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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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un peu avant de m’éloigner, car un homme venait d’apparaître. Je ne le connaissais pas… et Helena Justina donnait l’impression de ne pas le connaître non plus.

50
    Il avait émergé d’un bosquet d’hibiscus à la façon d’un homme s’étant livré à une activité que toute jeune dame bien élevée se doit d’ignorer. Assez ivre pour considérer Helena comme une merveilleuse surprise, il ne l’était pas assez pour se laisser décourager par son air glacial. Elle pourrait régler seule le problème de cet obsédé sexuel titubant : quelques insultes bien senties suffiraient à le remettre à sa place.
    Ce jardin avait été aménagé dans un style rustique simple et de bon goût. J’étais appuyé contre un pilier décoré de lignes de peinture foncée. La nuit étant tombée, aucun des deux n’avait remarqué ma présence. Il prononça une phrase qu’il me fut impossible de saisir, mais la réponse d’Helena me parvint clairement :
    — Non ! Je suis ici parce que j’ai envie d’être seule !
    L’homme trébucha près d’elle. Helena Justina aurait dû lui céder la place et rejoindre la cohue, mais elle était d’une nature bien trop obstinée. Il prononça de nouveau des paroles incompréhensibles pour moi, et elle insista :
    — Non ! Je te demande de partir !
    Il s’esclaffa, et elle finit par se lever. Le tissu pâle et souple de sa robe pendait platement à partir de ses broches d’épaules, mais sans pouvoir dissimuler les endroits où la dame n’était pas plate.
    — Oh ! Par tous les dieux ! J’ai mal à la tête ! s’emporta Helena avec exaspération. Le bruit me donne le vertige, et la nourriture la nausée ! Je n’ai besoin de personne, et surtout pas de toi !
    Elle essaya de s’esquiver, mais pas assez rapidement. Je me précipitai. Avant d’avoir parcouru les quelques coudées qui nous séparaient, il avait déjà enfoncé brutalement son autre main sous la robe d’Helena. Je le saisis par les deux épaules pour l’arracher à elle.
    Nos deux têtes entrèrent rudement en contact. Il était assez costaud, et son énergie parut renaître. Il m’ajusta quelques coups là où ça faisait mal, en me soufflant sa mauvaise haleine sous le nez. La précision ne tarda pas à lui faire défaut. J’étais dans une telle rage que je le frappai aux endroits que mon professeur m’avait conseillé de toujours éviter. Quand il fut réduit à l’état de chiffe molle, je lui fourrai la tête sous mon bras et le traînai jusqu’à une fontaine, lui plongeant le visage dans l’eau.
    Alors qu’il était en train de s’asphyxier gentiment, Helena Justina cria de sa voix grave :
    — Ça suffit, Falco ! Tu es en train de le tuer, arrête !
    À regret, je poussai ce triste individu devant moi pour franchir la colonnade, et lui donnai de l’élan le long d’un corridor à coups de sandale dans les fesses. Il termina sur le sol à plat ventre. Puis je rejoignis Helena.
    — Que faisais-tu caché ici ? s’écria-t-elle.
    — Pure coïncidence.
    — Je t’interdis de m’espionner !
    — Ne compte pas sur moi pour laisser quelqu’un t’attaquer sans intervenir.
    Elle avait ramené les bras autour d’elle pour se protéger. J’avançai mon doigt vers sa joue, mais elle recula instinctivement devant ce deuxième assaut masculin, aussi bénin fut-il. Au bout d’un moment, elle cessa de trembler.
    — Si tu veux rester assise dans le jardin, je vais monter la garde.
    — Est-ce qu’il t’a fait mal ? demanda-t-elle doucement.
    — Je crois que c’est surtout moi qui lui ai fait mal.
    Elle laissa échapper un soupir qui ressemblait à mon petit nom, se saisit de ma main et y enfouit son visage.
    — Marcus, Marcus, j’avais besoin de réfléchir dans un endroit tranquille.
    — Réfléchir à quoi ?
    — Tout ce que je fais tourne mal. Tout ce que je souhaite devient impossible…
    Je restai planté là, indécis. Elle ne m’avait pas habitué à ce genre de réaction. Elle leva le visage vers moi.
    — Je te demande pardon. (Comme si de rien n’était, mais sans lâcher ma main, elle demanda de sa voix normale :) Où en es-tu avec Crispus ? Tu as réussi à lui parler ?
    Je dus lui avouer que non. Helena Justina décréta alors qu’il était de son devoir de m’aider. Détestant être contrôlé, je tentai de lui expliquer que j’avais l’esprit vif, que je savais me défendre, que je connaissais mon travail… Elle

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