Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
le courage. C’est-à-dire rarement.
    Me déshabillant avec la plus grande satisfaction, j’utilisai ce qui restait d’eau dans le pichet pour me décaper énergiquement. Je parvins à dénicher une tunique déchirée en deux endroits seulement depuis le dernier raccommodage effectué par ma mère. Je peignai mes cheveux à la va-vite, pliai soigneusement ma toge numéro deux sur mon bras, au cas où j’aurais besoin d’avoir l’air respectable plus tard dans la journée, et fonçai dans l’escalier pour regagner la rue.
    À peine au bas des marches, j’entendis Lenia, la blanchisseuse, me héler de sa voix rauque :
    — Falco ! Smaractus exige ton loyer !
    — Vraiment ? Rappelle-lui que dans la vie, malheureusement, on n’obtient pas toujours ce qu’on veut…
    Je la trouvai dans le coin où elle s’installait pour faire ses comptes, en train de siroter du thé à la menthe. Cette pauvre bêtasse avait décidé de s’investir dans l’immobilier, en essayant de se faire épouser par notre propriétaire Smaractus. Si jamais je parvenais à la détourner de ce sombre crétin, nul doute qu’elle redeviendrait une bonne amie. Des mèches rebelles, bizarrement rougies au henné, parvenaient toujours à s’échapper de l’écharpe qu’elle nouait trop mollement autour de sa tête. Pour y voir, elle devait constamment les écarter de ses yeux.
    — Fais attention, Falco ! Il est sérieux.
    Elle possédait des yeux délavés, et sa voix ressemblait à plusieurs poignées de pois chiches cascadant dans une écuelle en fer.
    — Voilà qui me plaît. J’aime les hommes qui ont des convictions…
    Déjà, mon attention s’était tournée vers l’autre femme en sa compagnie. Elle me la présenta comme : « Secunda, une amie. » Il y avait belle lurette que j’avais abandonné l’idée de conter fleurette à Lenia, et je ne me gênai pas pour faire de l’œil à sa copine.
    — Ravi ! Je suis Didius Falco. Comment se fait-il que nous ne nous soyons pas encore rencontrés ?
    La dame m’adressa un sourire complice, en agitant bruyamment ses nombreux bracelets.
    — Surtout, méfie-toi de lui ! conseilla Lenia.
    Secunda était mûre sans être encore blette : assez âgée pour constituer une sorte de défi, et assez jeune pour suggérer certaines satisfactions en cas de victoire. Elle m’examina des pieds à la tête, tandis que mon regard lui exprimait clairement mes intentions.
    Lenia m’offrit du thé à la menthe, mais sa couleur grisâtre me parut douteuse. Par simple respect pour ma santé, je déclinai son offre. Quand j’annonçai mon intention de prendre congé, Secunda exprima des regrets visiblement sincères. J’adoptai tout de suite l’expression de quelqu’un disposé à rester si on le lui demande.
    — Un misérable à visage de fouine est venu, Falco, grogna Lenia.
    — Un client ?
    — Comment veux-tu que je le sache ? Un type dans ton genre, qui ignore tout des bonnes manières. Il est entré ici comme dans un moulin et t’a demandé.
    — Et ensuite ?
    — Ensuite, rien. Il est parti, ce qu’il avait de mieux à faire.
    — Je crois bien qu’il te guette dehors, ajouta Secunda d’une voix douce.
    Décidément, quand un homme passait à sa portée, rien ne lui échappait. Le réduit de Lenia donnait sur la rue, mais l’ouverture en était pratiquement obstruée par des vêtements en train de sécher. J’écartai quelques pans de tissu, afin de risquer un œil à l’extérieur. En effet, deux portes plus loin, devant la boutique de Cassius le boulanger, une cape verte au capuchon pointu paraissait tenir debout toute seule.
    — Un type en vert ?
    Secunda acquiesça d’un signe de tête, imitée par Lenia. Je fronçai les sourcils. De toute évidence, un tailleur venait de lancer une mode. Une vraie mine d’or… Je n’allais pas tarder à le savoir, puisque jeudi prochain, c’était l’anniversaire de mon neveu le plus âgé. Si les capes vertes étaient devenues du dernier cri, il allait forcément m’en demander une comme cadeau. Aucun doute là-dessus.
    — Il fait le poireau depuis longtemps ?
    — Il est arrivé sur tes talons, et depuis il attend.
    J’avais espéré que l’homme en vert était un voleur de passage. Le fait qu’il m’ait suivi jusque chez moi donnait une tout autre signification à sa présence dans l’entrepôt. Une telle curiosité laissait mal augurer de ses intentions. De toute évidence, il essayait de

Weitere Kostenlose Bücher