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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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rappelions tous deux la dernière fois où Fausta avait mentionné son frère et Helena.
    — Je crois que tu t’es trompée : ton frère ne folâtre pas avec ton amie, déclarai-je prudemment.
    J’en étais certain. Après le banquet, le magistrat lui avait dit au revoir de loin. Il était tout à fait le genre à agir de cette façon grossière, mais pas Helena. J’étais bien placé pour savoir qu’en quittant un amant, elle l’embrassait.
    — Alors il s’agit de quelqu’un d’autre ! persifla Æmilia Fausta. Peut-être même l’homme contre lequel tu es censé la protéger !
    Je n’avais plus la force de discuter avec cette femme ridicule. D’ailleurs, c’était une perte de temps.
    En partant, je fus pris d’un doute. Je me dis soudain que ma cliente avait accepté un peu trop facilement de m’accompagner à Oplontis. J’avais raison : dès mon retour, j’appris que, tout de suite après mon départ pour Herculanum, elle avait inventé une excuse pour Silvia, et était repartie seule pour la Villa Marcella. L’entêtée était déterminée à rencontrer Barnabas.
    Je la trouvai à l’extérieur de la villa, allongée sur un lit de repos. Elle faisait sûrement semblant de dormir. Je lui chatouillai le pied avec une fleur, et elle ouvrit lentement les yeux.
    — Tu fais ce que je dis, ou je démissionne.
    — Je fais toujours ce que tu dis, Falco.
    — Arrête de mentir !
    Je ne voulais pas lui demander si elle avait vu l’affranchi, et elle n’avait pas l’air décidée à m’en parler. De toute façon, le nombre de domestiques autour de nous empêchait d’aborder les sujets délicats. Je m’étendis à mon tour. J’étais mort de fatigue.
    — J’ai besoin de dormir. Réveille-moi quand tu décideras de partir d’ici.
    Bien évidemment, elle rentra dans la maison sans me réveiller. Lorsque j’ouvris l’œil, une fleur formait un angle bizarre avec ma botte, attachée à la lanière.
    J’entrai en trombe et l’aperçus tout de suite.
    — Helena Justina, tu es impossible ! (Je laissai tomber la fleur sur ses genoux.) Le seul avantage de cette nouvelle activité, c’est que je n’ai plus besoin de donner des leçons sur le mode dorien.
    — Tu aimes pourtant donner des leçons sur tout. Tu es certain que tu ne préférerais pas être à Herculanum, en train d’enseigner la cithare ?
    — Je préfère te protéger. De toi-même, comme d’habitude !
    — Oh ! arrête un peu de me tourmenter, Falco !
    Elle fit semblant d’être fâchée, mais son visage ne tarda pas à s’éclairer d’un sourire complice que je lui rendis. J’étais heureux. Je faisais mon travail préféré.
    Je m’assis à deux ou trois coudées d’elle, comme quelqu’un qui manque de confiance en soi. J’étais prêt à me mesurer à tous les maraudeurs qui oseraient se présenter.
    Lorsqu’on enseigne la cithare, pour corriger le doigté, il faut se coller contre la jeune dame qui emploie vos services et passer ses deux bras autour d’elle. C’est ce qui allait me manquer. Probablement.

Cinquième partie
~
L’homme qui n’existait pas
    La baie de Naples,
    juillet
     
     
    « Viens ici, ma Galatée. Qu’y a-t-il dans la mer qui puisse t’amuser ?… Ici, près du ruisseau, toutes sortes de fleurs éclosent dans l’herbe. Ici, un peuplier éclatant se balance au-dessus de ma grotte, et les sarments qui pendent tissent des ombres sur le sol. Viens ici, et laisse les vagues sauvages s’abattre sur la plage…»
     
    Virgile, Géorgiques

58
    La Villa Marcella constituait un lieu de vacances idéal, à un détail près. Elle était bien située, possédait la meilleure vue de tout l’Empire et, sous certaines conditions, on pouvait bénéficier de la gratuité de séjour. Le visiteur devait simplement essayer d’oublier qu’il partageait cette somptueuse résidence avec un tueur déterminé. Encore que, tout bien considéré, on n’y était pas plus en danger que dans les foyers de la côte, où certains pensionnaires n’hésitaient pas à poignarder les autres pendant leur sommeil.
    Quoi qu’il en soit, je n’avais aucune intention de laisser Barnabas jouir longtemps de sa liberté. Le jour suivant, je me rendis de nouveau dans l’écurie, tandis qu’Helena et le consul déjeunaient en toute sécurité au milieu d’un bataillon d’esclaves. J’y rencontrai l’inévitable Bryon.
    — Il est parti ailleurs, m’assura-t-il.
    Un coup d’œil dans le

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