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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Félix, tu
es une source d’ennuis pour les tiens.
    — Pourquoi ?
    — Ton ami exige que nous
t’aidions à rencontrer Alphonse III.
    — Si cette alliance se
concrétise, vous serez les premiers à en tirer bénéfice.
    — Il y a un seul problème. Dans
son message, ce maudit Omar Ibn Hafsun révèle à notre monarque bien-aimé que tu
es notre frère et que tu fus jadis son chapelain.
    — C’est la stricte vérité.
    — À ceci près que tu t’es enfui
de la cour. Cela ne prédispose pas favorablement le souverain à ton égard. Il
est en bon droit de nous soupçonner de lui avoir délibérément caché nos liens
de famille.
    — Je ne lui cacherai pas la
vérité. Je suis prêt à jurer sur la Bible que vous ignoriez que j’étais encore
vivant. C’est la stricte vérité.
    — Quant à l’évêque
d’aujourd’hui et à son chapelain, continua Félix, sois assuré qu’ils ne verront
pas d’un bon œil ton retour. Ils craindront que tu ne sois venu pour réclamer
leurs charges. Ils chercheront à nous nuire par tous les moyens.
    — Tu n’as qu’à les rassurer.
    — Ils ne sont pas aussi naïfs
et désintéressés que toi.
    — Fort bien. Je repartirai
demain pour Bobastro et j’expliquerai à Omar Ibn Hafsun que j’ai échoué.
    — Il n’en est pas question,
tonna Sisebut. La proposition de ton protecteur mérite que l’on s’y attarde. Il
se peut même que le roi y trouve avantage. C’est un sujet dont j’ai pu discuter
avec lui. Je ferai en sorte que tu sois reçu. Cela dit, s’il lui prend l’envie
de te punir pour lui avoir désobéi quand il a désiré faire de toi un évêque,
sache que nous ne dirons pas un seul mot en ta faveur.
    Informé de cette affaire,
Alphonse III reçut Gundisalvus. Il l’accueillit avec un large sourire et
déclara :
    — Voici l’ermite qui a choisi
de fuir les honneurs afin qu’on ne découvre pas sa véritable identité.
    — Je te supplie de pardonner
mes fautes. Je t’appréciais et je n’ai pas voulu t’offenser. En fait, les
événements qui m’ont amené ici me font comprendre que je t’ai rendu un meilleur
service en allant chez les Infidèles plutôt qu’en étant évêque de cette cité.
    — C’est possible. Néanmoins, si
tu le souhaites…
    — N’en fais rien. Garde ton
évêque.
    — Il est loin d’avoir tes
qualités.
    — À toi, majesté, de te montrer
plus exigeant envers lui.
    Le roi prit un air plus
sérieux :
    — Omar Ibn Hafsun est-il
sincère en me proposant son alliance ?
    Gundisalvus expliqua que le vieux
chef muwallad était si ce n’est aux abois, du moins en mauvaise posture. Ses
alliés, parmi ses coreligionnaires, hésitaient à le suivre et les Chrétiens de
ses domaines, dont il souligna qu’il les traitait fort correctement, ne lui
étaient d’aucun secours. Pour repousser l’émir Abdallah, Omar Ibn Hafsun avait
besoin du roi des Asturies. Il lui offrait donc de devenir son vassal et de lui
payer tribut. Le prêtre estimait que c’était une occasion à ne pas laisser
passer. Son interlocuteur hocha la tête et dit :
    — Tu oublies que l’émir m’a
comblé de présents. Sans être lié à lui par un traité, je répugne à le trahir.
    — Je te comprends. Néanmoins,
si Abdallah s’empare des domaines d’Omar Ibn Hafsun et se débarrasse de lui, il
n’aura plus besoin de toi. Il n’hésitera pas à t’attaquer car lui et ses
semblables rêvent de soumettre à leur religion tous les peuples de la terre.
    — Tu n’as pas tort. Il est de
mon intérêt de montrer à l’émir que lui aussi doit me craindre. Je suis tenté
d’accepter la proposition de ton ami. Mais je me méfie de lui et je ne crois
pas à ses beaux serments. Une seule chose pourrait m’amener à le prendre au
sérieux et à signer avec lui un traité en bonne et due forme.
    — Laquelle ?
    — Qu’il accepte de se faire
chrétien.
    — Jamais tu n’obtiendras cela
de lui !
    — Je n’en suis pas sûr. Si sa
situation est aussi grave que tu me la décris, il n’hésitera pas à accepter le
baptême. C’est en tous les cas le gage que j’exige de lui.
    Gundisalvus écouta, avec effarement,
Alphonse III lui parler des abominables pratiques des disciples du
Prophète. Il était atterré de découvrir le souverain aussi mal informé. Ainsi,
à l’entendre, dans les mosquées, les fidèles adoraient des statues en or de Mohammad
et s’accouplaient les uns avec les autres lors de

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