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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’eau de mer, ce n’est certainement pas une bonne idée. Cependant, ils prenaient la chose tellement au sérieux que je tentai de coopérer.
    Il fallut convenir que mon cas était désespéré. Petronius ne pouvait m’aider à flotter en me tenant par le dos de ma tunique, comme pour ses filles. Larius se mit à fabriquer des espèces de bouées en gonflant des outres à vin. Il se tua à la tâche, sans résultat concluant.
    Personne ne rit, ni ne me fit le moindre reproche quand je décidai de sortir de l’eau pour aller m’isoler dans un coin de la plage. J’y restai seul longtemps, évacuant ma morosité en jetant des galets à un bernard-l’ermite. Je le manquais exprès, car je n’étais pas d’humeur à me montrer cruel sans raison. Il finit par trouver une coquille qui lui convenait et s’installa dans sa maison.

39
    Helena Justina arriva au moment du dîner. Ollia était restée avec les enfants, sauf Tadia qui s’était malencontreusement assise sur une méduse : encore toute secouée, elle n’avait pas voulu quitter sa maman. Il manquait aussi Larius, resté tenir compagnie à Ollia. Avant de partir, je les avais entendus entamer une conversation sur la poésie.
    Nous nous étions installés à une buvette en plein air où l’on servait aussi des fruits de mer. Sur injonction de Silvia, Petronius avait inspecté les cuisines. Il faut reconnaître qu’il avait le chic pour fourrer son nez dans des endroits que des hommes plus sensés évitaient, et d’être ensuite traité en ami par la direction.
    Helena était déjà sortie de sa chaise à porteurs quand je m’en approchai. Je l’entendis dire aux serviteurs d’aller boire un flacon de vin et de venir la reprendre plus tard. Ils me dévisagèrent d’un air soupçonneux, mais la petite Tadia à moitié endormie dans mes bras me donnait un air tout à fait inoffensif.
    — Service de livraison, altesse ?
    — Oui, je me sens de l’énergie à revendre. Si j’étais à la maison, j’en profiterais pour attaquer ces travaux que tout le monde repousse, par exemple nettoyer la réserve où on entrepose les poissons en saumure. (Elle était discrètement vêtue de gris, mais ses yeux brillaient merveilleusement.) Alors, je n’ai rien trouvé de mieux à faire que de m’occuper de toi.
    — Comme une tache oubliée sur le carrelage ? Je te remercie !
    Elle sourit, et je ne pus m’empêcher de murmurer :
    — Quand tu souris, tu as des yeux superbes !
    Elle referma les lèvres, mais elle avait toujours d’aussi jolis yeux.
    Je détournai les miens, laissant mon regard se perdre sur la mer, sur le Vésuve, n’importe où. Finalement, je ramenai mes yeux vers elle et ils rencontrèrent franchement les siens.
    — Bonsoir, Marcus, dit-elle prudemment, comme quelqu’un qui se méfie de la réaction d’un animal.
    — Bonsoir, Helena, répondis-je, avec une telle intonation dans la voix qu’elle en rougit.
    Quand je présentai la fille du sénateur à mes amis, je tentai de lui épargner la moindre gêne. Malheureusement, elle portait un seau, et ils n’étaient pas du genre à laisser passer une telle occasion de se moquer.
    — Tu as apporté ton auge personnelle, jeune dame ? demanda Petronius, tout imprégné du sens de l’humour si particulier de la garde aventine.
    Je lui lançai un regard éloquent. À son tour, il fixa sa femme en train d’inspecter Helena sous toutes les coutures. Fine mouche, Arria Silvia n’était pas vraiment persuadée que mon invitée n’était qu’une relation d’affaires. Après avoir écouté les explications sur la présence du seau, Silvia déclara à la cantonade :
    — J’aime beaucoup la mère de Falco !
    Elle manifestait ainsi que Petro et elle m’avaient connu avant Helena.
    — Beaucoup de gens l’aiment, glissai-je. Ça m’arrive aussi de temps à autre.
    Helena adressa un pâle sourire de commisération à Silvia et s’assit à notre table sans ajouter un mot. Dans les lieux publics, elle se montrait extrêmement réservée.
    Lors de son arrivée, nous étions en train de dévorer des fruits de mer. Sans lui demander son avis, je commandai pour elle une portion de langoustines. (J’étais loin d’avoir oublié le fichu voyage accompli à travers l’Europe en sa compagnie : nous n’avions guère eu d’autre occupation que d’échanger nos complaintes à propos de la nourriture.) Là-dessus, je lui offris ma serviette. La façon dont elle l’accepta, comme

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