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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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près de l’âne.
    Elle retourna sur ses pas et je poursuivis mon escalade. Depuis le début de notre balade, je n’avais pas cessé de me dire que j’aurais préféré être seul. Seulement voilà, à peine eut-elle tourné les talons que je me sentis abandonné.
    J’atteignis rapidement le sommet et jetai un coup d’œil tout autour. Jugeant que l’anecdote historique ne valait pas tous ces efforts, je me dépêchai de rejoindre Helena.
    Elle s’était assise sur une cape après avoir retiré ses sandales. Perdue dans ses pensées, elle s’aperçut enfin de ma présence et me surprit en train de la détailler. Sa robe vert pâle mettait en valeur tout ce qu’elle avait à montrer. Sa coiffure était ma préférée : les cheveux séparés par une raie, et torsadés au-dessus de ses boucles d’oreilles en or. Elle colorait peut-être son visage, mais si discrètement qu’on ne s’en apercevait pas. Quel dommage de ne pas entendre qu’elle avait fait tous ces efforts pour moi.
    — Tu as atteint le sommet ? C’était comment ?
    — Oh ! un pic rocheux en forme de cône, avec de grandes fissures où poussent des broussailles. L’armée des rebelles a dû s’échapper par là, quand Crassus les a poursuivis.
    — Spartacus est un de tes héros ?
    — Tous ceux qui luttent contre la société sont mes héros. (La conversation s’engageant sur un terrain dangereux, je décidai d’en changer le cours sans ménagement.) Ça rime à quoi, au juste, cette joyeuse équipée ?
    — Une occasion de te parler en privé.
    — Barnabas ?
    — Oui et non. Je l’ai rencontré hier, confessa-t-elle. (La retenue avec laquelle elle s’exprimait m’empêchait de prendre tout de suite le mors aux dents.) Tout s’est déroulé d’une façon fort civilisée. Nous nous sommes assis dans le jardin pour manger des gâteaux au miel. Il voulait me voir. Premier problème, il n’a pas d’argent…
    Cette nouvelle eut le don de me mettre en colère.
    — Mais enfin ! Tu étais divorcée de son protecteur. Il n’a aucun droit de venir t’emprunter quoi que ce soit !
    — Non, admit-elle après avoir hésité longtemps.
    — Tu ne lui as rien donné, j’espère ?
    — Non. (J’attendis encore longuement.) La situation est compliquée, m’informa-t-elle enfin de la même voix blanche. Il se pourrait que je sois moi-même à court d’espèces…
    Impossible d’imaginer Helena aux prises avec des difficultés financières. Une parente lui avait légué des terres et, après son divorce, son père lui avait remis une part de sa dot, restituée par son ex-mari. Sans compter que Pertinax lui avait offert une petite fortune sous forme d’épices rares. Plus riche que bien des femmes, Helena Justina, en outre, n’était pas du genre à dilapider ses biens pour acheter des tiares ou financer un mouvement religieux quelconque.
    — À moins d’entretenir un aurige gourmand, j’ai du mal à comprendre comment tu pourrais avoir des problèmes d’argent !
    — Ah ! ce n’est pas un sujet de plaisanterie… (Elle n’avait visiblement pas l’intention de m’en apprendre plus.) Dis-moi plutôt : qu’est-ce qui t’avait mis dans un tel état, à la Villa Poppée ?
    — Rien d’important.
    — C’était à propos de moi ? insista-t-elle.
    Je n’ai jamais pu résister au sérieux avec lequel Helena aborde tous les problèmes. Je lui demandai d’un ton abrupt :
    — Est-ce que tu couches avec Æmilius Faustus ?
    — Non, répondit-elle simplement.
    Elle aurait pu s’écrier : « Bien sûr que non ! Ne sois pas idiot ! » Bizarrement, j’aurais eu plus de mal à le croire, alors que son simple « non » suffit à me convaincre.
    — Je t’en prie, oublie ma question. Maintenant, écoute bien : la prochaine fois que tu mangeras des gâteaux au miel avec Barnabas, je serai derrière la pergola. (Son silence eut le don de m’énerver.) Mais enfin ! c’est un criminel en fuite !
    — Il n’est plus en fuite. Laisse-moi régler le problème. Il a besoin que quelqu’un le ramène dans le monde réel !
    Comment ne pas s’effondrer à l’écoute d’un pareil raisonnement ?
    — Helena Justina ! Tu ne peux pas régler tous les problèmes de l’Empire à toi toute seule !
    — Je me sens responsable… Et arrête de me harceler, je t’assure que j’ai assez de problèmes comme ça !
    — Quels problèmes ?
    — T’occupe ! Accomplis ton travail pour l’empereur,

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