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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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oublié de boucher. Je ne vis rien à redouter.
    Je trouvai une rame appuyée contre le plat-bord, une autre sous l’embarcation, et je parvins à faire glisser l’embarcation dans l’eau. Après un dernier regard en arrière à la recherche de Petro ou Larius, je grimpai à bord.
    Le crétin qui avait produit cet ouvrage de menuiserie ne devait pas être dans un bon jour. Cette coque de noix peu maniable dansait sur les vagues comme une mouche voltigeant autour d’une pêche pourrie. Il me fallut un moment avant de parvenir à diriger cet objet en folie, puis parvins à m’éloigner légèrement de la côte. La brise légère balayait mon visage, mais elle ne m’aidait pas beaucoup. Le soleil couchant me faisait cligner des yeux. Je n’en avais cure. La répulsion manifestée par Aufidius Crispus envers un simple entretien avait renforcé ma détermination à monter à bord de l’ Isis.
    Mes efforts m’avaient déjà amené à mi-chemin entre Oplontis et le navire. Vespasien serait fier de mon initiative courageuse. Je fus bientôt suffisamment près pour lire le nom du navire, peint sur la proue en lettres grecques anguleuses… Au moment d’arborer un sourire triomphant, une sensation nouvelle retint toute mon attention : mes pieds étaient mouillés.
    J’avais de l’eau jusqu’aux chevilles, ma barque était en train de sombrer. Après que la mer Tyrrhénienne eut découvert qu’elle pouvait se glisser à travers les planches desséchées, elle entra en force de tous côtés et ma nef coula à pic.
    Que faire, sinon fermer les yeux, me pincer le nez, et espérer qu’une nymphe bien intentionnée viendrait me sortir de là ?

37
    Ce fut Larius, et non une Néréide, qui me sortit de là. Mon neveu avait dû remarquer mon départ, et il s’était lancé à mon secours avant même de me voir couler. Avec un père batelier, il avait été bercé par le Tibre avant d’avoir été sevré. Il possédait un style de nage horrible, mais se déplaçait à une vitesse incroyable.
    Quand je repris conscience, avec le sentiment d’avoir été violemment aspiré, puis jeté contre un mur, j’appris comment Larius s’y était pris pour me sauver. Il m’avait héroïquement agrippé par le cou, manquant de peu de m’étrangler. À la suite du coup pris contre un plat-bord, j’avais aussi une oreille entaillée, et mes mollets étaient à vif, après qu’on m’eut traîné comme un sac sur les graviers de la plage. Petronius Longus avait pompé de tout son poids pour me ramener à la vie. Ensuite, je demeurai étendu sur place sans bouger, évaluant l’étendue des dégâts d’après mes douleurs.
    — Tu crois qu’il va s’en sortir ? entendis-je Larius demander.
    — Ça se pourrait, oui.
    Je poussai un grognement pour faire comprendre à Petronius que j’étais prêt à être l’objet de ses plaisanteries. Son poing, reconnaissable entre tous, me frappa l’épaule.
    — Mais il était dans l’armée ! Pourquoi il peut pas nager ?
    — Oh !… quand on nous a appris à nager, Marcus était consigné à la caserne pour faire des corvées.
    — Il avait fait quoi ?
    — Rien de sérieux. Un tribun s’était mis dans la tête que Marcus avait… fait du plat à sa fille.
    Il y eut un silence.
    — Et c’était vrai ? finit par demander Larius, tout rouge.
    — Bien sûr que non ! En ce temps-là, il était trop timide.
    Petronius mentait pour ne pas corrompre la jeunesse.
    Je m’éloignai d’eux en roulant sur moi-même. À travers mes paupières gonflées, je m’aperçus que l’ Isis avait disparu.
    Le soleil bas sur l’horizon me brûlait mes jambes et mes épaules meurtries. Je restais à plat ventre, réfléchissant à la mort par noyade, et à des tas d’autres choses aussi joyeuses.
    Plus loin, au bord de l’eau, les trois petites filles de Petro hurlaient de bonheur en se poursuivant dans cette mer inhumaine.
    — Dis-moi, mon garçon, demanda Petro à Larius. Comment se fait-il qu’à chaque fois que cet idiot se met dans la merde, c’est toi qui le sors de là ?
    J’entendis Larius se moucher. Quand il répondit enfin, le ton de sa voix indiquait assez le plaisir qu’il y prenait.
    — J’ai promis à sa mère que je veillerais sur lui, dit-il.

38
    Le jour suivant, mes amis jugèrent de leur devoir de m’apprendre à nager.
    Donner des leçons de natation à quelqu’un qui se raidit comme un morceau de fer en pensant qu’il va se remplir les poumons

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