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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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éclats de soleil perçant l’ombre çà et là. De part et d’autre, des cours humides où s’entassaient des caques en équilibre instable et des chariots en mauvais état. Des cordes dégoûtantes rampaient au travers d’ouvertures sombres. Pendues à des pointes rouillées, quelques pancartes barbouillées de déclarations péremptoires intimaient aux passants de se tenir à distance des portails vieillots. En regardant cet environnement sordide, difficile de croire qu’on se trouvait tout près du Forum. Mais nous étions à Rome…
    Personne en vue. Un pigeon atterrit en douceur sur un toit, puis se faufila sous une tuile cassée. Un chevalet de levage produisit un unique grincement. Rien d’autre ne bougea. Mis à part mon cœur.
    L’homme pouvait se trouver n’importe où. Tandis que je fouillerais un endroit, rien ne l’empêcherait de se glisser dans un autre. Un autre malandrin pourrait surgir de n’importe où, avec l’intention de fracasser ma belle tête frisée. Dans cette éventualité, ou si je passais à travers le plancher pourri de l’une de ces réserves abandonnées, on ne m’y découvrirait pas avant des jours et des jours.
    Incapable de supporter plus longtemps la puanteur du cadavre, je décidai de passer par la maison pour changer mes vêtements. Ordinairement, il me fallait très peu de temps pour arriver chez moi, dans la douzième Région. Aujourd’hui, je devais me frayer un passage au travers de la foule en jouant des coudes, le brouhaha me semblant encore plus insupportable que d’habitude.
    Dans l’état actuel de mes finances, je ne pouvais louer qu’un sordide grenier, sis au-dessus de la blanchisserie de l’Aigle, Cour de la Fontaine – nullement une cour, d’ailleurs, et qui n’avait jamais possédé de fontaine. Pour atteindre cette adresse prestigieuse, je devais quitter la splendeur relative de la route d’Ostie et me faufiler le long d’une série de passages de plus en plus étroits, tortueux et menaçants à chaque pas. Ils cessaient tout bonnement d’exister une fois parvenu Cour de la Fontaine. Pour passer, je dus d’abord écarter un alignement de toges humides pendues devant la blanchisserie. J’attaquai ensuite courageusement la longue ascension des six volées de marches conduisant au nid à rats, de plain-pied avec le ciel, qui me servait à la fois de bureau et de logis.
    Selon une habitude solidement établie, je frappai énergiquement sur la porte pour faire fuir les représentants de la faune locale ayant profité de mon absence pour venir folâtrer dans les lieux. Une fois ce rituel accompli, je m’autorisai à entrer et manœuvrai le loquet rudimentaire condamnant ma porte.
    L’appartement se composait de deux pièces mesurant chacune moins de huit pieds carrés, et je devais payer un supplément pour le balcon branlant. Heureusement, mon propriétaire, Smaractus, me permettait de faire des économies : la lumière naturelle pénétrait par un trou dans le toit qu’il ne se décidait pas à faire réparer. (À l’occasion, je recueillais aussi gratuitement l’eau de pluie.) Des multimillionnaires logeaient beaucoup mieux leurs chevaux dans Rome, mais des milliers de pauvres hères vivaient nettement moins bien que moi.
    Ce genre de trou sordide est tolérable si l’on passe un minimum de temps chez soi. Au cours des cinq dernières années, toujours par monts et par vaux pour le compte d’un client, je n’y avais pas souvent mis les pieds. Il me coûtait pourtant cher, les loyers bon marché n’existant pas à Rome. Quelques-uns de mes voisins étaient du genre peu recommandable, mais un gentil gecko avait récemment élu domicile chez moi. Je pouvais recevoir quatre personnes à la fois… en laissant la porte du balcon ouverte. Et même cinq, si une fille acceptait de s’asseoir sur mes genoux.
    Pressé de me débarrasser de ma tunique souillée et puante, je traversai rapidement la première pièce. Il y avait là une table – devant laquelle je m’installais pour manger, travailler, ou réfléchir à toutes les choses sordides de la vie –, ainsi qu’un banc, trois tabourets, et un four que j’avais fabriqué moi-même. Dans la chambre, mon lit bancal occupait la majeure partie de l’espace, mais j’avais réussi à y introduire aussi une banquette, et un coffre de rangement sur lequel je disposais mes accessoires de toilette. Une perche servait à réparer les gouttières du toit, quand du moins j’en trouvais

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