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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pas la place la plus honorifique. Elle paraissait ravie de son exploit mais aussi très tendue, à considérer la façon dont elle torturait une grappe de raisins. Deux sénateurs inconnus bénéficiaient d’une place de choix, de chaque côté du siège vide de leur hôte. Deux autres femmes faisaient étinceler leurs lourds bijoux, tandis que deux hommes plus jeunes portaient des toges du soir à la dernière mode. L’un d’eux était notre dieu blond, Festus, en grande conversation avec un sénateur. Il avait casé sa compagne à l’autre bout de la table, juste en face de moi. Helena.
    J’eus tout le loisir de la détailler sans qu’elle m’aperçoive. Elle cognait nerveusement ses pieds l’un contre l’autre, sans doute pour manifester sa mauvaise humeur d’être ignorée par le magistrat. Son corps, mince et plein en même temps, était enveloppé dans un mince tissu d’argent qui promettait de glisser merveilleusement sous la main d’un homme. Une petite fortune en perles de lapis-lazuli lui ceignait la gorge. Ses cheveux sombres et brillants, coiffés en arrière, étaient prisonniers d’une résille d’or, sauf quelques boucles lui retombant sur le front. Comparée à toute la flamboyance environnante, elle apparaissait d’une élégance parfaite. La plus belle femme de toute la Campanie, mais comme les Campaniens ont un goût criard, j’étais probablement le seul à m’en apercevoir.
    Un esclave arrangea ses sandales et, en se retournant pour le remercier, Helena m’aperçut planté sur le seuil, la cithare de Fausta coincée sous mon bras gauche. Dans la main droite, je tenais une coupe d’amandes que je finissais de croquer.
    Des sourcils reconnaissables entre mille se haussèrent, et elle me dévisagea de ses beaux yeux marron. Je fis semblant de laisser échapper un sifflement admiratif. La tête dorée de la fille du sénateur se détourna, dégageant une épaule qui se souleva légèrement, dans ce qu’elle pensait être l’expression ultime du dédain. Elle en avait gâché tout l’effet en m’adressant d’abord un clin d’œil des plus sensuels.
    Une grande agitation précéda l’approche de Crispus, et je fus repoussé à l’extérieur de la pièce. Avant de m’éloigner, je confiai la cithare à un esclave en lui demandant d’aller la déposer derrière le lit d’Æmilia Fausta. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je me laissai refouler vers les salles publiques sans avoir pu apercevoir Crispus. Il allait se joindre à ses hôtes de marque pour faire bombance. Guère le moment opportun pour transmettre au grand homme le message de l’empereur.
    Je jetai de nouveau un coup d’œil dans le grand salon, où on servait les hors-d’œuvre avec beaucoup de cérémonial. Je repérai deux ou trois places libres, malheureusement placées près d’hommes peu sympathiques, ou de femmes aux doigts boudinés, le crâne couronné de faux cheveux. Contournant une file de serveurs portant des plateaux sur l’épaule, j’allai rejoindre ceux du bas de l’échelle sociale. C’est avec un plaisir non dissimulé que je me laissai choir entre Silvia et Petronius.
    — Surtout, évite les boulettes de moules, me conseilla Silvia sans se donner la peine de me saluer. Lucius les a vues dans la cuisine, il y a une demi-heure, déjà en train de se figer. (Elle partageait les vues de ma mère sur la nourriture. Même ici, elle avait envoyé l’ami Petro inspecter les cuisines.) Le haut de la table va avoir de l’autruche, mais pas assez pour que ça vienne jusqu’à nous.
    — Que conseilles-tu de se mettre sous la dent, Lucius ? demandai-je, hilare.
    En général, j’utilisais son petit nom seulement quand nous étions soûls à rouler par terre. Petro s’esclaffa avant de se fourrer dans la bouche de superbes olives d’Ancône : des fruits énormes, macérés dans des amphores d’huile aromatisée d’herbes. Autre chose que les minuscules olives conservées dans l’eau salée qu’on avait l’habitude de manger. Petronius m’assura ensuite que le niveau de l’eau avait baissé de plusieurs doigts dans la baie, vu le nombre de loups de mer et de homards péchés pour ce banquet. Deux fêtards particulièrement ennuyeux se mirent à vanter les huîtres de Campanie. Nous les regardâmes en silence, nous rappelant avec nostalgie les huîtres de Bretagne, dans le chenal vaseux qui sépare Rutupiæ de Thanet.
    Le vin servi au dîner me parut correct, mais Petro

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