment,
le bruit d'une vive altercation en provenance des chambres des garçons fit
sursauter Laurette.
     
    — Bon. Qu'est-ce
qui se passe encore? demanda-t-elle d'une voix excédée. On n'est jamais capable
d'avoir une minute tranquille dans cette maison de fous.
     
    Quand elle vit
que son mari

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